Catégorie : Philosophie
-
KANT et les cent thalers
« Être n’est évidemment pas un prédicat réel, c’est-à-dire un concept de quelque chose qui puisse s’ajouter au concept d’une chose. C’est simplement la position d’une chose ou de certaines déterminations en soi. […] Le réel ne contient rien de plus que le simple possible. Cent thalers réels ne contiennent rien de plus que cent thalers possibles. Car, comme les thalers possibles expriment le concept, et les thalers réels l’objet et sa position en lui-même, si celui-ci contenait plus que celu...
-
Nietzsche
On a jusqu'à présent attribué au "bon" une valeur supérieure à celle du méchant, supérieure au sens du progrès, de l'utilité, de la prospérité pour ce qui regarde le développement de l'homme en général (sans oublier l'avenir de l'homme). Comment ? Que serait-ce si le contraire était vrai ? Si, dans l'homme "bon", il y avait un symptôme de régression, quelque chose comme un danger, une séduction, un poison, un narcotique qui ferait peut-être vivre le présent aux dépens de l'avenir? d'une façon pl...
-
BERGSON : le temps, spatialisation de la durée
BERGSON : le temps, spatialisation de la durée Nous pensons ordinairement un temps spatialisé. En effet nous sommes si familiarisés avec l'idée d'espace que « nous l'introduisons à notre insu dans notre représentation de la succession pure ». Ainsi nous concevons un temps contaminé par l'espace, projeté dans l'espace, c'est-à-dire un temps homogène qui se mesure grâce à des moyens spatiaux comme les mouvements des astres ou les horloges. Mais ce temps n'est qu'un temps conceptuel, abstrait. Le v...
-
Nietzsche
La conscience n'est qu'un réseau de communications entre hommes ; c'est en cette seule qualité qu'elle a été forcée de se développer : l'homme qui vivait solitaire, en bête de proie, aurait pu s'en passer. Si nos actions, pensées, sentiments et mouvements parviennent — du moins en partie — à la surface de notre conscience, c'est le résultat d'une terrible nécessité qui a longtemps dominé l'homme, le plus menacé des animaux : il avait besoin de secours et de protection, il avait besoin de son sem...
-
KANT
La forme constante de la réceptivité que nous appelons sensibilité est une condition nécessaire de tous les rapports dans lesquels nous intuitionnons les objets comme extérieurs à nous, et, si l'on fait abstraction de ces objets, elle est une intuition pure qui porte le nom d'espace. Comme nous ne saurions faire des conditions particulières de la sensibilité les conditions de la possibilité des choses, mais celles seulement de leur manifestation phénoménale, nous pouvons bien dire que l'espace c...
-
Platon
"Quand on dit de chaque être vivant qu'il vit et qu'il reste le même - par exemple, on dit qu'il reste le même de l'enfance à la vieillesse -, cet être en vérité n'a jamais en lui les mêmes choses. Même si l'on dit qu'il reste le même, il ne cesse pourtant, tout en subissant certaines pertes, de devenir nouveau, par ses cheveux, par sa chair, par ses os, par son sang, c'est-à-dire par tout son corps. Et cela est vrai non seulement de son corps, mais aussi de son âme. Dispositions, caractères, op...
-
KANT: art et nature
"Devant une production des beaux-arts, on doit avoir conscience que c'est de l'art et non de la nature, mais il faut aussi que la finalité dans la forme de l'oeuvre paraisse aussi libre de toute contrainte de règles arbitraires que si c'était un produit pur et simple de la nature. C'est sur ce sentiment de liberté – liberté jointe à la finalité–que repose la sorte de plaisir qui est seule universellement communicable, sans cependant se fonder sur des concepts. La nature était belle quand e...
-
Bergson
PRESENTATION DE "ESSAI SUR LES DONNEES IMMEDIATES DE LA CONSCIENCE" DE BERGSON Cet essai est la thèse de doctorat de Bergson (1859-1941), élève de l'École normale supérieure puis professeur de philosophie. Il y défend, contre le scientisme et le positivisme, courants de pensée dominants au XIXe siècle, la possibilité et la prééminence d'une intuition métaphysique de la durée et de la liberté. Il y montre que la science expérimentale confond la durée, qui est la dimension propre de la conscience,...
-
-
ALAIN : l'inconscient n'est pas un autre moi
ALAIN : l'inconscient n'est pas un autre moi Héritier de la tradition intellectualiste, Alain voit dans l'inconscient freudien « un article de la philosophie simiesque ». « L'homme, écrit-il, est obscur à lui-même ; cela est à savoir. Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d'inconscient. La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses; une sorte de mauvais ange, diabolique conseille...
-
Nietzsche
L'ART POUR L'ART. — La lutte contre la fin en l'art est toujours une lutte contre les tendances moralisatrices dans l'art, contre la subordination de l'art à la morale. L'art pour l'art veut dire : « Que le diable emporte la morale ! » Mais cette inimitié même dénonce encore la puissance prépondérante du préjugé. Lorsque l'on a exclu de l'art le but de moraliser et d'améliorer les hommes, il ne s'ensuit pas encore que l'art doive être absolument sans fin, sans but et dépourvu de sens, en un mot,...
