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Peut on échapper a son destin ?

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« Introduction -Le destin, c'est la prédestination d'une histoire individuelle par des forces transcendantes qui la déterminent. -Le caractère essentiel de cette prédestination, et ce qui fait l'un des ressorts essentiels du tragique, c'est son caractère inéluctable.

Cette prédétermination fait fi de tous les efforts que l'on pourrait produire pour en prévenir les effets ; et c'est précisément cette vanité de l'action humaine qui rend le destin tragique, car le sens de l'action humaine, c'est sa liberté intrinsèque. -Ainsi, le destin constitue-t-il une prédétermination absolument nécessaire, sans possibilité de la conjurer ? Ou bien, à l'inverse, ne pourrait-on pas dire que c'est précisément la condition absolue de la liberté humaine qui constitue le véritable destin de l'homme ? Le destin est-il prédéterminé, ou bien est-il ce que l'on détermine nous mêmes pardelà une décision libre ? Ne serait-ce pas, alors, cette liberté même qui constituerait comme l'essence destinale propre à l'homme ? I.

Le destin, c'est la fatalité (la tragédie grecque). -La tragédie grecque s'est fortement inspirée du sentiment de la fatalité, définie comme destin inéluctable d'un individu qui est prédéterminé par des puissances transcendantes.

Le destin, c'est le sentiment de sentir notre action propre nous échapper, et prendre un sens qui échappe à notre volonté : le sens de notre action prend un sens étranger à celui que voudrait lui donner notre volonté. - L'ironie tragique consiste précisément à favoriser l'exécution du fatum, alors qu'on a précisément l'intention de le conjurer par l'illusion d'une action libre.

Le tragique est d'autant plus fort lorsqu'est rendue plus sensible la nécessité prédéterminée de notre action, qui par là échappe à toute liberté possible, rendue par avance vaine et illusoire. II.

Le destin, c'est le rôle joué dans le grand "roman du monde" (Leibniz). -Le monde est entièrement déterminé, non de façon purement physique, mais de façon logique.

Chaque être présent dans le monde de l'existence constitue une possibilité qui a été réalisée, précisément parce qu'il était bon qu'elle soit réalisée ; et ce "bon" est déterminé non absolument, mais selon le meilleur possible : ainsi, chaque être est réalisé selon le maximum de la réalisation des compossibles qui, ensemble, composent l'harmonie d'un monde qui est le meilleur possible. -Le destin individuel, dans cette perspective, constitue l'entrée de l'individu dans cette logique générale du monde de l'harmonie préétablie.

La liberté n'est que l'ignorance de la logique qui prédétermine nos choix.

Ainsi, le destin d'un individu se trouve dans l'essence même de son être, dans sa "notion" : c'est la théorie leibnizienne de l'in-esse.

C'est ainsi qu'il était inscrit dans la nature de César de franchir le Rubicon, et son destin s'est réalisé selon la logique de cette nature. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. La trop fameuse formule : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles» apparaît en substance dans un ouvrage de Leibniz (1646-1716) qui sut mettre son génie de logicien au service de la religion : La Théodicée (1710), dont le titre exact est : Essais de théodicée sur la bonté de Dieu, la liberté de l'homme et l'origine du mal. La Théodicée est un ouvrage où Leibniz s'efforce de résoudre quelques problèmes classiques posés à la théologie, et qu'il énonce ainsi : « Quand il n'y aurait point de concours (le Dieu aux mauvaises actions, on ne laisserait pas de trouver de la difficulté en ce qu'il les prévoit et qu'il les permet, les pouvant empêcher par sa toute-puissance.» Comment peut-on concilier la bonté de Dieu avec l'existence du mal ? Comment peut-on concilier la liberté humaine avec la toute-puissance divine ? Le terme même de théodicée signifie « justice de Dieu » (du grec théos qui signifie « Dieu » et dikè qui signifie « justice »).

Leibniz est le premier à avoir formé ce néologisme qui devait rester dans la langue philosophique.

Mais les problèmes qu'il pose sont bien connus et Épicure (341-270 avant J.-C.) en avait déjà donné une formulation vigoureuse, qui tendait à prouver que notre conception du divin est parfaitement erronée.

Le but de Leibniz est tout autre, puisqu'il s'agit de défendre la cause de Dieu. Voltaire a eu beau jeu dans Candide (1759) de se gausser d'une formule qu'il ne comprend pas et qu'il malmène. Leibniz n'écrit pas «tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes », mais « L'on a montré que cet univers doit être effectivement meilleur que tout autre univers possible » ou encore : « Il faut dire que Dieu, entre les suites possibles de choses, infinies en nombre, a choisi la meilleure, et que par conséquent la meilleure est celle-là même qui existe en acte.». »

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