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Hier, aujourd’hui, les Lumières : entre tradition et modernité

Publié le 19/03/2022

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derot… Pages de livres d’histoire et des cours qui vont avec, cours de collège et de lycée, mai pourquoi revenir eux Lumières ? Quels usages de cette référence ? D’abord, elles expriment un mouvement qui associe tradition et modernité avec tous les conflits qui vont avec. Elles prolongent une vielle image efficiente en philosophie : la métaphore de la lumière écliarant les espeits. Elles investissent plusieurs domaines : histoire, littérature, philosophie, sciences… Mais que reste-t-il des Lumières aujourd’hui ? Peuvent-elles nous éclairer sur les complexités de notre époque ? Rendent-elles possible, et dans quelle mesure, une attitude de modernité ? Points principaux : 1. Des « Modernes » aux Lumières 2. La périodisation des Lumières : un enjeu philosophique et historique 3. Les sources philosophiques des Lumières 4. Les Lumières en débat : hier et aujourd’hui 5. Lumières et anti-Lumières : qui veut éteindre les Lumières ? 6. Deux appréhensions des Lumières à deux époques différentes : Kant et Foucault 7. Autres regards sur les Lumières ? Autres Lumières ? L’exemple de la Chine 8. Qu’est-ce qu’être moderne ? + Éléments de résumé Gravure de Jean-Michel Moreau (1741-1814), illustrant le Candide de Voltaire ; Candide et Cacambo rencontrant un esclave au Surinam (chapitre XIV) ECG-ECT – 2021-2022 – Les Lumières : entre tradition et modernité 3 1. Des « Modernes » aux Lumières : Quand Dieu parle dans les Saintes Écritures ou par la bouche de son Église, il faut baisser la tête et se soumettre. Quand le Prince donne ses lois, il faut obéir et révérer l’autorité dont elles partent comme une portion de celle de Dieu même. Partout ailleurs la Raison peut agir en souveraine et user de ses droits. Quoi donc ! il nous sera défendu de porter notre jugement sur les ouvrages d’Homère et de Virgile, de Démosthène et de Cicéron et d’en juger comme il nous plaira parce que d’autres avant nous en ont jugé à leur fantaisie ? […] Je suis persuadé que la liberté louable qu’on se donne aujourd’hui de raisonner sur tout ce qui est du ressort de la Raison est une des choses dont il y a le plus de sujet de féliciter notre siècle. C. Perrault, Parallèle des Anciens et des Modernes, I, p. 92-94). Tout est dit, et l’on vient trop tard depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent. Sur ce qui concerne les mœurs, le plus beau et le meilleur est enlevé ; l’on ne fait que glaner après les anciens et les habiles d’entre les modernes. La Bruyère, Les caractères, 1696, I, 1. Des ouvrages de l’esprit Une célèbre querelle anime la fin du XVIIe siècle : au modèle antique, défendu par les « Anciens », s’opposent des formes nouvelles pratiquées par les « Modernes ». Au XVIIIe siècle, le combat penche nettement du côté des Modernes : le Louvre plus beau que le Colisée, Pascal plus profond que Platon, Boileau supérieur à Horace… On peut voir dans cette querelle une articulation spectaculaire du siècle de Louis XIV sur celui de Louis XV et la traiter comme un “événement”, ou n’en faire qu'un épisode de l'éternelle rivalité des générations, mais ce serait en limiter l'enjeu. La rivalité entre Versailles et Paris, la cour et la ville, s’affirme. Les écrivains survivants de la période classique – Boileau, Racine, La Fontaine, Bossuet ou La Bruyère – font partie de l'establishment et sont fidèles aux doctrines officielles de l’Académie française. Si Charles Perrault, déjà âgé à la fin du XVIIe siècle, se retrouve en position de conquérant moderne, c’est aussi parce qu’il fait l’objet d’une disgrâce. À travers cette querelle des Anciens et des Modernes, il s’agit d’affirmer la supériorité expressive de la langue française sur le grec et le latin, autant que du « penser par soi-même » (sans référence nécessaire aux Anciens) en étant à l’écoute d’une époque en pleine mutation. C’est l’émergence d'une modernité culturelle, où l'idéologie des Lumières – le goût de la découverte, de l’invention et de la liberté – remplace peu à peu ceux de l'Humanisme