-
Platon
"Critias :J'aurais presque envie de dire que se connaître soi-même, c'est cela la sagesse, et je suis d'accord avec l'inscription de Delphes. Voilà en quels termes, différents de ceux des hommes, le dieu s'adresse à ceux qui entrent dans son temple, si je comprends bien l'intention de l'auteur de l'inscription. A chaque visiteur, il ne dit rien d'autre, en vérité, que : « Sois sage! » Certes, il s'exprime en termes quelque peu énigmatiques, en sa qualité de devin. Donc, selon l'inscription et se...
-
Nietzsche
NIETZSCHE : EST-CE BIEN "JE" QUI PENSE ? Réalité spirituelle pour Descartes, unité transcendantale selon Kant, la conscience ("je") est le sujet qui rend possible la pensée et la connaissance. Nietzsche discute cette idée d'un "je" qui serait ainsi "cause de la pensée". Le concept de sujet ne serait-il d'ailleurs pas lui-même une illusion ? « Si l'on parle de la superstition des logiciens, je ne me lasserai jamais de souligner un petit fait très bref que les gens atteints de cette superstition...
-
KANT ET BENJAMIN CONSTANT
Dans le recueil : La France en l'an 1797 (...) : Des réactions politiques, par BENJAMIN CONSTANT (...), on lit ce qui suit : "Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s'il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible. Nous en avons la preuve dans les conséquences directes qu'a tirées de ce (...) principe un philosophe allemande qui va jusqu'à prétendre qu'envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu'ils poursuivent n'est pas réfugié d...
-
Nietzsche
Nombreuses sont les forces d'organisation que l'humanité a déjà vues dépérir, par exemple celle de la communauté de race, qui fut pendant des millénaires beaucoup plus puissante que celle de la famille, qui disposait même du pouvoir et de l'organisation bien avant que la famille ne fût constituée. Nous voyons nousmêmes pâlir et s'affaiblir un peu plus chaque jour la grande idée du droit et du pouvoir familiaux, qui exerça jadis sa domination sur toute l'étendue du monde romain. C'est ainsi qu'un...
-
Platon: en quoi consiste la vertu ?
PRESENTATION DU "MENON" DE PLATON Le dialogue du Ménon met en scène Socrate, Ménon, qui se réclame du Sophiste Gorgias, un esclave et Anytos, qui, historiquement, fut l'un de ceux qui condamna Socrate à mort. On a ainsi un affrontement entre la philosophie, la sophistique vénale et versatile, et la puissance politique autour de la question centrale : la vertu s'enseigne-t-elle ? L'aporie du dialogue tendrait à montrer l'impuissance de la philosophie face aux arrogances du pouvoir. Mais la fi...
-
KANT: l'unité de la conscience
« Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l'homme infiniment audessus de tous les autres êtres vivants sur la terre. Par là, il est une personne : et grâce a l'unité de la conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, c'est-à-dire un être entièrement différent, par le rang et la dignité, de choses comme le sont les animaux sans raison, dont on peut disposer à sa guise : et ceci, même lorsqu'il ne peut pas dire Je. car il l...
-
-
Nietzsche
L'affirmation des valeurs suppose d'abord un renversement des illusions aliénantes : il faut se libérer de l'illusion de l'au-delà, de l'illusion des « arrière-mondes ». Derrière les actes il y aurait un sujet, un moi : tel est le grand postulat de toute morale. Mais est-ce réellement pensable ? « Exiger de la force qu'elle ne se manifeste pas comme telle, qu'elle ne soit pas une volonté de terrasser et d'assujettir, une soif d'ennemis, de résistance et de triomphes, c'est tout aussi insensé que...
-
KANT et le véto de la raison
PRESENTATION DE LA "CRITIQUE DE LA FACULTE DE JUGER" DE KANT Dans cette troisième et dernière Critique, Kant (1724-1804) obéit à des motifs apparemment disparates. Un objectif interne de complétude architecturale : il s'agit de trouver un moyen terme de liaison entre le monde nouménal de la liberté transcendantale constitué par la raison dans son usage pratique et le monde naturel de la nécessité mécanique constitué par l'entendement, moyen terme qui permettrait de saisir dans le monde les...
-
KANT et l'autorité du maître et des lois
Analyse du sujet. Comment démarrer. 1. Si certains sujets de baccalauréat pèchent parfois par leur caractère unilatéral ou unidimensionnel, ce texte de Kant pèche par excès de richesse ! Il concerne la philosophie politique, le problème du pouvoir, celui de l'établissement de la justice, mais aussi l'anthropologie humaine (« Qu'est-ce que l'homme? Est-il bon? Est-il méchant? Qu'est-ce qui le définit ? Quel type de tendances? »). Mais il touche aussi à la sphère de l'éducation. Bref, c'est un...
-
Nietzsche
A tout prendre, les méthodes scientifiques sont un aboutissement de la recherche au moins aussi important que n'importe quel autre de ses résultats; car c'est sur l'intelligence de la méthode que repose l'esprit scientifique, et tous les résultats de la science ne pourraient empêcher, si lesdites méthodes venaient à se perdre, une recrudescence de la superstition et de l'absurdité reprenant le dessus. Des gens intelligents peuvent bien apprendre tout ce qu'ils veulent des résultats de la science...