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Y a-t-il des images sans modèle ?

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« Remarques sur l'intitulé du sujet : · Le sujet invite à s'interroger sur une réalité (« y a-t-il … ? ») · La réalité en question = images sans modèles, c'est-à-dire des images qui n'auraient aucun référent, qui ne renverraient à rien d'autres qu'à elles-mêmes. · La difficulté tient à ce que de telles images, si elles existent, semblent ne plus être des images ; en effet, le propre de l'image, à première vue, consiste précisément à produire une copie ou un reflet du réel plus ou moins conformes et fidèles à cette réalité décalquée. · Toutefois, si la question se pose, c'est bien que certaines images semblent ne pas toujours se poser comme des doubles, semblent n'avoir aucun modèle.

Exemple : l'image d'un être fantastique ou d'une cité parfaite… Ces images, que l'on peut trouver en couvertures de livres de Science-fiction ou sur un écran de cinéma n'ont aucun équivalent dans la réalité : leur modèles n'existe pas.

Mais une fois de plus, qu'est-ce qui fait que ces « images » sont bien des images (et non des fantasmes par exemple) ? · Pour résoudre la difficulté, il conviendra de donner plusieurs sens au concept d'image et en particulier, il faudra bien déterminer les activités productrice d'images : celles-ci sont-elles toutes réductibles à la Mimesis (action de produire une image au moyen d'un modèle idéal ou réel) ? Il s'agira de savoir dans quelle mesure on peut accorder une part de créativité à l'imagination : est-elle nécessairement reproductrice ou peut-elle produire du nouveau (des images sans modèles) ? · On pourra aussi opérer une distinction au sein des images elles-mêmes : les images mentales (celles qui ne sont observables que d'un point de vue individuel, subjectif) et les images mondaines (celles qui existent en dehors de ma perception) Problématique : On admet volontiers que la production d'images est mimétique.

En ce sens, il n'y aurait pas d'images sans modèles.

Pourtant, on admet aussi que l'imaginaire, et en particulier les images littéraires qui y sont produites, ne prennent modèles sur rien : elles sont à elles seules leur propre référent.

On peut cependant se demander dans quelle mesure l'imagination est-elle capable de produire de la nouveauté, comment parvient-elle à s'abstraire de la réalité donnée pour constituer un univers (mental ou empirique) à part entière ? Y a-t-il des images sans modèles ou bien l'imagination est-elle toujours redevable d'une part d'imitation ? 1- UNE IMAGE SANS MODÈLE N'EST PAS UNE IMAGE a) qu'est-ce qu'un modèle ? Lorsque l'on parle d'une « petite fille modèle », on entend par là que cette fillette mérite d'être imitée, que chaque enfant devrait, dans sa conduite et ses paroles, prendre exemple sur elle.

Un modèle est donc d'abord ce qui, dans un genre donné, mérité d'être reproduit.

Mais le latin modus, dont nous tenons le terme modèle, signifie « mesure » : le modèle est donc aussi un critère d'évaluation.

Il n'a pas qu'une valeur exemplaire : il permet de juger de la qualité de l'imitation.

Il est un outil de comparaison. b) La mimesis Le concept grec de mimesis renvoie précisément à l'action de produire un objet d'après un modèle : le résultat de cette action est appelé « eikon », ce qui ressemble à X sans être X.

L'eikon, image, est donc ce qui diffère de son modèle tout en lui ressemblant.

En effet, l'image par rapport à son modèle n'est pas un décalque, un double si parfait qu'on ne parviendrait plus à distinguer la copie de l'original.

Ce genre d'images totalement ressemblantes est appelé « phantasma », illusion ou eidolon.

Celles-ci ne sont pas des images dans la mesure où, comme le montre Platon dans le Sophiste, de telles copies tendent à se substituer à leurs modèles, à se faire passer pour eux.

Or l'image digne de ce nom a précisément pour fonction de renvoyer au modèle soit en manifestant son absence sensible (le lit de l'artisan manifeste le lit en soi, intelligible), soit en redonnant de la présence à ce qui n'est plus (l'image = passage du passé au présent). Il ne peut donc pas y avoir d'images sans modèles : si l'image existe bien à part de son modèle (elle ne lui est pas identique et ne peut être confondue avec lui sous peine de ne pas remplir sa fonction d'image qui consiste à renvoyer à autre chose qu'elle-même), elle ne peut cependant pas émerger sans un modèle : la production d'image implique de rendre présent des faits passés ou de rendre sensible des formes abstraites. Transition : S'il n'y a pas d'image sans modèles, c'est avant tout parce que le rôle de l'image – ce qui fait qu'elle est une image et non un simulacre ou une illusion – consiste à reproduire un être absent ou une perception passée.

Ce faisant l'image est à la fois semblable à son modèle tout en s'écartant de lui[1]. Toutefois, cette conception tend à éluder le mode de donation spécifique qui caractérise l'image : toujours pensée relativement à un modèle (l'image est image de...), on se fixe sur son origine au lieu de la prendre telle qu'elle se donne. Problème : l'image doit-elle forcément renvoyer à une réalité qui lui préexiste ou peut-elle constituer une réalité à part entière (= l'imaginaire) ? Enjeu : la liberté du sujet imageant, producteur d'images (dédoubler le réel n'a aucun sens ; en revanche, produire des images, imaginer une autre réalité en toute liberté, revient à se donner les moyens de modifier la réalité). 2- L'IMAGINAIRE DÉSIGNE PRÉCISÉMENT LA SPHÈRE SUBJECTIVE OÙ LES IMAGES SONT SANS MODÈLES. »

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