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Arendt: La crise de la modernité

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« Dans toute son œuvre, H.

Arendt s'interroge sur la vie sociale et politique, et plus précisément, sur ce qui, dans ce domaine, distingue la modernité de l'Antiquité.

Au XX'' siècle, le fait majeur est évidemment le développement du « totalitarisme » — communiste, puis national-socialiste.

Comment la modernité a-t-elle pu engendrer de tels monstres ? 1.

Les Anciens et les Modernes A.

Œuvre, action, travail Il y a trois grands types d'activités humaines : le travail d'abord, qui a pour fin la subsistance et trouve son accomplissement dans la consommation.

On est dans le domaine du périssable. L'œuvre, en revanche, est destinée à demeurer : il ne s'agit pas d'un bien de consommation, mais d'une création originale (arts et culture). L'action, enfin, est toute différente : c'est l'activité politique, autrement dit la délibération rationnelle et la décision portant sur le bien commun.

Cette dimension de la vie était particulièrement développée dans les démocraties antiques, où l'homme était conçu comme un animal politique. B.

Le monde moderne Le monde moderne se caractérise au contraire par la prééminence du travail, au détriment des deux autres dimensions de la vie.

L'homme se conçoit avant tout comme producteur et consommateur, dominant la terre entière par la technique pour satisfaire l'étendue infinie de ses besoins. La réflexion politique en commun s'efface devant la gestion administrative de la machine productive.

L'homme est rétréci, il se recroqueville.

Il perd l'idée de sa vocation naturelle à l'action politique.

Et si l'aboutissement de la modernité technique doit être la fin du travail, on peut imaginer quel sera le désarroi de l'humanité: « C'est une société de travailleurs que l'on va délivrer des chaînes du travail, et cette société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour les¬quelles il vaudrait la peine de gagner cette liberté.

» L'homme sera mûr pour Disneyland. 2.

Le totalitarisme A.

Les pathologies de la modernité politique La prédominance de l'individualisme dans les sociétés démocratiques entraîne plusieurs conséquences.

D'abord, une certaine atomisai ion les solidarités comumunautaires disparaissent.

On assiste à un tête-à-tête entre les citoyens nains et l'Etat géant. En conséquence, le corps social offre moins de résistance aux phénomènes de masse: le conditionnement collectif, par l'idéologie officielle ou la publicité, devient plus facile. Corrélativement, la volonté de rompre avec le passé entraîne une disparition de l'autorité*, au profit de rapports violents. Enfin, l'idéologie techniciste et productiviste favorise l'illusion selon laquelle « tout est possible » en matière politique : changer la vie, créer un homme nouveau, faire table rase du passé. B.

Le système Ces diverses pathologies favorisèrent l'avènement du totalitarisme.

Ce système d'oppression inédit a pour projet de créer une humanité nouvelle.

Pour cela il s'assure un contrôle absolu: ses moyens sont la terreur policière, le monopole complet de l'idéologie (l'État décrète le vrai et le faux), la suppression totale des libertés individuelles, l'intrusion de l'État dans la vie privée, la destruction des dernières structures de protection de l'individu (comme la famille, où l'on encourage les enfants à dénoncer les parents). Enfin, au nom du bonheur futur, et pour faire advenir la nouvelle humanité (Homo communistus ou «surhomme aryen»), on pratique le meurtre de masse (famines provoquées, goulag, camps de concentration).. »

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