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Y a-t-il un destin ?

Extrait du document

« [Dieu a prévu toutes les choses.

La vie d'un homme se déroule selon un plan déterminé à l'avance. L'homme n'échappe pas à la volonté de Dieu.

Il n'échappe pas non plus aux forces qui gouvernent la vie, aux désirs inconscients qui le poussent à agir de telle ou telle manière.] Seule la grâce peut sauver l'homme Le libre arbitre n'existe pas.

Saint Augustin, et, après lui, Luther, soutiennent que l'homme ne peut pas se sauver par ses propres oeuvres.

C'est Dieu, et lui seul, qui décide d'accorder la grâce à ceux qu'il' a élus.

En conséquence, toute existence, ici-bas, ne peut pas échapper à son destin, lequel est fixé à l'avance par décret divin. Le destin de chacun dépend de la volonté de vivre La volonté de vivre, pour Schopenhauer, est la volonté de l'espèce.

C'est elle qui pousse les êtres à agir, lutter, aimer.

L'homme croit déterminer librement son existence, mais ce n'est qu'une illusion.

Il ne sert pas ses propres intérêts, mais ceux de l'espèce. La volonté de la Nature est donc que l'individu soit la due de l'espèce.

D'où les illusions : le noble sentiment amoureux n'est qu'une ruse de l'instinct de reproduction, selon Schopenhauer : « Ainsi chaque amant se trouve-t-il leurré après l'achèvement du grand-oeuvre, car le mirage a disparu, qui faisait de l'individu la dupe de l'espèce.

» La recherche du bonheur est l'illusion suprême qui résume toutes les autres : l'individu s'imagine être une fin en soi, alors qu'il n'est qu'un moyen de l'espèce.

Et le même auteur d'ajouter : « Il n'y a qu'une erreur innée : celle qui consiste à croire que nous existons pour être heureux.

» Toute notre activité est soumise à cette illusion et, à travers elle, à cette volonté rusée qui anime souterrainement notre vie consciente.

Connaître la vérité condamne à se retirer de la vie et à s'installer en spectateur de la vie.

Si je connais, je cesse d'agir et regarde impassiblement le train du monde continuer à rouler sous mes yeux vides d'intérêt : c'est la pure représentation, l'attitude du philosophe ou de l'artiste, de celui qui a vidé la vie de son contenu pour n'en conserver que la belle forme.

Deux attitude fondamentales qui transparaissent dans le titre du maître livre de Schopenhauer : « Le monde comme volonté et comme représentation » : l'illusion et la vie d'une part, la vérité et la contemplation de l'autre ; l'acteur (volonté) ou le spectateur (représentation). L'inconscient est un destin Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, mais aussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse de l'inconscient.

Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs (ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient sur nous..

Pour le dire brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (ne choisirait pas ses actes e toute connaissance de cause, dans la clarté), mais serait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces le contraignant à agir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison », il ne serait pas maître de lui. Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, à l'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Je déclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur ses sentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assister au colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait la politesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet. Notre président subit donc deux forces contraires : l'une parfaitement en accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas et qui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.

Il y a donc conflit, au sein du même homme, entre un désir conscient, conforme aux normes morales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, ce second désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient à s'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ». Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veut pas être là.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire que j'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.

Or pour Freud le cas est exactement identique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignoré par le sujet.

Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.

Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi de deux forces.. »

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