Une vraie démocratie doit-elle tolérer les inégalités ?
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«
Une vraie démocratie doit-elle tolérer les inégalités ?
Définition des termes du sujet
Ce qu'il s'agit ici de définir n'est pas simplement la démocratie, mais la « vraie » démocratie.
La
démocratie est un type de régime politique dans lequel la souveraineté et l'exercice du pouvoir reviennent
au peuple (étymologiquement, « démocratie » signifie « pouvoir du peuple », du grec démos, le peuple, et
kratos, le pouvoir).
Un soupçon est ici porté sur la manière dont ce type de pouvoir est exercé : il y
aurait de « fausses » démocraties, des démocraties qui ne rempliraient pas les conditions auxquelles un
régime est à proprement parler une démocratie.
Ce soupçon concerne la question de la tolérance des
inégalités par un régime démocratique.
Le problème est posé sous l'angle particulier du devoir : la question « doit-on » porte en effet sur une
obligation : cette obligation peut cependant se comprendre en deux sens, ou bien comme un devoir que
l'on nous impose ou que nous nous imposons à nous-mêmes, pour des raisons morales par exemple, ou
bien comme une nécessité : nous devons faire telle chose parce que ne pas le faire est simplement
impossible, pour des raisons de survie par exemple.
Tolérer, c'est accepter l'existence d'une chose et ne pas l'empêcher, sans pour autant approuver cette
chose : l'acceptation induite par la tolérance est donc limitée dans son fondement.
Une inégalité est un déséquilibre dans la répartition d'un certain objet - pouvoir, richesses, par exemple.
La démocratie peut sembler avoir pour but l'établissement et le maintien d'une égalité entre ses citoyens :
elle ferait en sorte que chacun ait le même statut, le même pouvoir.
Cependant, du point de vue des
individus qui composent cette démocratie, il semble peut-être difficile de soutenir l'existence d'une
égalité.
La démocratie aurait-elle pour vocation d'effacer les inégalités existant entre les hommes ? Ou
cela serait-il une utopie rendant impossible la pratique politique démocratique ? Autrement dit, la
démocratie tolérant les inégalités serait-elle une démocratie aliénée, contrevenant à l'idéal démocratique,
ou serait-elle au contraire la seule démocratie possible en pratique ? Il faudra répondre à cette question
en distinguant éventuellement divers types d'inégalités, certains tolérables par la démocratie, d'autres
intolérables, de manière à pouvoir décider quel est le rapport que la « vraie » démocratie doit entretenir
avec l'existence des inégalités.
Éléments pour le développement
* Droit démocratique et égalité
Alain, Propos sur les pouvoirs
« Qu'est-ce que le droit ? C'est l'égalité.
Dès qu'un contrat enferme quelque inégalité, vous soupçonnez
aussitôt que ce contrat viole le droit.
Vous vendez ; j'achète ; personne ne croira que le prix fixé après
débat et d'un commun accord soit juste dans tous les cas ; si le vendeur est ivre, tandis que l'acheteur
est maître de son jugement, si l'un des deux est très riche, et l'autre très pauvre, si le vendeur est en
concurrence avec d'autres vendeurs tandis que l'acheteur est seul à vouloir acheter, si le vendeur ignore
la nature de ce qu'il vend, livre rare ou tableau de maître, tandis que l'acheteur la connaît, dans tous les
cas de ce genre je dirai que le prix qui est payé est un prix d'occasion.
Pourquoi ? Parce qu'il n'y avait pas
égalité entre les parties.
Qu'est-ce qu'un prix juste ? C'est un prix de marché public.
Et pourquoi ? Parce que, dans le marché
public, par la discussion publique des prix, l'acheteur et le vendeur se trouvent bientôt également instruits
sur ce qu'ils veulent vendre ou acheter.
Un marché, c'est un lieu de libre discussion.
Un tout petit enfant, qui connaît mal l'utilité relative des choses, et qui ne règle le prix que sur son désir.
»
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