Exister dans le temps
Extrait du document
«
1.
Le temps est-il dans les choses ?
Le temps est avant tout passage, puisque les moments ne peuvent coexister.
En ce sens, le temps n'est pas un
mode de l'existence, mais sa substance même.
Toute existence est temporelle au sens où, en cessant d'être
temporelle, elle cesserait d'être humaine.
Pour Kant, la difficulté d'appréhender le temps vient du fait qu'il n'est ni un
phénomène, ni une réalité en soi.
Il constitue le cadre a priori de toute représentation.
Le temps met en ordre les
phénomènes, pour une conscience qui les appréhende.
Il n'est pas dans les choses, mais est ce qui permet de lier
entre eux les phénomènes suivant ces rapports : la durée, la succession, la simultanéité.
Le temps suppose un ordre
irréversible des phénomènes, nécessairement organisé selon un avant et un après.
Indications générales
Emmanuel Kant (1724-1804) reprend les problèmes ouverts au xvie et au
xviiie siècles pour tâcher de les résoudre en les posant différemment.
C'est
l'oeuvre de ses trois grandes «Critiques» : Critique de la raison pure (1781),
Critique de la raison pratique (1788), Critique de la faculté de juger (1790),
qui marquent un tournant important de l'histoire de la philosophie, une
«révolution copernicienne».
L'interrogation philosophique ne porte plus sur la
nature du monde lui-même, mais d'abord sur les pouvoirs de connaissance du
sujet pensant.
Citation
«Le temps ne peut pas être intuitionné extérieurement, pas plus que l'espace
ne peut l'être comme quelque chose en nous.
Or que sont l'espace et le
temps? Sont-ils des êtres réels? Sont-ils seulement des déterminations ou
même des rapports des choses, mais des rapports de telle espèce qu'ils ne
cesseraient pas de subsister entre les choses, même s'ils n'étaient pas
intuitionnés ? Ou bien sont-ils tels qu'ils ne tiennent qu'à la forme de l'intuition
et par conséquent à la constitution subjective de notre esprit...
?» (Critique
de la raison pure, «Esthétique transcendantale», § 2.)
Explication
Kant cherche à résoudre le conflit entre tes rationalistes cartésiens [voir Descartes] pour qui toute connaissance
vient de la raison, et les empiristes pour qui la connaissance vient d'abord des sens [voir Locke, mais aussi Berkeley,
Condillac, Hume].
La nouveauté de l'approche de Kant consiste à dire qu'il n'y a d'expérience possible qu'en fonction d'une certaine
structure de la subjectivité, qui donne sa forme au monde tel qu'il nous apparaît.
L'espace et le temps, en
particulier, n'existent pas comme des réalités extérieures à nous mais sont la manière dont nous structurons notre
expérience sensible: ils «ne tiennent qu'a la constitution subjective de notre esprit», c'est-à-dire qu'ils sont les
formes a priori de notre sensibilité.
Sur le même modèle, Kant explique aussi quelles sont les catégories de
l'entendement, par lesquelles nous structurons notre compréhension du monde.
Exemple d'utilisation
Ce texte de Kant est typiquement une référence utilisable dans une troisième partie de dissertation dans un sujet
sur les rapports entre la raison et l'expérience.
Une première partie exposerait la conception cartésienne, une
seconde la conception empiriste (ou l'inverse, selon les choix argumentatifs que vous décidez de faire); comme Kant
résout leur opposition, en montrant que c'est le sujet rationnel qui, par la structure même de sa subjectivité,
construit le champ de l'expérience, il serait logique de présenter ses analyses dans le dernier temps de votre
réflexion.
SUJET TYPE: À quelles conditions l'expérience peut-elle être source de connaissance?
Contresens à ne pas commettre
Ne pas faire de Kant un subjectiviste [voir à ce sujet Schopenhauer].
Il pose la distinction entre «phénomènes» et «
noumènes», qu'il ne faut pas confondre avec l'opposition entre paraître et être: les «noumènes» sont les choses en
soi, telles qu'elles sont, indépendamment de notre conscience.
De cela, nous ne pouvons rien savoir.
Les choses
saisies par la conscience, ce sont les «phénomènes»: ce ne sont pas des illusions, mais la manière dont la
conscience saisit leur réalité.
Il ne s'agit donc pas de dire que tout est subjectif, mais de montrer que c'est dans la
subjectivité que se trouvent les conditions de possibilité de la constitution d'un monde objectif - et donc la
possibilité d'une science.
2.
L'existence humaine et le rapport au temps.
»
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