Aide en Philo

Y a-t-il des vérités indiscutables ?

Extrait du document

« Définition des termes du sujet: VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.

Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. A.

Sens des termes - Y a-t-il : existe-t-il ? - Vérité : ce qui est réellement, ce à quoi l'esprit peut donner son assentiment par suite d'un rapport de conformité avec l'objet de pensée. - Indiscutable : qui s'impose manifestement, dont la valeur est certaine, qui ne relève pas de l'examen par un débat, en étudiant le pour et le contre. B.

Sens du sujet Y a-t-il des connaissances réelles et s'accordant avec l'objet qui ne relèvent pas de l'examen par un débat, par étude du pour et du contre ? C.

Problème S'il y a des vérités indiscutables devant lesquelles l'homme doit s'incliner sans débattre, une part de liberté humaine s'évanouit sans doute.

Le problème est donc ici de rattacher vérité à liberté. D.

Choix du plan On examinera la vérité à travers ses différents pôles, le pôle objectif, le pôle subjectif, etc., pour montrer que toute vérité est discutable.

Le plan sera ici du type progressif. E.

Plan 1.

La vérité sous son pôle objectif, comme notion mathématique ou comme Essence (Platon) relève d'un dialogue, d'un débat, d'une dialectique progressive : elle est, au sens fort du terme, discutable pour celui qui étudie le pour et le contre. a.

La vérité idéale et absolue, dépassant l'individu En effet, chez Platon, sa participation à l'Idée définit la vérité.

Le monde vrai, c'est celui de l'Idée, de la réalité idéale.

La vérité se confond avec l'Idée, paradigme intelligible des choses, type d'être idéal et non relatif, Modèle unique de chaque objet.

L'Idée est le principe purement intelligible de la pensée, l'espèce de roc idéal qui définit le vrai de manière non relative.

Dès lors, le Vrai transcende l'individuel et le personnel, le mouvement subjectif; il s'identifie au Beau en soi, au Bon en soi, à l'Essence en tant que telle. b.

Cette vérité est immuable et éternelle Il va sans dire que ces Essences dépassant l'individuel sont immuables, soustraites au temps, incorruptibles, étrangères à la génération et à la corruption, au devenir, à la mobilité.

L'Idée, transcendant le subjectif et l'individuel, est le modèle impérissable de chaque objet, modèle existant en dehors du temps. c.

Elle est inséparable de la dialectique L'idée, en première approche, est donc ce noyau idéal, intelligible, permanent, éternel, qui définit le vrai.

Ce noyau idéal transcende infiniment l'ordre de la subjectivité et de l'individuel.

L'itinéraire vers le vrai se confond ici avec la dialectique, avec une ascension permettant de remonter de concept en concept, de proposition en proposition, jusqu'à la réalité intelligible dépassant la sphère subjective.

Dialectique, Idée et Vérité semblent donc unies, indissolublement.

Dans le monde moderne, la vérité scientifique, obtenue par une ascension perpétuelle, représente le prototype ou le substitut de cette forme éternelle du vrai, dont les mathématiques sont, dans notre culture, le modèle le plus achevé. Ainsi, la vérité transcende non seulement la sphère de la pure subjectivité, mais aussi le domaine de la Personne et du Sujet : en effet, c'est bien la Personne qui tend au vrai de toute son âme mais le vrai ne se confond ni avec la Personne ni avec le Sujet. 2.

La vérité sous son pôle subjectif, comme certitude de l'esprit pensant et vérité mobile, relève tout autant d'un débat et d'une discussion. a.

La mise en doute du vrai objectif et absolu. Cet aboutissement autoritaire, inacceptable pour la personne et pour l'individu, nous conduit à mettre en doute la conception précédente.

La soumettre au doute signifiera suspendre le jugement jusqu'à ce que des éléments clairs se présentent à nous.

Comment, en effet, ne pas soumettre au soupçon cette vision du vrai, dogmatique et par conséquent dangereuse ? b.

Le jugement subjectif et ses critères. Le doute porte d'abord sur l'accession à la connaissance de l'Idée.

Quel critère permettra de savoir si l'on a atteint l'Idée ? Platon ne la déclare-t-il pas lui-même, dans le Parménide, pratiquement inaccessible ? Or l'expérience immédiate et quotidienne nous incite à déclarer vrais toutes sortes de phénomènes qui se déroulent devant nous.

Le soleil est très chaud aujourd'hui : voilà un énoncé que nous déclarons être vrai sans hésitation.

Dès lors, notre opinion ou notre « croyance » subjective peuvent se substituer à la vérité « objective ».

Cette opinion correspond à l'état d'esprit variable de l'individu tenant une proposition pour déterminée et fixée, alors qu'elle est relative à lui-même.

Dès lors, le jugement subjectif marque de son sceau toute assurance et tout rapport au vrai. C'est en nous-mêmes que vont se trouver les critères du vrai et non plus dans quelque puissance extérieure inaccessible. - Le « sentir » des Sophistes Une des premières réponses, purement subjectives, à la question « qu'est-ce que le vrai », nous fut, en effet, apportée par les Sophistes.