et de la Contre-Réforme qui ont modelé le XVIIe siècle. Sur près d’un siècle, entre 1650 et 1750, plusieurs thèmes seront visités et donneront lieu à des escarmouches, à de violentes diatribes, puis à des combats d’arrière-garde. En réalité, la victoire des Modernes semble acquise dès 1715. Un premier conflit naît autour du merveilleux chrétien : tragédies sacrées et épopées chrétiennes se multiplient et se donnent comme supérieures, parce que fondées sur la vraie foi, aux œuvres inspirées de la mythologie païenne. Corneille en ouvre la voie avec Polyeucte, dès 1641. Mais Boileau s’insurge contre ce courant dans son Art poétique, en 1674. Le deuxième point est celui de l’expression en langue française : en 1676, il est proposé de remplacer les formules latines qui ornent les monuments publics par des inscriptions en langue française. Les résistances sont nombreuses et vives. L'helléniste Charpentier tranche en faveur de l’évolution en affirmant L'Excellence de la langue française (1683). Un débat plus profond commence alors avec Charles Perrault, en 1687, par la lecture à l’Académie de son poème Le Siècle de Louis le Grand. Il y soutient en effet la thèse d'une supériorité esthétique des écrivains du temps sur les auteurs antiques, flattant le roi pour la grandeur de son époque, ainsi que le public dans son ensemble, qui voit se rapprocher de lui les critères d'un goût confisqué par les « doctes », méprisant les formes artistiques liées au plaisir : le conte, la poésie sentimentale, l'opéra, le roman. Du côté de Perrault se rangent Fontenelle (Digression sur les Anciens et les Modernes, 1687) et, dans leur grande majorité, les femmes, contre lesquelles Boileau écrit sa Satire X (1694). Un autre élément se cristallise autour de la « querelle » : la traduction d’Homère. Que le poète ait ou non existé, les traductions rivales qu'en donnent Mme Dacier (scrupuleuse, savante, ennuyeuse, en prose) et La Motte (abrégée, simplifiée, aplatie, en vers) ne sont ni l'une ni l'autre satisfaisantes. Personne ne voit comment elles pourraient servir de modèle aux poètes à venir. Et c'est la question même du modèle qui est posée. Montesquieu et Marivaux tirent la leçon de cette querelle « homérique », par la moquerie satirique – lettre CXXXVII des Lettres persanes (1721) – ou la parodie burlesque – L'Iliade travestie (1717). Fénelon tente de réconcilier les parties dans sa Lettre à l'Académie (1714), où il admire la simplicité des Anciens, la voit à l'œuvre dans l'imitation de la « belle nature », tout en ménageant les Modernes par le choix de la prose poétique. L'auteur du Télémaque (1699) célèbre aussi un amour des hommes vivants et un désir de les voir habiter un monde plus heureux et plus juste, non en souhaitant la reconstitution d’un lointain âge d'or, mais plutôt par une projection de la Cité à construire. Sur la forme, l’artifice du discours poétique donne encore lieu à polémique, mais des esprits éclairés, Fontenelle et surtout Voltaire, le défendent avec force. Vers 1750, l’ensemble des problématiques de la querelle n’est pas encore dépassé, mais le débat a nourri l’émergence du mot et de l’idée de « littérature », avec un statut d’écrivain rendu plus digne par le lien de ses œuvres avec l’opinion publique. L’esprit de création s’est opposé à la seule autorité sur les plans religieux, politique et sociologique et a fait bouger le siècle, par les « belles lettres ». Cet affrontement a su se donner une expression « mondaine », à travers les cercles jansénistes et les salons littéraires ou philosophiques, autant de cases d’écho que Voltaire exalte dans son poème Le Mondain (1736)1 1 http://gallica.bnf.fr/essentiels/repere/querelle-anciens-modernes ECG-ECT – 2021-2022 – Les Lumières : entre tradition et modernité 4 ® De la Bibliothèque d’Alexandrie à l’Université de tous les savoirs : l’encyclopédisme et la diffusion des lumières « Un manifeste célébrant les progrès de l’esprit humain » : c’est en ces termes que Diderot évoque le projet encyclopédique qui va connaître une aventure de trente années Frontispice de l’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert : « Sous un Temple d'Architecture