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Explication linéaire de Prologue de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce.

Publié le 26/05/2024

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« Explication linéaire de Prologue de Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce. INTRODUCTION Présentation de l’auteur Jean-Luc Lagarce est un grand nom du théâtre français.

Dramaturge, acteur, metteur en scène, il touche à tout pendant sa vie et laisse derrière lui une trace durable puisqu’il demeure aujourd’hui l’un des 5 auteurs contemporains les plus joués.

Né en 1957 dans une famille d’ouvriers, il se passionne rapidement pour le théâtre et commence en 1975 des études au conservatoire d’Arts Dramatiques qu’il mène en parallèle à un cursus de philosophie.

Le monde du théâtre le passionne tant qu’il crée, en 1977, le théâtre de la roulotte avec plusieurs de ses camarades.

Après sa maîtrise de philosophie, il se consacre pleinement au théâtre, d’abord en mettant en scène les pièces du répertoire classique puis en essayant les siennes.

Si ses mises en scènes plaisent beaucoup, on ne peut pas en dire autant de ses créations originales.

Hélas, en 1988, on lui diagnostique le SIDA.

Incurable à l’époque, la maladie lui fait prendre conscience qu’il est condamné à courte échéance.

Il intègre donc dans son théâtre le thème de la disparition, thème qui est d’ailleurs au centre de la pièce Juste la fin du monde.

Jean-Luc Lagarce meurt en 1995, connu seulement comme un bon metteur en scène du répertoire classique.

Ses oeuvres personnelles seront redécouvertes quelques années après sa mort. Présentation de l’oeuvre Juste la fin du monde est la pièce la plus connue de Jean-Luc Lagarce.

Publiée en 1990, elle a été adaptée au cinéma en 2016 par le réalisateur Xavier Dolan.

Dans cette pièce, le dramaturge met en scène le retour du personnage de Louis dans sa famille pour tenter de leur annoncer l’imminence de sa mort.

Largement inspirée de sa condition personnelle (la pièce est écrite quand Lagarce est lui-même malade du SIDA), l’intrigue s’appuie sur l’impossibilité de la communication entre les personnages ; finalement Louis repart sans avoir annoncé sa mort à sa famille. Présentation du poème Le prologue qui ouvre la pièce s’inspire des prologues des tragédies grecques qui annonçaient de manière prophétique le sort qui attendait les personnages.

Ici Louis annonce lui-même sa propre mort et sa décision de rendre visite à sa famille.

Le texte est constitué d’une seule phrase mimant la difficulté qu’a le personnage à trouver le mot juste pour exprimer ses sentiments. Problématiques En quoi ce prologue est-il original ? Comment ce prologue original synthétise les principaux thèmes de la pièce ? Plan (Les différents mouvements) Pour mener cette analyse linéaire du prologue de Juste la fin du monde, nous suivrons les mouvements du texte.

D’abord L’annonce de la mort prochaine du début à “vous détruirait aussitôt” puis la la volonté du retour de “l’année d’après” à la fin du prologue. Texte du prologue de juste la fin du monde pour l’analyse linéaire LOUIS. – Plus tard‚ l’année d’après – j’allais mourir à mon tour – j’ai près de trente-quatre ans maintenant et c’est à cet âge que je mourrai‚ l’année d’après‚ de nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire‚ à tricher‚ à ne plus savoir‚ de nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini‚ l’année d’après‚ comme on ose bouger parfois‚ à peine‚ devant un danger extrême‚ imperceptiblement‚ sans vouloir faire de bruit ou commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt‚ l’année d’après‚ malgré tout‚ la peur‚ prenant ce risque et sans espoir jamais de survivre‚ malgré tout‚ l’année d’après‚ je décidai de retourner les voir‚ revenir sur mes pas‚ aller sur mes traces et faire le voyage‚ pour annoncer‚ lentement‚ avec soin‚ avec soin et précision – ce que je crois – lentement‚ calmement‚ d’une manière posée – et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux‚ tout précisément‚ n’ai-je pas toujours été un homme posé ?‚ pour annoncer‚ dire‚ seulement dire‚ ma mort prochaine et irrémédiable‚ l’annoncer moi-même‚ en être l’unique messager‚ et paraître – peut-être ce que j’ai toujours voulu‚ voulu et décidé‚ en toutes circonstances et depuis le plus loin que j’ose me souvenir – et paraître pouvoir là encore décider‚ me donner et donner aux autres‚ et à eux‚ tout précisément‚ toi‚ vous‚ elle‚ ceux-là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis)‚ me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être‚ jusqu’à cette extrémité‚ mon propre maître. DÉVELOPPEMENT I.

L’annonce de la mort prochaine La pression de la mort Les premiers mots du texte sont une prolepse, une remise à “plus tard”.

Étonnant début pour le personnage qui semble bien conscient de sa fin, mais cherche peutêtre à la repousser. On comprend, à la deuxième ligne, grâce à une précision entre tirets que ce qui poursuit le personnage de Louis, c’est sa mort : “j’allais mourir à mon tour”. On note la présence d’un lexique du futur avec les mots “plus tard” ; “l’année d’après” et le verbe conjugué au conditionnel présent (valeur de futur dans le passé) “j’allais mourir”. Cette saturation du futur confère aux premiers mots une charge tragique : le personnage est bien conscient qu’il n’échappera pas à son destin. Les deux lignes suivantes surprennent car Louis repasse au présent “j’ai” ; “maintenant” (complément circonstanciel de temps) pour être immédiatement rattrapé par l’idée de sa mort, toujours au futur : “c’est à cet âge que je mourrai.” On voit donc que le personnage est hanté par l’idée de sa mort, à priori inéluctable. La pression du destin se traduit par l’anaphore “l’année d’après” qui rappelle sans cesse la date fatidique. Notons également que Louis affirme avoir “près de 34 ans”.

Il a donc encore l’âge du Christ (mort à 33 ans) mais risque de mourir à 34 ans, et n’aura pas le droit à la résurrection.

Louis semble donc s’apparenter à une figure de presque martyr. Il faut bien sûr ajouter que le prologue fait référence au choeur dans les tragédies grecques qui chantait l’annonce du sort des personnages en début de pièce.

Ici, Louis se charge d’annoncer son propre sort, ce qui lui confère une étrange posture par rapport à lui-même. La paralysie du personnage Louis affirme avoir été paralysé par l’idée de sa propre mort.

On trouve le champ lexical de l’inaction : “j’attendais” (X2) ; “ne rien faire” ; “bouger parfois, à peine” ; “imperceptiblement”.

Louis semble ici être déjà mort.

Contrairement aux personnages dans la tragédie, il ne se débat pas contre son destin. Pourtant cette immobilité ne s’apparente pas à une acceptation, mais plutôt à de la crainte.

Crainte du temps, de la maladie : “commettre un geste trop violent qui réveillerait l’ennemi et vous détruirait aussitôt”. On comprend ici que c’est la peur qui emprisonne le personnage.

La peur face à un temps personnifié comme un ennemi métaphorique, toujours prêt à frapper. Louis n’a donc pas complètement renoncé à la vie.

Il compare encore sa mort à un “danger extrême”, ce qui signifie qu’il cherche peut-être à lui échapper, ou tout du moins à gagner du temps.

Mais rien dans cette première partie n’explique ce qu’il souhaite faire avec le temps volé.... »

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