Analyse linéaire Remarque 1 à 10 - Chapitre 8 Les caractères
Publié le 05/03/2023
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«
SEQUENCE 5 : LA RENCONTRE AMOUREUSE DANS LE GENRE ROMANESQUE
SEANCE : BELLE DU SEIGNEUR
INTRODUCTION :
- A.
Cohen : auteur suisse (1895-1981) qui exerce comme fonctionnaire international à Genève en parallèle de
sa carrière d’écrivain.
Il est notamment connu pour son roman autobiographique Le Livre de ma Mère (1954),
et surtout pour son roman Belle du Seigneur (1968), troisième roman d’une tétralogie consacrée à l’histoire
d’une famille juive (Solal, Mangeclous, Belle du Seigneur, Les Valeureux), et considéré comme un chef d’œuvre
de la littérature sentimentale.
- Belle du Seigneur : Le livre se compose de sept parties et cent six chapitres, organisés comme suit :
∙ première partie (chap.
1 à 9) : la mise en place de l'intrigue (naissance de l'amour de Solal envers Ariane) ;
∙ deuxième partie (chap.
10 à 37) : la conquête d'Ariane par Solal ;
∙ troisième partie (chap.
38 à 52) : l'amour à ses débuts (mort d'Isolde ex-amante de Solal) ;
∙ quatrième partie (chap.
53 à 80) : l’enlèvement d'Ariane (tentative de suicide d'Adrien son mari) ;
∙ cinquième partie (chap.
81 à 91) : l'amour ennui ;
∙ sixième partie (chap.
92 à 102) : la dénégation de l'amour ;
∙ septième partie (chap.
103 à 106) : la mort des amants.
Le roman raconte une histoire d’amour passionnelle entre Solal, haut fonctionnaire de la Société des nations et
Ariane, femme d’un fonctionnaire quelconque dont elle n’est pas amoureuse.
- L’extrait raconte la première « vraie » rencontre entre les deux personnages.
Solal s’est introduit en cachette
dans la chambre d’Ariane.
Lorsque celle-ci monte se coucher, il l’observe un moment, dissimulé derrière un
rideau, puis se présente brusquement à elle, déguisé en pauvre vieillard, l’enferme et lui adresse la parole.
- Problématique : Comment A.
Cohen renouvelle-t-il le topos (motif narratif, situation narrative récurrente) de
la rencontre amoureuse ?
- Plan : I- Le détournement des codes de la rencontre amoureuse
II- Le personnage de Solal, un « seigneur »
UNE RENCONTRE AMOUREUSE DEROUTANTE
A) UN SEDUCTEUR REPOUSSANT
Afin de détourner les codes traditionnels de la rencontre amoureuse, Solal emploie ce stratagème du
déguisement.
Le personnage apparaît en effet déguisé en vieux juif errant : voir les termes dévalorisants
utilisés par Solal lui-même pour se désigner → « un vieillard » (l.5), « faible et pauvre, blanc de barbe » (l.6).
Son
aspect physique est repoussant pour une jeune femme ; le narrateur insiste particulièrement sur son sourire
(élément de séduction primordial) : étudier les nombreux GN péjoratifs employés → « ce sourire sans dents »
(l.1), « cette bouche vide » (l.2), « deux dents seulement » (l.6), « son noir sourire de vieillesse » (l.13).
Fragments de description qui montrent Solal tel que le voit Ariane.
Le sourire est en général un topoÎ de la
rencontre amoureuse, ici les synecdoques jouent le rôle inverse.
La comédie jouée par Solal est révélée à
Ariane et au lecteur au milieu de l’extrait, lorsque Solal ôte son déguisement : énumération des différents
éléments du costume l.21-22 → GN « du vieux manteau et de la toque de fourrure », « la fausse barbe », « le
sparadrap noir qui recouvrait les dents».
Les codes de la rencontre amoureuse sont détournés à un double
niveau : par le déguisement qui grime celui dont Ariane pourrait tomber amoureuse Solal mais aussi par la
fausse rencontre parce qu’Ariane ne sait pas qui il est.
Le narrateur joue avec ces codes les tournant en ridicule.
B) UNE DEMANDE INCONGRUE
Hormis le déguisement, les propos tenus par Solal sont ceux d’un amoureux transi empreints de romantisme
comme le montre les paroles rapportées directement l.5 à 8 → présence importante du lexique de l’amour :
« aimera », « aime », « amour » 3 occurences / promesse d’un amour éternel : verbes au futur « aimera »,
« connaîtra », « honorera » / codes du langage amoureux : « nul ne t’aimera » (emploi du pronom indéfini qui
marque l’exclusivité), « un tel amour » (hyperbole).
Mais l’ironie de Solal perce au travers de ces paroles :
« Deux dents seulement, je te les offre avec mon amour, veux-tu de cet amour ? » → le vieillard suppliant insiste
sur sa décrépitude, pose une question absurde → passage proche du registre burlesque (type de comique qui
consiste à traiter un sujet héroïque ou sérieux en des termes vulgaires ou populaires).
La gestuelle de Solal
reprend elle aussi les codes de la gestuelle amoureuse : analyser les actions effectuées par le personnage :
attitude de l’amant qui se soumet à sa dame → « il plia le genou devant elle » (l.12) / mise en scène du premier
baiser : « puis il se leva et il alla vers elle et leur premier baiser » (l.12-13) → théâtralisation de la scène.
Mais
l’emploi de l’adverbe « ridiculement » (l.12) vient apporter un regard décalé sur cette scène, le regard d’Ariane
sur le vieillard.
C) UNE FEMME EFFRAYEE
Face à ce vieillard, Ariane est en proie à un sentiment dominant d’horreur.
Cette répulsion est rendue sensible
par les fragments de monologue intérieur qui plongent le lecteur dans ses pensées (l.1 à 4) : anaphore de
l’adjectif « atroce » qui traduit la répulsion face au physique du personnage mais aussi face à ses paroles
(décalage discours / apparence).
La répulsion engendre une peur panique qui s’exprime dans un passage de
monologue intérieur : verbes à l’infinitif « Ne pas le contrarier, dire tout ce qu’il voudra », formule qui
s’apparente à une prière avec l’emploi du subjonctif présent qui exprime le souhait, la prière « qu’il parte, mon
Dieu, qu’il parte » (l.4).
Ariane tente cependant de se maîtriser et de dissimuler sa peur.
Elle choisit de se
soumettre : réponse « Oui » (l.9) à la question du vieillard, emploi du verbe « essayer » (l.9) : « essaya un
sourire ».
Pourtant, lorsque le vieillard s’approche d’elle pour l’embrasser, elle cède à la panique et réagit avec
violence.
L’action devient plus rapide : emploi de l’adverbe « soudain », succession de verbes d’action l.14 à
16 → accélération du rythme du récit : « recula, recula », « heurta », « saisit », « lança ».
Ariane ne se contrôle
plus : voir....
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