Ionique, Sanctuaire de la Vérité, on voit la Vérité enveloppée d'un voile, et rayonnante d'une lumière qui écarte les nuages et les disperse. A droite de la Vérité, la Raison et la Philosophie s'occupent l'une à lever, l'autre à arracher le voile de la Vérité. A ses pieds, la Théologie agenouillée reçoit sa lumière d'en haut. En suivant la chaîne des figures, on trouve du même côté la Mémoire, l'Histoire Ancienne et Moderne ; l'Histoire écrit les fastes, et le Temps lui sert d'appui. Au-dessous sont groupées la Géométrie, l'Astronomie et la Physique. Les figures au-dessous de ce groupe, montrent l'Optique, la Botanique, la Chimie et l'Agriculture. En bas sont plusieurs Arts et Professions qui émanent des Sciences. A gauche de la Vérité, on voit l'Imagination, qui se dispose à embellir et couronner la Vérité. Au-dessous de l'Imagination, le Dessinateur a placé les différents genres de Poésie, Épique, Dramatique, Satyrique, Pastorale. Ensuite viennent les autres Arts d'Imitation, la Musique, la Peinture, la Sculpture et l'Architecture. ECG-ECT – 2021-2022 – Les Lumières : entre tradition et modernité 5 1. La périodisation des Lumières : un enjeu philosophique et historique Quelques questions en préambule : - Les Lumières : une période de l’histoire qu’on retrouverait toujours à la même page, avec à peu près toujours les mêmes noms connus, et qui constituerait donc quelque chose qu’il faut apprendre (comme on dit : il y a eu l’Antiquité, ou la Renaissance et les Lumières…) ? - Un mouvement culturel ? Politique ? Philosophique ? Artistique ? Scientifique ? - Un mouvement français ? Européen ? Et les Lumières sont-elles les mêmes en France ? En Allemagne ? En Angleterre ? Et que faire de l’Europe du nord (Suède) ? De la Russie ? De l’Italie ? - Quelles idées pourrait-on appliquer, ou convoquer aujourd’hui, face aux questions de notre temps ? - S’il y a, s’il y a eu des Lumières, cela implique-t-il qu’il y eut l’opposé (comme, à l’instar de ce qu’Hegel énonce par exemple (lumières et obscurité, vrai et faux sont comme les deux faces d’une même pièce ; Phénoménologie de l’esprit) ? Et cet opposé : doit-on l’appeler "obscurantisme", "anti Lumières" ? - Les Lumières : une période de l’histoire qu’on retrouverait toujours à la même page, avec à peu près toujours les mêmes noms connus, et qui constituerait donc quelque chose qu’il faut apprendre (comme on dit : il y a eu l’Antiquité, ou la Renaissance et les Lumières…) ? - Un mouvement culturel ? Politique ? Philosophique ? Artistique ? Scientifique ? - Un mouvement français ? Européen ? Et les Lumières sont-elles les mêmes en France ? En Allemagne ? En Angleterre ? Et que faire de l’Europe du nord (Suède) ? De la Russie ? De l’Italie ? - Quelles idées pourrait-on appliquer, ou convoquer aujourd’hui, face aux questions de notre temps ? - S’il y a, s’il y a eu des Lumières, cela implique-t-il qu’il y eut l’opposé (comme, à l’instar de ce qu’Hegel énonce par exemple (lumières et obscurité, vrai et faux sont comme les deux faces d’une même pièce ; Phénoménologie de l’esprit) ? Et cet opposé : doit-on l’appeler "obscurantisme", "anti Lumières" ? - Et quelles Lumières aujourd’hui ? Demain ? Peut-on penser des Lumières écologiques ? Féministes ? - Opposé : préjugé, obscurantisme, fanatisme - ­ - - Contenu : philosophie, théologie, sciences, arts, techniques ¬ Lumières2 ® Outils : raison, entendement, lumière naturelle - ¯ - En lien : rationalisme, critique, scepticisme, - - à - - Mais aussi en tant qu’effets : - ® Modification du rapport espace public/espace privé – opinion publique – montée en puissance de l’art de la conjecture – émergence d’une critique – esthétique - ¯ - Quel « événement » fait les Lumières ? De quels types d’événements relèvent les « Lumières » ? 