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Y a-t-il un droit à l'erreur ?

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« Remarque sur l'intitulé du sujet : · « Y a-t-il » indique qu'il faut s'interroger sur une existence sur quelque chose qui est.

Or, ce quelque chose = « droit à l'erreur ». · Mais qu'est-ce qu'un droit ? Le droit est ce qui permet, ce qui rend licite quelque chose.

Donc, sommes-nous autorisés à nous tromper ? · A priori, nous le sommes car comme on le dit « errare humanum est », l'erreur est humaine. · Cependant, on indique donc que nous ne sommes pas coupables de nos erreurs.

Si tel est le cas, il n'y a plus de justice possible : chacun peut à la suite d'un crime se retrancher derrière l'idée selon laquelle « tout le monde peut se tromper ». · Le problème tient donc à ce que le droit à l'erreur ne nous dispense pas de bien faire et donc de ne pas nous tromper. · Dès lors quel sens donner au terme « droit à l'erreur » si nous sommes obligés d'en commettre le moins possible ? · Finalement, le mot « droit » renvoie-t-il à ce qui est permis ou ce qui est possible, c'est-à-dire réalisable sans pour autant être licite ? Dans le dernier cas, peut-on encore parler d'un droit au sens strict (ce que l'on peut faire sans être fautif)? Problématique : On admet que « l'erreur est humaine », c'est-à-dire que se tromper n'est pas une faute : l'homme de par sa nature est faillible.

Cependant, est-ce pour autant que toute erreur est excusable ? Nous tenons aussi les hommes pour responsables de leurs actes, nous les louons ou les blâmons pour ce qu'ils font ou refusent de faire.

Or comment de tels jugements pourrait-ils être possibles si à chaque instant chacun peut invoquer son droit à l'erreur ? Par conséquent, y a-t-il un droit à l'erreur (se tromper n'est pas une faute) ou bien n'est-ce là qu'un alibi pour amoindrir nos responsabilités ? 1- IL Y A UN DROIT À L'ERREUR a) Qu'est-ce que l'erreur ? L'erreur désigne le fait de se tromper, de manquer le vrai.

En ce sens, elle n'est pas négation du vrai (comme le faux) mais est privation : je me trompe parce que j'ai manqué le vrai et non parce que je le nie (tel un menteur). Ainsi Descartes fait remarquer que l'erreur repose sur une disproportion entre la volonté et l'entendement : celle-ci étant infinie, elle peut se porter au-delà de ce que l'entendement nous propose, et c'est ainsi que nous pouvons vouloir des choses qui ne sont pas claires et distinctes. Mais si ce rapport permet l'erreur, suffit-il à la rendre licite ? S'il est possible de se tromper, en avons-nous pour autant le droit ? L'erreur n'est-elle pas une faute, un manquement à un devoir ? Car ne dois-je pas m'efforcer de contenir ma volonté dans les limites de l'entendement ? b) Nul ne se trompe de bon gré Pour Platon, il n'y a pas de mauvaise volonté : je ne peux vouloir ce que je sais être mal.

Comment se fait-il alors que nous ne sommes pas tous et toujours bons ? Parce que, selon Platon, nous ne voulons pas le mal ou même le faux, mais nous voulons mal ou voulons « de travers ».

En fait, la volonté s'égare au sens où elle prend pour objet un bien apparent.

En effet, quand nous nous égarons dans l'espace, nous perdons notre chemin parce que nous avons, à un moment, cru de bonne foi être dans la bonne direction.

En ce sens, nous n'avons pas voulu nous perdre.

L'erreur n'est donc pas au sens strict volontaire ; aussi avons-nous effectivement tendance à être clément à l'égard de celui qui avoue s'être trompé. C'est pour cette raison qu'il y a un droit à l'erreur : il nous faut tenir compte du fait que la nature humaine est telle que l'on peut prendre pour vrai ce qui ne l'est pas tout en agissant sincèrement comme si cela était vrai. En un mot, il y a un droit à l'erreur puisque celle-ci est excusable : il est permis de se tromper au sens où cela ne relève pas d'une faute, d'une mauvaise volonté, mais seulement d'une confusion accidentelle. Exemple le pardon chrétien : « ils ne savent pas ce qu'ils font » (Luc, ch.

23, v.

34).

L'ignorance, privation de savoir, ôte à l'erreur son caractère fautif : l'erreur est un droit au sens où celui qui se trompe n'a pas à payer pour ce qu'il ne savait pas. Transition : · Il y a un droit à l'erreur : celle-ci est bien souvent due à une ignorance du vrai bien.

Ainsi, nous sommes de fait, plus indulgents envers celui qui faute « sans faire exprès », sans le vouloir. · Cependant, si tout le monde peut se tromper, 1) ce la ne nous dispense pas de bien faire 2) cela n'autorise pas non plus le laisser-aller. · Autrement dit, nous admettons que l'erreur est davantage un risque dont nul n'est à l'abri, qu'un droit au sens strict.

Car avoir le droit de se tromper = rendre l'ignorance licite ; or n'y a-t-il pas un devoir de s'informer ? 2- IL N'Y A PAS DE DROIT À L'ERREUR MAIS TOLÉRANCE a) Le devoir d'attention Le droit désigne ce qui est licite : ce que je peux faire librement sans craindre d'enfreindre une loi.

A priori, aucune loi ne nous oblige à toujours tout savoir à l'avance et c'est ainsi que l'on peut légitimer l'erreur. Cependant, toute erreur n'est pas inévitable ; par exemple, Descartes dans la 2ème partie de son Discours de la méthode, montre qu'avec un minimum d'attention et en procédant méthodiquement on peut tout à fait réduire les risques d'erreur et rendre le chemin conduisant au vrai plus assuré.

Or cette attention et cette méthode relèvent. »

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