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Choderlos de Laclos, Des femmes et de leur éducation 1783 analyse linéaire

Publié le 30/12/2023

Extrait du document

« Parcours : écrire et combattre pour l’égalité LL6 - Choderlos de Laclos, Des femmes et de leur éducation, 1783 5 10 15 20 25 Ô femmes ! approchez et venez m’entendre.

Que votre curiosité, dirigée une fois sur des objets utiles, contemple les avantages que vous avait donnés la nature et que la société vous a ravis.

Venez apprendre comment, nées compagnes de l’homme, vous êtes devenues son esclave, comment, tombées dans cet état abject, vous êtes parvenues à vous y plaire, à le regarder comme votre état naturel ; comment enfin, dégradées de plus en plus par une longue habitude de l’esclavage, vous en avez préféré les vices avilissants, mais commodes, aux vertus plus pénibles d’un être libre et respectable.

Si ce tableau fidèlement tracé vous laisse de sang-froid, si vous pouvez le considérer sans émotion, retournez à vos occupations futiles.

Le mal est sans remède, les vices se sont changés en mœurs1.

Mais si au récit de vos malheurs et de vos pertes, vous rougissez de honte et de colère, si des larmes d’indignation s’échappent de vos yeux, si vous brûlez du noble désir de ressaisir vos avantages, de rentrer dans la plénitude de votre être, ne vous laissez plus abuser par de trompeuses promesses, n’attendez point les secours des hommes auteurs de vos maux : ils n’ont ni la volonté, ni la puissance de les finir, et comment pourraient-ils vouloir former des femmes devant lesquelles ils seraient forcés de rougir ? Apprenez qu’on ne sort de l’esclavage que par une grande révolution.

Cette révolution est-elle possible ? C’est à vous seules à le dire puisqu’elle dépend de votre courage.

Est-elle vraisemblable ? Je me tais sur cette question ; mais jusqu’à ce qu’elle soit arrivée, et tant que les hommes régleront votre sort, je serai autorisé à dire, et il me sera facile de trouver qu’il n’est aucun moyen de perfectionner l’éducation des femmes. Partout où il y a esclavage, il ne peut y avoir éducation : dans toute société, les femmes sont esclaves ; donc la femme sociale n’est pas susceptible d’éducation. Introduction Ce discours de Choderlos de Laclos, un écrivain emblématique des Lumières et officier d’artillerie pendant la Révolution française, intitulé "Des femmes et de leur éducation" (1783), est prononcé un an après la publication de son célèbre roman épistolaire "Les Liaisons dangereuses" (1782).

Il offre une vision critique et moderne de l'éducation des femmes et des raisons de leur asservissement.

Il y dénonce l'esclavage des femmes, allant jusqu'à évoquer un appel à la révolution, ce qui illustre la thématique du parcours "écrire et combattre pour l'égalité". Problématique : Comment l'écriture peut servir à combattre pour l'égalité ? Mouvements du texte : Dans la première partie de son discours (de la ligne 1 à 10), Laclos interpelle directement les femmes et dépeint les malheurs associés à leur condition, faisant écho à des concepts clés de la philosophie des Lumières. Dans la seconde partie (de la ligne 10 à 31), il encourage activement les femmes à agir, à revendiquer leurs droits et à mettre fin à leur asservissement par la révolution. 1r mouvement : Le récit des malheurs de la condition féminine Du début (« Ô femmes », l.

1) à « les vices se sont changés en mœurs » (l.

10) Dans le cadre du bac de français, particulièrement pour le parcours "écrire et combattre pour l'égalité", l'analyse du discours de Choderlos de Laclos, "Des femmes et de leur éducation", offre des perspectives intéressantes.

Dès la première phrase, Laclos interpelle les femmes par une apostrophe exclamative, s'ouvrant sur une interjection : « femmes ! ».

S'en suivent deux verbes de mouvement à l'impératif (« Approchez et venez m’entendre »), créant l'image d'un discours solennel, adressé par un orateur à une assemblée de femmes. Il est intéressant de noter l'usage de la modalité injonctive dans la phrase suivante, grâce à la tournure « Que » + verbe au mode subjonctif.

Laclos argue que les femmes ont perdu tous les avantages que la nature leur avait donnés, employant une double antithèse entre « donner » et « ravis » et entre « nature » et « société ».

En cela, Laclos désigne la société comme coupable de l'asservissement des femmes, ayant dérobé leurs qualités naturelles. Accusant les femmes d'être responsables de leur sort à travers une longue période oratoire, il utilise une anaphore du pronom « vous » et du verbe « faire ».

Le ton est indigné, accusateur, et parfois même condescendant, comme le démontre le champ lexical de la moralité (« abject », « vice », « vertu », « avilissants »). Laclos détaille ensuite les trois étapes de la dégradation de la situation des femmes.

Il commence par dénoncer l'asservissement des femmes comme contraire à l'ordre naturel, en utilisant une antithèse entre le constat d'une amitié naturelle entre les sexes (« compagnes de l’homme ») et une analogie hyperbolique à l'esclavage (« vous êtes devenues son esclave »). Il accuse ensuite les femmes de résignation, soulignant un paradoxe tragique : les femmes consentent à leur soumission, au point que celle-ci devienne leur état naturel.

Enfin, grâce à un lexique péjoratif et une antithèse entre vices et vertus, Laclos souligne la tragédie de cette aliénation intégrée par les femmes. La première réaction des femmes face à leur aliénation, selon Laclos, pourrait être l'indifférence.

Il envisage cette possibilité en utilisant le lexique « sang-froid », « sans émotion », puis les rejette avec dédain, les invitant à retourner à.... »

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