2 « Qu’est-ce que les Lumières ? Cette question, qui est presque aussi importante que la question : “Qu’est-ce que la vérité ?”, devrait tout de même recevoir une réponse, avant qu’on se mît à éclairer les gens ! Or cette réponse, je ne l’ai rencontrée nulle part !1 », Kant, Œuvres philosophiques, éd. F. Alquié, Gallimard, Pléiade, 1985, t. II, p. 1440. ECG-ECT – 2021-2022 – Les Lumières : entre tradition et modernité 6 - Peut-on se contenter de la délimitation suivante : « Le siècle des Lumières débuta en principe au lendemain de la mort de Louis XIV, en 1715, et prit fin à l’avènement de la Révolution française en 1789. Cette période se caractérise, d'une part, par un fort mouvement de remise en question ainsi que par l'établissement d'une plus grande tolérance et, d'autre part, par l'affaiblissement de la monarchie, suivi de la fin de la suprématie française en Europe et du début de la prépondérance anglaise. Des personnalités comme Voltaire, J.-J. Rousseau, B. Franklin ont certainement marqué leur époque de même que Frédéric II de Prusse, Lavoisier, Diderot et Goethe » ? – retenons le « en principe » ; de quel « principe » s’agit-il ? - Exemple d’un choix de périodisation (Lojkine, Qu’est-ce que les Lumières ?) D’abord, une chronologie : 1715, mort de Louis XIV, Régence du duc d’Orléans. L’évènement marquant de la Régence est la crise financière initiée par le système de Law (1715-1720) 1. 1716, John Law créé la Banque générale, qui est autorisée par le Régent à émettre du papier monnaie, gagé sur l’or. Forte de son succès, la banque émet plus d’argent en billets qu’elle ne possède de réserves en or. 2.1717, John Law se lance dans le commerce colonial et créé la Compagnie d’Occident, pour exploiter notamment la Louisiane. Sa Compagnie absorbe diverses compagnies existantes, pour devenir en 1719 la Compagnie perpétuelle des Indes, qui rachète les rentes versées par le royaume : elles seront désormais payées en billets. 3. 1720, fusion de la Banque générale, devenue Banque royale et de la Compagnie des Indes. Les ennemis de Law spéculent à la hausse, puis vendent brutalement leurs actions : c’est la banqueroute. Law s’enfuit à Venise. 1723, début du règne de Louis XV, sous le ministère du cardinal de Fleury jusqu’en 1743. 1745 Louis XV rencontre Jeanne Poisson, future Mme de Pompadour 1757, attentat de Damiens Le règne de Louis XV est marqué par trois guerres européennes, centrées sur la Pologne dans les années 30, sur l’Autriche dans les années 40 et sur le Canada dans les années 50 : 1. 1733-1738. Guerre de succession de Pologne. La France ne réussit pas à imposer son prétendant, Stanislas, qui deviendra duc de Lorraine. C’est le candidat des Prussiens, Auguste III, qui monte sur le trône. 2.1740-1748. Guerre de succession d’Autriche. Elle démarre avec l’invasion de la Silésie par la Prusse. La France soutient la Prusse, mais est trahie par une paix séparée. Elle se trouve alors diplomatiquement isolée. 3. 1756-1763. Guerre de Sept Ans. Son enjeu est à la fois européen (conflit entre l’Autriche et la Prusse pour le contrôle de la Silésie) et colonial (conflit entre la France et l’Angleterre dans les colonies d’Amérique du nord et d’Inde). L’Autriche et la France sortent grands perdants de cette guerre : c’est notamment la fin du Canada français. 1774, mort de Louis XV, Louis XVI lui succède 1792, proclamation de la 1ère république, qui va durer jusqu’en 1804. La 1ère phase de la 1ère république est désignée comme « La Convention ». 1793 Louis XVI est guillotiné 1795-1799 Directoire (2e phase de la 1ère république), jusqu’au coup d’état du 18 Brumaire (9 novembre 1799) 1799-1804 Consulat (3e phase de la 1ère république), jusqu’au couronnement de Napoléon Ier Ensuite, un découpage en « deux dix-huitième siècles » : « Dans les années 1980, les éditions Arthaud font paraitre en dix volumes une Littérature française qui propose, pour le dix-huitième siècle, une nouvelle périodisation tendant à la couper en deux. De 1680 à 1750, « De Fénelon à Voltaire », se déploierait une première période centrée sur la littérature morale: depuis les moralistes et les mémorialistes du siècle de Louis XIV (les Caractères de La Bruyère, publiés de 1688 à 1696 ; Les Aventures de Télémaque de Fénelon, de 1694 ECG-ECT – 2021-2022 – Les Lumières : entre tradition et modernité 7 à 1696 ; les Mémoires de Saint- Simon, commencées en 1694, rédigées pour l’essentiel de 1739 à 1749) jusqu’aux romanciers et dramaturges de la sincérité et de l’examen de soi (le Cleveland de Prévost est publié de 1731 à 1739, La Vie de Marianne de