Ces maîtres de rhétorique et d'éloquence, qui vécurent, pour l'essentiel, au Ve siècle avant J.-C., et dont le plus célèbre fut Protagoras d'Abdère (484-404), professaient que la science et la vérité ne sont rien d'autre que la sensation.

Telle une chose m'apparaît, telle elle est.

Si le vent est froid pour moi, froid il est en soi.

Telles chacun sent les choses, telles elles sont.

La sensation a toujours un objet réel et n'est pas susceptible d'erreur.

En nous-mêmes, en notre sensibilité subjective, se trouvent donc les critères du vrai.

Les Sophistes affirmaient un subjectivisme radical. - L'évidence comme caractère de ce qui entraîne immédiatement l'assentiment de l'esprit Dans cette perspective, lorsque le jugement façonne et détermine le vrai, lequel ne transcende plus ni l'individu ni la Personne, c'est l'évidence qui peut jouer, en certains cas, un rôle prédominant.

Ici, nous rappellerons l'exemple, célèbre, de la méthode cartésienne, où il s'agissait de ne recevoir aucune chose pour vraie qui ne fût évidente, c'est-à-dire si claire et si distincte que l'esprit n'ait plus la possibilité de la mettre en doute. - La passion subjective: Examinons maintenant un nouvel élément subjectif, qui ne sera plus ici d'ordre intellectuel, mais affectif : la passion.

Et, en effet, il semble bien que nous soyions désormais en mesure de rendre sa valeur à la passion subjective dans sa relation au vrai.

Le vrai n'est pas seulement le fruit de facteurs intellectuels, mais bien de tout ce qui touche à l'affectivité.

Dès lors la passion, définie comme attachement dominant, se trouve réhabilitée dans son rapport au vrai.

Ainsi fit Kierkegaard, pour qui la vérité ne transcende ni la subjectivité ni la passion.

Le chrétien authentique, dans la perspective de Kierkegaard, est conduit au vrai par la passion, par la foi subjective de l'individu souffrant et aimant.

La passion de la vérité le mène droit au Christ. - Le vrai, produit d'un désir: La pensée moderne a particulièrement insisté, à juste titre, sur les éléments affectifs, voire passionnels, qui conduisent au vrai, sur l'itinéraire du vrai en tant qu'il est précisément inséparable de ce vrai lui-même.

Ainsi Nietzsche a-t-il remarquablement mis à jour le désir qui se profile derrière certains énoncés qui se voudraient purement spéculatifs ou théoriques.

Par exemple, l'homme cherche « la vérité » dans le domaine métaphysique.

Il en vient à poser un monde permanent, intelligible, au-delà du monde phénoménal.

Mais, quand il postule ce « monde vrai », immuable, c'est le désir qui inspire ces raisonnements, le désir qu'il existe un pareil monde, au-delà des souffrances phénoménales, du devenir changeant. Par conséquent, le désir - la tension vers un but anticipé comme pôle de satisfaction - peut être à l'origine du « vrai », lequel est alors le produit d'un désir, le fruit de notre « négativité » ellemême. c.

Une vérité plus mobile, fruit d'une expérience immédiate qui l'engendre.

Vers la tolérance. Si la certitude subjective, voire la passion et le désir, engendrent un vrai et une vérité qui, dès lors, ne transcendent plus la sphère de la Personne ni de l'individuel, la vérité est, dès lors, plus mobile, elle échappe à l'immuabilité.

Cette donnée mobile et vivante est le fruit d'une expérience immédiate, et non point d'un itinéraire semblable à la dialectique, d'un cheminement réglé, intellectuel et progressif. On notera que, dans cette perspective, la vérité cesse de conduire au dogmatisme ou à un modèle de politique autoritaire, comme dans le cas précédent.

S'il y a des vérités plurielles, individuelles, alors la tolérance accompagne le jugement subjectif de l'esprit pensant, le désir (subjectif) se connaît dans sa relativité. d.

Risque de cette théorie : le pluralisme. Tolérance et saisie de la relativité, voici qui est positif.

Néanmoins, si la vérité se confond avec le produit d'une quête purement individuelle et subjective, force est de reconnaître que les vérités s'éparpillent et se fragmentent à l'infini.

Le pluralisme des vérités peut, lui-même, aboutir au scepticisme, c'est-à-dire à la doctrine ou à la tournure d'esprit de celui qui doute de tout, systématiquement. Dès lors, ne peut-on dépasser ces deux positions antithétiques, d'une part, une conception purement « objectiviste » du vrai, d'autre part, une théorie qui aboutit au subjectivisme, voire au scepticisme ? En définitive, le vrai, qu'il soit « objectif » ou « subjectif », ne le construisons-nous pas nous-mêmes par la puissance de notre pensée ? Nous pouvons nous interroger ainsi sur la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles