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Une vérité peut-elle etre inutile ?

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« Analyse du sujet : · Il ne s'agit pas de s'interroger sur la vérité, mais sur ce que peut être une vérité.

Autrement dit, il s'agit d'évaluer un cas particulier, d'inscrire la réflexion dans la particularité et prendre en compte l'unicité d'une situation possible (ou impossible, selon la réponse que l'on donnera à la question). · Enjeu : la valeur du vrai dans sa dimension pratique c'est-à-dire morale et/ou politiques.

Cette perspective se trouve renforcée dans l'énoncé du sujet par l'adjectif « inutile » : est utile ou non ce qui remplit une fonction, réalise une fin donnée, et, cette fin étant tenue pour un bien, elle décide de la valeur de la chose considérée. · Ainsi, la vérité, lorsqu'elle est pensée dans ses conséquences pratiques, doit avoir un intérêt ; mais – et c'est là le problème posé par ce sujet –, cela peut aussi bien ne pas être le cas, et cela, non pas, évidemment, de façon absolue (comme si aucune vérité ne pouvait jamais avoir un quelconque intérêt puisqu'une telle thèse serait en contradiction avec le présupposé du sujet qu'on nous demande de discuter et non de nier) , mais potentiellement. Problématique : Est utile ce qui sert un intérêt.

Une vérité sera donc dite utile si son usage présente un avantage comme celui de satisfaire un besoin ou un désir.

Au contraire, une vérité est donc inutile lorsqu'elle se montre dommageable, nuisible et qu'elle dessert quelqu'un.

Mais de quel droit évaluer la vérité en des termes économiques ? Ce qui est vrai ne s'impose-t-il pas sans égard au plaisir ou au déplaisir qui pourrait en résulter ? Toutefois, la vérité n'est pas seulement ce qui est pensé et elle ne se limite pas à désigner la forme et la cohérence d'une connaissance qui est conforme à son objet : elle est aussi une valeur.

Le vrai est aussi ce qui est juste, correct, au sens moral du terme (le contraire du vrai ici n'est pas l'erreur mais la faute).

Mais comment une vérité, étant par définition ce qui est juste, peut-elle alors être inutile ? Comment la rectitude morale (l'honestum ou convenance des latins) pourrait-elle nous desservir, aller contre notre intérêt ? Cependant, l'équation vrai et bien ne va pas de soi.

Ne peut-on pas être dans le vrai sans être vertueux « coûte que coûte » ? 1- UNE VÉRITÉ NE PEUT ÊTRE INUTILE a) Vérité et utilité : A priori, une vérité est tout ce qu'il y a de plus utile : au contraire de l'honnêteté et de la sincérité, le mensonge et la duplicité nuisent à l'ordre collectif.

Le diable est le menteur par excellence et il est celui qui sème la discorde (diabalein = diviser).

Au contraire, la vérité qui, par principe, porte le sceau de l'universalité et de la nécessité, et étant immuable, semble synonyme d'unité.

En effet « 2 + 2 = 4 » et cela, quel que soit celui qui considère cet énoncé ; ce dernier est vrai pour tout individu.

La vérité, au lieu de séparer, est ce qui met tout le monde d'accord (sans cela, est-elle encore une vérité ??) et c'est en cela que réside son intérêt : elle fait que les particularités qui tendent à diviser une communauté, convergent.

C'est pourquoi une vérité ne peut être inutile : une vérité = un bien et donc ce qui est désirable.

Cette relation trouve sa formulation théorique chez les stoïciens dont l'éthique est fortement inspiré de la sagesse socratique. b) « l'utile ne peut être disjoint de la rectitude morale »[1] L'utilité est indissociable du bien : ce que je pense servir mon intérêt ó ce que je pense être un bien.

Le mal = le nuisible.

Or, ce bien est découvert par la raison en ce qu'il traduit un certain ordre.

Pour la morale stoïcienne, l'homme est d'abord mû par l'amour de soi : il cherche ce qui lui plaît et fuit ce qui nuit à la préservation de sa vie.

En cela, les valeurs qui lui sont données primitivement, lui viennent de la nature.

La nature installe les êtres dans le monde et c'est elle qui fait que chacun est « approprié à soi ».

Or, l'homme a, par rapport aux autres êtres la capacité de percevoir cette rationalité de la nature et la valeur de cet ordre dépasse de loin les valeurs qu'il accorde aux biens particuliers qui favorisent sa conservation.

La rationalité de la nature (signalée par l'utilité des biens particuliers) a plus de prix, est ce qui le plus de valeur et c'est donc elle qui doit diriger nos actions et qui sera critère de vertu. Ainsi Cicéron reprenant la doctrine grecque de l'auteur stoïcien Panétius, nomme honestum, la vertu, ou convenance, c'est-à-dire le fait d'agir conformément à la nature, conformément au bien.

L'utilité est donc un indicateur de ce qui est vertueux, de ce qui correspond à la rationalité de la nature.

Ainsi, l'honnête ne peut donc pas être inutile : il appartient à l'ordre naturel : l'homme se réalise pleinement dans la raison, c'est-à-dire dans la vertu. Transition : Si, comme le fait remarquer Aristote, le monde des « affaires humaines » ne connaît pas la nécessité et la fixité des objets physiques, ne faut-il pas admettre que certaines vérités, compte tenu des circonstances, ne sont pas utiles, au sens où l'illusion et le mensonge leur seraient préférables ? Exemple : mensonge bienveillant : je peux mentir à des assassins venu tuer un ami réfugié chez moi. Peut-on par conséquent être dans le vrai sans forcément se conformer explicitement aux règles de la morale ? Enjeu : qu'est-ce qui est proprement utile ? La valeur d'une vérité ne dépend-elle pas davantage de ses conséquences pratiques plutôt que de sa justesse morale ? 2- UNE VÉRITÉ PEUT ÊTRE INUTILE : LE RÉALISME POLITIQUE. »

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