Bac de français explication linéaire Ruy blas - E.L.4 Victor Hugo - Ruy Blas, acte III scène 5
Publié le 04/05/2025
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E.L.4
Victor Hugo - Ruy Blas, acte III scène 5
Le XIXème siècle voit émerger, avec la révolution industrielle et les bouleversements
politiques secouant la France, de nouvelles idées, dont une remise en question de la hiérarchie
sociale.
Victor Hugo, un grand dramaturge, publie en 1838 Ruy Blas, un drame romantique
invitant à une réflexion sur cette thématique de l’ordre social.
La pièce se déroule dans la cour
d’Espagne, à la fin du XVIIème siècle.
Don Salluste, marquis banni par la reine, veut se venger en
déguisant son valet Ruy Blas en grand seigneur, afin qu’il la séduise et la perde.
A l’acte III scène
5, l’acné, Don Salluste, accoutré en laquais, rend visite à Ruy Blas pour lui rappeler sa place, ce
dernier ayant acquis de grandes responsabilités et s’étant fait apprécier de la reine.
En quoi ce
dialogue qui révèle une manipulation démiurgique fait-il apparaître le caractère tragique du
personnage de Ruy Blas ? Je ferai de ce texte une lecture linéaire.
______________________________________________________________________________________________
I.
La révélation manquée de Ruy Blas / L.1-4
Ruy Blas avoue son amour pour la reine à Don Salluste durant leur entrevue, cependant cette
confession est un échec.
Les exclamatives “Il faut que je vous dise, hélas ! jugez vous-même !”
(l.1) donnent une tournure emphatique à cet aveu, qui est ressenti par le lecteur comme
spontané, vivace.
L’urgence de la révélation est accrue par le verbe “faut” (l.1) qui insiste sur sa
nécessité.
Elle est retardée jusqu’à la fin de la ligne 2 “Cette femme, je l’aime !” ce qui dénote de
l’hésitation, du trouble de Ruy Blas face à ses sentiments et donc de sa difficulté à formuler son
aveu.
Il se rend vulnérable vis-à-vis de Don Salluste, qui jouit de l’exclusivité presque divine de
cette confidence.
La réponse laconique, retenue et calculée du maître “Mais si.
Je le savais.”
(l.3) contraste violemment avec l’élan de sincérité, l’effervescence de Ruy Blas.
Cela rend
compte de sa maîtrise de la situation, qui provoque la surprise de Ruy Blas “Vous le saviez !”
(l.3).
Son aveu est manqué.
Le juron “Pardieu !” (l.3) de Don Salluste illustre son agacement et
son mépris.
Pour lui c’est une évidence, il est omniscient, à l’image de Dieu.
II.
L’expression tragique de la détresse de Ruy Blas / L.5-8
Ce bouleversement plonge Ruy Blas dans une détresse tragique.
Il s’en remet à Dieu dans un
aparté.
L’antithèse à la rime de “jeu” (l.4) et “torture” (l.5) affirme la douleur ressentie par Ruy
Blas pour ce qui est un divertissement, un amusement pour Don Salluste.
Cette construction est
accompagnée d’un oxymore “affreuse aventure” (l.6) qui encore une fois fait comprendre au
lecteur que la situation est vécue différemment par Ruy Blas et Don Salluste, et suscite sa pitié.
Le débordement des sentiments de Ruy Blas, qui ne peut contenir son effroi, est modélisé par
les exclamatives.
Il ne peut plus se reposer que sur le destin, la fatalité, comme nous l’indique la
didascalie “Il lève les yeux au ciel”.
Le chiasme des lignes 7 et 8 “Seigneur Dieu tout-puissant,
mon Dieu qui m’éprouvez, Epargnez-moi, Seigneur” amène une confusion chez le lecteur qui
peut se demander s’il s’adresse à Don Salluste, présent sur scène, ou à Dieu.
La question du
statut divin du maître est trouble.
III.
Le mépris de Don Salluste envers les sentiments de Ruy Blas / L.9-16
Cette prière de Ruy Blas est coupée par la réplique brutale de Don Salluste “Ah çà, mais vous
rêvez !” (l.9) qui y répond à la place de Dieu et ramène violemment son valet à la réalité.
Il est le
seul qui peut l’aider, le sauver.
L’usage d’un nom familier (l.10) “C’est bouffon.
Vous vous prenez
au sérieux, mon maître” révèle la trivialité de l’âme de Don Salluste, s’opposant au sublime de
Ruy Blas.
Le ton du maître est rude, sec, et manque d’harmonie, comme en témoigne la
ponctuation forte en milieu de vers.
Les pronoms personnels sujets “je” (l.10) et “vous” (l.11)
marquent une différence entre les rôles de Ruy Blas et Don Salluste.
La réplique de ce dernier
est parcourue d’impératifs “tenez”, “obéissez” (l.12), “marchez” (l.14), qui placent Ruy Blas dans
une position de suiveur, d'exécuteur tandis que Don Salluste ordonne, décide.
Ses phrases sont
injonctives et révèlent son autorité.
Les pronoms personnels sujets et compléments “je…vous”,
“je…vous” (l.13), “je…votre” (l.14) accentuent cette domination.
Don Salluste est un Dieu
omniscient qui veut le bien de ses créatures “je veux votre....
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