Marivaux, de 1731 à 1742) et même aux premiers philosophes modérés (les Lettres persanes de Montesquieu paraissent en 1721, les Lettres philosophiques de Voltaire datent de 1734, son Zadig, de 1747), se dessinerait un siècle intermédiaire heureux et raisonnable, qu’il conviendrait d’opposer à une seconde période, plus tumultueuse, allant de 1750 à 1820, c’est-à-dire des débuts de l’Encyclopédie (le Prospectus est mis en circulation en novembre 1750, le 1er volume sort en 1751, puis un volume par an jusqu’en 1757, le tome VII contenant l’article GENEVE) au combat voltairien contre l’infame dans les années 60 (affaire Calas, Traité sur la tolérance, Dictionnaire philosophique) et parallèlement à la publication des principales œuvres de Rousseau (Julie ou la Nouvelle Héloïse, 1761 ; Émile ou de l’Éducation, 1762), aux dialogues philosophiques les plus audacieux de Diderot au début des années 70 (Rêve de D’Alembert en 1769, Paradoxe sur le comédien en 1770), puis à Restif de la Bretonne (Le Paysan perverti, 1775), à Laclos (Les Liaisons dangereuses, 1782) et à Beaumarchais (Le Mariage de Figaro, 1778, représenté en 1784), enfin à Sade pendant la période révolutionnaire (la première Justine paraît en 1791, La Nouvelle Justine en 1799). Mais Sade ne clot plus la période : le courant pré-romantique lui est adjoint, avec Mme de Stael (Corinne ou l’Italie, 1807) et Benjamin Constant (Adolphe, 1816). ® Notons que Lojkine – ce en quoi je le rejoins – place comme un point central philosophique et politique des Lumières la date de 1748, L’esprit des lois de Montesquieu (n’oublions pas que c’est aussi, de l’autre côté de la Manche, celle de l’Enquête sur l’entendement humain de Hum 2. Les sources philosophiques des Lumières : Descartes (1596-1650) Spinoza (1632-1677) Fontenelle (1657-1757) Le rationalisme – l’émergence d’une philosophie du sujet –une exploitation philosophique des progrès des sciences (Galilée, Harvey…) ; il faut rajouter tout ce qui concerne la catoptrique (dioptrique, optique), dont Descartes est l’auteur lui-même. ® Influence paradoxale de Descartes tout au long des Lumières : hommages à la méthode, critiques sur les postulats de sa philosophie et de nombre de ses résultats dans les sciences… Le rationalisme – une lecture immanente du monde (production des phénomènes) ® Influence déterminante et paradoxale du spinozisme – thèse de J. Israël qui affirme (Les Lumières radicales) que la pensée de Spinoza a provoqué une onde de choc européenne et que toute la philosophie ultérieure a dû se confronter à cette pensée qualifiée de « radicale ». Ainsi, il distingue quatre courants à l’origine des Lumières : un courant newtonien, un courant néo-cartésien, un courant leibnizien et un courant spinoziste ou radical, mais c’est ce dernier qui aurait joué un rôle moteur dans la dynamique qui a présidé au renouveau intellectuel de la période, les autres courants réagissant au spinozisme Le rationalisme encore une fois – travail de démystification (notamment concernant l’imposture des fables) – décrire les hommes tels qu’ils sont – caractère hétérogène, pluralisterelativiste (cf. De la pluralité des mondes), mais mettant en valeur l’usage d’une approche critique systématique de ses objets d’investigation et d’interrogation (Fontenelle fut secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences) – Fontenelle est unanimement reconnu – métaphore du flambeau3, instrument qui jette des éclairages sur l’environnement, mais qui ne projette pas de lumière stable et délimitée… 3 « Les autres hommes sont emportés par leurs passions, sans que les actions qu'ils font soient précédées de la réflexion : ce sont des hommes qui marchent dans les ténèbres; au lieu que le philosophe, dans ses passions mêmes, n'agit qu'après la réflexion; il marche la nuit, mais il est précédé d'un flambeau », Dumarsais, article PHILOSOPHIE, Encyclopédie

« Hier, aujourd’hui, les Lumières : entre tradition et modernité Hubert Robert, ci-dessus, Vue imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruines, et en haut, Projet d'aménagement de la Grande Galerie du Louvre en 1796. »

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