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Explication linéaire • Colette, Les Vrilles de la vigne, « Le Dernier Feu » (1908)

Publié le 27/06/2023

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« Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle Explication linéaire • Colette, Les Vrilles de la vigne, « Le Dernier Feu » (1908) Introduction Colette a 35 ans lorsqu’elle écrit ce récit, « Le Dernier Feu », qu’elle publie ensuite dans le recueil Les Vrilles de la vigne.

Elle commence sans doute à se sentir vieillir et elle vient de connaître une séparation douloureuse.

Après avoir été abandonnée par son mari, elle a une relation amoureuse avec une femme à qui ce texte est dédié.

L’écriture et la plongée dans le passé apportent à Colette un apaisement salvateur.

Cet extrait dévoile en effet une triple célébration : celle de la femme aimée, celle de l’enfance et celle du printemps naissant.

Tout commence avec une banale conversation entre les deux amantes à propos de la couleur des violettes. [Lecture du texte à voix haute] [Projet de lecture] Comment Colette parvient-elle à partager avec le lecteur la beauté d’un moment précieux ? Premier mouvement (l.

1 à 9) : un dialogue amoureux Comment le lien amoureux et la tendresse sont-ils perceptibles dans ce premier mouvement du texte ? Ce passage relate un moment tendre entre Colette et son amante Missy.

Elles contemplent les premières violettes du printemps qui viennent d’apparaître durant la nuit.

Cette éclosion est présentée de manière méliorative grâce au complément circonstanciel de manière « par magie » (l.

1).

La complicité qui unit les deux femmes est perceptible dans la question posée par Colette à Missy qui suppose une expérience partagée (« les reconnais-tu ? » l.

1-2) et dans la similitude des attitudes : « Tu te penches, et comme moi tu t’étonnes » (l.

2).

Le tutoiement exhibe également l’intimité de la relation, encore perceptible dans l’interrogation de Missy : « ne sont-elles, pas ce printemps-ci, plus bleues ? » (l.

2-3), sous-entendant que les deux femmes étaient ensemble lors du dernier printemps.

Toutefois, dans cette tendre querelle amoureuse autour de la couleur des violettes, il est parfois difficile d’identifier qui pose les questions, car le dialogue est rapporté de manière assez libre et elliptique sans mention du nom des locutrices.

Néanmoins, on comprend que Colette défend la thèse selon laquelle les violettes étaient « moins obscures, d’un mauve azuré » (l.

3-4) l’année précédente.

Elle relance Missy dans une dernière interrogation totale « ne te souviens-tu pas ? » (l.

4).

Colette rapporte la suite du dialogue sous forme de sommaire en juxtaposant deux verbes caractérisant l’attitude de Missy (« Tu protestes, tu hoches la tête » l.

4) et en abrégeant la conversation en ne reprenant que des bribes suivies de points de suspension « Plus mauves… non, plus bleues… » (l.

5-6) .

Elle met un terme à ce badinage amoureux, qualifié tendrement « de taquinerie » à l’aide d’un impératif à la ligne 6 : « Cesse cette taquinerie ! ». L’échange sur la couleur des violettes permet également d’insérer un éloge de la femme aimée, dont Colette évoque « le rire grave » (l.

4-5) mais surtout le regard : « le vert de l’herbe neuve décolore l’eau mordorée de ton regard » (l.

5).

Dans une fusion lyrique, les éléments de la nature et ceux du corps se mêlent pour célébrer à la fois la beauté des couleurs d’un printemps naissant et celle des yeux de la femme aimée dans une tradition digne d’un blason.

Colette finit par dépasser ce différend sur la couleur des violettes en sollicitant un © Hatier, Paris 2022 1 Le roman et le récit du Moyen Âge au XXIe siècle autre sens, l’odorat : « narines » (l.

6), « parfum » (l.

6), « respirant » (l.

7).

En effet, si les couleurs des violettes sont changeantes d’une année sur l’autre, le parfum lui reste le même, « invariable » (l.

7).

Cette antithèse permet de mettre en œuvre le processus de la mémoire affective.

En effet, ce parfum identique, qui ne change pas, ramène Colette à l’année précédente, et même encore plus loin.

Elle retrouve son enfance en respirant le parfum des violettes.

Le bonheur éprouvé est perceptible dans la métaphore qui transforme les violettes en « philtre qui abolit les années » (l.

7-8) et l’on comprend mieux l’emploi du nom « magie » à la première ligne du texte.

L’impératif du verbe « regarde », en anaphore aux lignes 7 et 8, est une invitation à partager ce voyage dans le passé.

Cette réminiscence est si vive qu’elle emploie deux verbes hyperboliques, « ressusciter et grandir » (l.

8), pour la qualifier et une tournure exclamative pour évoquer au pluriel tous les printemps de l’enfance.

Les points de suspension confirment cette invitation à contempler les printemps de l’enfance qui s’adresse aussi au lecteur. Deuxième mouvement (l.

10 à 18) : le tableau de l’enfance retrouvée Comment la narratrice nous fait-elle découvrir son enfance ? Dans ce deuxième mouvement, le dialogue cesse pour laisser place à une introspection solitaire.

C’est comme si l’évocation des couleurs des violettes avait fait renaître tous les printemps de l’enfance.

C’est ce que semble suggérer la reprise des bribes de la conversation précédente (« Plus mauves…non, plus bleues… » l.

10).

À partir de là, on a la reprise en anaphore du verbe « je revois » aux lignes 10 et 14.

Le préfixe itératif « re » souligne qu’il s’agit d’un retour en arrière.

La narratrice, dans une belle hypotypose, décrit les paysages de son enfance.

Le champ lexical de la nature printanière se déploie dans une ample phrase au rythme accumulatif : l’énumération commence par évoquer les grands ensembles que sont les prés et les bois en s’attachant aux hauteurs (« les bourgeons » l.

11) pour finir sur les minuscules violettes qui tapissent les sous-bois.

Cette évocation rassemble tous les éléments du locus amoenus (ombre, humidité, lieu protégé) en convoquant différents éléments : végétation, eau, sable, bois, fleurs.

La présence du tiret à la ligne 11 est comme une invitation à suspendre véritablement la lecture pour se laisser envahir par ce paysage de mots.

La diversité des couleurs contribue à la beauté des lieux décrits : « le vert insaisissable » (l.

11) « les jeannettes jaunes au cœur safrané » (l.

13).

L’image très belle également des « sources perdues, bues par le sable aussitôt que nées » (l.

13) donne l’impression d’un paysage protégé et oublié du monde.

L’énumération se termine par un.... »

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