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Vivre dans la nature, est-ce vivre en liberté ?

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« [La vie urbaine repose sur de permanentes et aliénantes contraintes.

La nature, quant à elle, n'impose rien. N'est vraiment libre que celui qui choisit de retourner vivre au sein de la nature.] C'est au sein de la nature que l'homme s'épanouit Ainsi que l'écrit Cicéron: «Nous avons enfermé les bêtes pour notre plaisir.

Eh bien, elles ont beau être plus copieusement nourries que si elles étaient libres, elles supportent difficilement d'être ainsi tenues en cage, et réclament la souple liberté de mouvement que leur avait accordée la nature» {Du Souverain Bien et du mal suprême).

Pour l'homme, ce sont les villes qui sont les cages. La technique ne libère pas l'homme Même si Le Corbusier a voulu concevoir une architecture à dimension humaine, il n'empêche que les développements de la civilisation, d'une manière presque mécanique, impliquent des contraintes qui nuisent bien plus à la liberté de l'homme que celles que lui impose la nature. L'homme est né libre Toute la philosophie morale et politique de Rousseau repose sur cette idée: concevoir une société qui soit à l'image de cet état de nature dans lequel vivaient librement les hommes avant l'instauration du pacte social. Cette société idéale n'existant pas, celui qui veut la liberté doit retourner à la nature. L'homme est né libre et partout il est dans les fers (Rousseau). La formule de Rousseau est marquante en ce qu'elle énonce magistralement un paradoxe : l'homme est naturellement libre, il naît libre, mais il est toujours politiquement et socialement asservi.

Saisir l'enjeu de cette phrase contraint à la replacer dans son contexte, et à comprendre qu'elle inscrit Rousseau dans la lignée du « droit naturel », qui s'inscrit contre les théoriciens du « droit divin ». Dire que « l'homme est né libre » est répondre à une phrase de Bossuet (1627-1704) : « Les hommes naissent tous sujets ».

Bossuet affirmait que cette sujétion de l'homme est naturelle dans un ouvrage dont le titre est un programme et un manifeste : La politique tirée des propres paroles de l'Ecriture sainte ». Depuis le XVI ième, la théorie politique voit s'affronter deux courants ; la théorie du droit divin, voire de la monarchie de droit divin, dont Bossuet est un représentant, et la théorie dite du « droit naturel » à laquelle Rousseau se rallie. La théorie du droit divin se fonde sur un passage de la Bible, et plus précisément sur ce passage de l' « Epîtres aux Romains » de Saint Paul : « Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures, car il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu et celles qui existent ont ètè instituées par lui.

Ainsi qui résiste à la puissance, résiste à l'ordre de Dieu [...].

Il est nécessaire d'être soumis non seulement par crainte, mais encore par l'obligation de conscience ». Toute autorité politique vient de Dieu, et donc qu'il existe aucun droit de résistance face aux autorités en place, qui n'ont de compte à rendre qu'à la divinité.

Quel que soit le régime, on lui doit une obéissance inconditionnelle. Ce courant s'est vu concurrencé par un autre, (né avec la Réforme de Luther et la contestation des autorités politiques et religieuses), qui affirme, comme le fera Rousseau, que l'homme est naturellement libre, qu'il a naturellement droit de se gouverner lui-même, de décider lui-même ses actions.

La conséquence majeure est que le pouvoir, l'Etat, l'autorité, sont donc des créations volontaires, artificielles, des hommes.

Rousseau et ses prédécesseurs admettent que l'homme est naturellement libre et indépendant, et donc que les hommes décident volontairement, et dans un but précis, de se. »

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