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Vaincre la crainte de la mort ?

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1. ON NE CRAINT PAS LA MORT PARCE QU'ON LA SOUHAITE Une tradition dualiste. Dès l'Antiquité grecque, la tradition de pensée occidentale a manifesté une forte propension à écarteler l'individu humain en opposant en lui l'esprit et le corps. Aussi, pour ce qui est de notre condition posthume, Platon, les Pères de l'Eglise, et bien d'autres après eux, affirment-ils ou laissent-ils supposer de diverses manières que, si la matière du corps doit retourner à la poussière, l'âme immatérielle - à l'inverse - peut prétendre à l'immortalité.

« Vaincre la crainte de la mort ? 1.

ON NE CRAINT PAS LA MORT PARCE QU'ON LA SOUHAITE Une tradition dualiste. a.

Dès l'Antiquité grecque, la tradition de pensée occidentale a manifesté une forte propension à écarteler l'individu humain en opposant en lui l'esprit et le corps. b.

Aussi, pour ce qui est de notre condition posthume, Platon, les Pères de l'Eglise, et bien d'autres après eux, affirmentils ou laissent-ils supposer de diverses manières que, si la matière du corps doit retourner à la poussière, l'âme immatérielle — à l'inverse — peut prétendre à l'immortalité. La mort comme séparation de l'âme et du corps. a.

Selon Platon, l'âme humaine est éternelle : elle n'est pas seulement immortelle ; elle est aussi inengendrée.

La mort n'est jamais, à ce compte, que la dissolution d'une union passagère : elle n'est rien autre chose, explique Socrate dans sa prison, que la séparation de l'âme d'avec le corps (Platon, Phédon, 64 c). b.

Quand il aura bu tout à l'heure la ciguë, Socrate ne sera donc pas ce cadavre que pleureront ses disciples ; on ensevelira son corps, mais l'âme de Socrate s'en sera allée loin d'« ici » (Phédon, 115 d). La philosophie comme préparation à la mort. a.

« Tant que nous aurons le corps associé à la raison dans notre recherche, déclare Socrate, et que notre âme sera contaminée par un tel mal, nous n'atteindrons jamais complètement (...) la vérité » (Platon, Phédon, 66 b). b.

Le philosophe aurait donc bien tort de redouter la mort, lui qui, toute sa vie durant, s'est appliqué à s'abstraire de son propre corps, lui qui n'a cessé, en somme, de s'exercer à mourir. 2.

ON NE CRAINT PAS LA MORT A FORCE D'Y PENSER « Apprivoiser » la mort (Montaigne). a.

Les hommes, remarque Montaigne (1533/1592), négligent de penser à la mort : « ils vont, ils viennent, ils trottent, ils dansent, de mort nulles nouvelles » (Essais, II, ch.

20). b.

Aussi, au « remède du vulgaire » qui est de « n'y penser pas », Montaigne oppose-t-il la «préméditation de la mort»: le sage prendra coutume d'avoir « continuellement la mort en la bouche » (Essais, 1.

I, ch.

20).

Alors seulement, l'ayant apprivoisée, il se délivrera de la crainte de la mort ; ayant appris à mourir, il aura, du même coup, « désappris à servir » (Ibid.). Méditer la fatalité de la mort (Stoïciens). La sagesse stoïcienne, dont Montaigne s'inspira d'ailleurs largement, tenait également la constante considération de la mort pour une voie d'accès vers la sagesse et la vertu (cf.

Epictète, Manuel). 3.

ON NE CRAINT PAS LA MORT PARCE QUE C'EST UNE CRAINTE SANS OBJET « Le plus terrifiant des maux, la mort, n'est rien pour nous, puisque quand nous sommes, la mort n'est pas là, et, quand la mort est là, nous ne sommes plus.

» Tel est, dans sa logique brutale, l'argument par lequel Epicure (IIIe siècle av.

J.C.) prétend réduire à néant la crainte de la mort dans sa Lettre à Ménécée. Penser la mort, c'est penser le rien. Montaigne lui-même, dans un chapitre du livre III des Essais (publié en 1588, soit 8 ans plus tard que le chapitre évoqué plus haut), en vient à considérer que « nous troublons la vie par le soin de la mort et la mort par le soin de la vie » (Essais, 1.

III, ch.

12). « Un homme libre, écrit Spinoza (1632/1677), ne pense à aucune chose moins qu' à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie » (L'Ethique, 1.

IV, proposition 67, 1677).. »

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