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Exister, est-ce accepter le temps ?

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« Définition des termes du sujet: Exister / Existence: * Exister: qualifie le fait d'appartenir à un ordre quelconque de réalité même abstrait.

Être réellement, constituer une partie du monde sensible. * Existence: Par opposition à néant: le fait d'être ou d'exister.

Par opposition à essence: mode d'être de l'homme, en tant qu'il ne se laisse enfermer dans aucune essence ou nature déterminée. TEMPS: Milieu indéfini et homogène, analogue à l'espace, dans lequel se déroulent les événements. Temps objectif: Mouvement continu et irréversible (« flèche du temps ») par lequel le présent rejoint le passé. Temps subjectif: Sentiment intérieur de la temporalité, telle qu'elle est vécue par le sujet (synonyme : durée). La mémoire nous confronte à l'irréversibilité du temps : le passé ne reviendra jamais.

L'avenir, lui, occupe notre pensée quand nous réfléchissons à ce que nous allons faire demain.

N'est-ce pas le présent que l'on oublie? Mais le passé n'est que dans le présent de nos souvenirs et l'avenir dans le présent de nos projets.

Le présent est le seul temps réel.

Exister suppose d'accepter de vivre dans l'imminente disparition du présent. 1.

L'instant, l'être et la valeur • Bachelard écrit, dans L'intuition de l'instant : «L'instant présent est le seul domaine où la réalité s'éprouve.» Nous croyons que nous pouvons nous donner une représentation un peu solide et cohérente du passé et de l'avenir, donc de les tenir en notre pouvoir.

Mais « ce qui est plus mort que la mort est ce qui vient de disparaître», car nous ne pouvons garder intact et dans toute son individualité l'instant qui vient de s'échapper.

C'est alors comme si tout l'être était ramassé sur la fine pointe de l'instant entre deux néants.

Et si l'instant était l'unique réalité de l'existence? Il nous faut accepter que le temps d'une vie soit aussi fait de la mort des instants vécus. La vie ne peut se définir comme la contemplation passive d'un flux qui s'écoulerait le long d'un canal, celui-ci représentant le temps objectif avec ses trois dimensions immuables et successives : le passé, le présent et le futur.

La vie ne s'écoule pas suivant l'axe du temps, elle s'impose à lui en lui donnant forme, et c'est toujours dans l'instant présent qu'elle prend conscience d'elle-même.

L'expérience immédiate du temps n'est pas celle de la durée (qui requiert, pour être perçue, une certaine intériorité mystique), mais celle du maintenant.

Nos souvenirs sont ceux d'instants, et non d'une durée continue et indécomposable.

La conscience de la durée est une conscience de l'attente, mais pas l'attention elle-même, volonté de l'intelligence où toute l'intensité se donne dans l'instant.

L'attention est une reprise de l'intelligence sur elle-même qui ne se répand pas dans la durée.

Elle est un pouvoir de commencement absolu où l'esprit vit une renaissance, alors qu'il tend à s'assoupir dans la durée.

Si la paresse est durable, l'acte de l'esprit est instantané.

L'essence de l'esprit n'est pas la durée, mais l'attention et la volonté de l'instant.

Le temps se dévoile à nous dans l'instant immobile 'et brillant, où la vie apparaît dans l'intégralité de ses forces concentrées sur le moment même.

Nous saisissons la durée comme une série d'instants qui marquent les progrès de notre vie intime.

On peut reprocher à Bergson, dans sa tentative de distinguer la spécificité du temps, de l'avoir du même coup déréalisé ou désubstantialisé, en refusant à l'instant une quelconque consistance pour n'en faire qu'un simple passage transitoire qui ne connaît jamais d'arrêt. • Pour Jankélévitch, la mort est ce qui donne sa valeur à la vie, elle fait de tout instant un moment précieux qui ne sera qu'une fois, de toute personne un être irremplaçable.

La valeur d'une chose tenant à sa possible disparition, l'être et la valeur s'opposent.

S'il n'y avait que du présent pur, on ne pourrait pas s'en détacher ni le comparer à rien, il n'aurait ni valeur ni signification.

Le présent est donc comme destiné à périr, mais c'est ce qui fonde la valeur de l'existence. 11.

Vivre au présent? • Nous ne supportons pas d'exister comme si chaque instant, à nul autre pareil, engageait tout notre être.

Nous nous divertissons, en ne cessant de nous projeter dans le futur, comme une fuite.

Pascal écrit : « Nous ne pensons presque point au présent; et, si nous y pensons, ce n'est que pour en prendre la lumière pour disposer de l'avenir.

» Mais ainsi, malheureusement : « nous errons dans les temps qui ne sont point nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient» (Pensées, 172).

Il est difficile de ne faire que sentir passer le temps, ce qui rappelle notre propre disparition.

S'occuper, c'est remplir le temps pour ne pas le percevoir dans toute sa nudité. • Dans l'art de vivre d'Épicure, il faudrait être capable d'une véritable conversion au présent : « N'abîmons pas le présent en désirant ce qui est absent.

Considérons que ce présent aussi, nous l'avions désiré » (Sentences, 35).

Sommes-nous capable de cette éternité suggérée par Wittgenstein : « Celui-là vit éternellement qui vit dans le présent » (Tractatus logico-philosophicus, 6.4311)? L'existence n'est-elle pas le contraire de l'éternité? Dieu ou un triangle mathématique n'existent pas car ils sont de toute éternité tout ce qu'ils doivent être, et jamais dans l'imminence de leur disparition.. »

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