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Y a-t-il des différences insurmontables ?

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« Le terme de différence peut désigner soit une relation, soit une propriété intrinsèque.

Dans le sens de la relation, la différence est toujours différence entre deux objets, deux êtres, deux réalités.

Elle désigne alors toute relation d'altérité et d'extériorité entre deux termes ayant quelque chose en commun.

En effet, la différence ne doit pas être confondue avec la contradiction, cas spécifique de la différence, qui est une incompatibilité entre deux termes.

La différence comme relation est la marque d'une altérité qui n'est pas forcément contradictoire. Comprise comme propriété intrinsèque, la différence est ce qui qualifie un étant singulier en lui-même.

Elle est alors ce qui permet de le caractériser. Le sujet sera pris ici dans ce qu'il a d'anthropologique, à savoir dans le domaine des relations humaines entre individus d'une même société et des relations interculturelles. Nous constatons en effet chaque jour la différence comme relation entre les différents membres d'une société, qui se comprend d'ailleurs souvent comme une injustice.

Nous avons également affaire à des différences entre les sociétés ; différences souvent profondément ancrées dans des culturelles, dans des religions.

Ici, nous voyons que les deux sens du terme de différence se rejoignent.

C'est en effet parce que les hommes et les sociétés ont des caractères particuliers que leur relation est comprise dans le sens d'une inégalité, au sens neutre (ce ne sont pas les mêmes réalités) et au sens moral (injustice). Il apparaît que c'est la vocation même de l'homme à être un animal culturel et perfectible qui soit à la base de ce rapport de différence, qui rend parfois l'homme étranger à ses semblables.

En effet, la différence entre les hommes et les sociétés révèle un paradoxe de la perfectibilité humaine.

L'homme en se spécifiant et en devenant un être particulier au sein de sociétés elles-mêmes particulières perd le sentiment d'appartenir à une communauté humaine égalitaire.

Certaines différences, non pas tant physiques que culturelles semblent bien en cela insurmontables, puisqu'elles résultent de la capacité humain à se spécifier et deviennet pour lui comme une « seconde nature ». Or, pour faire régner une justice sur le plan de la communauté humaine en général, nous avons besoin de dépasser ces différences qui semblent effectivement insurmontables, puisqu'elles tiennent à la nature même de l'homme qui est d'être perfectible.

Ces différences, sources d'injustice mais également d'incompréhension et de conflits, semblent donc devoir être surmontées afin d'ancrer l'homme dans une communauté possible, dans une entente possible avec ses semblables. Il apparaît que le seul moyen de surmonter les différences soit de considérer autrui, mais également l'autre en général (l'autre culture, l'autre religion) comme une possibilité actualisée qui a pour base le même fond qui est l'homme.

Ce fond humain qui se caractérise, se spécifie, est un terrain commun lisible dans la permanence de certains traits, à savoir la capacité même de se perfectionner, de raisonner et de communiquer.

Les droits de l'homme, qui tentent d'instaurer à l'échelle humaine un ordre de justice repose sur cette idée d'une communauté de fond qui rend justement possible la différence.

La déclaration des droits de l'homme, qui affirme que tous les hommes sont égaux en droit souligne bien l'existence de ce fond commun qui, malgré les spécifications, nous place tous comme égaux.

En cela, les différences semblent bien surmontables. Cependant, nous risquons ici de tomber dans un paradoxe.

Car poser cette égalité en droit ne doit pas se confondre avec l'affirmation d'une égalité de fait.

En effet, si les hommes ont bien l'humanité en commun, cette humanité est justement caractérisée par la possibilité de se spécifier et de devenir un individu différent.

L'égalité n'est pas l'identité.

L'égalité de droit entre les hommes ne doit donc pas devenir un égalitarisme de fait, où chaque homme devrait être semblable aux autres, chaque sociétés semblables aux autres sociétés, dans une même spécification. En cela, certaines différences sont insurmontables et doivent l'être, au nom de l'impossibilité morale de rendre les hommes identiques.

Le conformisme, ou les dérives de certains régimes basés sur une vocation factuellement égalitaire sont les signes du danger qu'il y a à vouloir gommer les différences.

Ces dernières sont justement ce qui distingue l'homme au sein du genre animal, lui donnant la possibilité de se poser en individu particulier et doué d'une conscience critique.

La relation à autrui est en cela exemplaire puisque je ne reconnais autrui comme mon semblable (en tant qu'homme) qu'à travers la conscience de sa différence, de son altérité (autrui est mon alter ego). Ainsi, si le droit doit se fonder sur l'égalité des hommes, qui comprend chaque individu comme un homme doué des mêmes droits et des mêmes devoirs que les autres, cette égalité ne peut pas s'instaurer sur le plan factuel d'un égalitarisme conformiste qui contredirait la spécificité de l'homme à être perfectible et à se déterminer.

La différence qui fait l'individu doit dès lors ester ordonner à un principe d'égalité entre les hommes mais doit pourtant exister comme droit pour l'homme de se déterminer.. »

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