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Une vérité est-elle discutable ?

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« Introduction Peut-on discuter une vérité ? Il serait étonnant de ne pas pouvoir le faire.

Une vérité se distingue d'une simple croyance.

Les croyances veulent se faire passer pour des certitudes et se donnent souvent comme indiscutables.

L'autorité qu'elles revendiquent masque leur incapacité à prouver leur vérité.

Elles réclament d'être transmises comme des objets sacrés parce qu'elles redoutent la contradiction à laquelle elles ne savent pas répondre.

Au contraire, le propre d'une vérité, établie comme telle, ne relevant donc plus de la subjectivité de la croyance, est de se justifier par des raisons.

La valeur de vérité d'une proposition se mesure à sa capacité de répondre aux objections, de résister à la critique.

On a donc toujours le droit, et même le devoir, de discuter une vérité ou toute connaissance qui se pose comme telle. Mais jusqu'où cet examen critique peut-il aller ? Admettre qu'il est toujours possible de contredire une vérité, autrement dit qu'aucune connaissance n'est vraiment capable de répondre aux objections qu'on lui adresse, n'est-ce pas considérer que l'homme est incapable de dépasser le doute et l'incertitude ? C'est là la position sceptique.

Si on estime au contraire que la mise à l'épreuve critique de nos pensées permet de les départager, d'en écarter certaines au profit d'autres, plus solides, alors on admet que l'homme peut atteindre des vérités.

Reconnues comme telles, elles cessent d'être discutées, sauf par quelques esprits obstinés qui se complaisent à de vains débats.

Qui discute encore de l'héliocentrisme copernicien ? du fait de l'évolution des espèces ? Mais reconnaissant qu'il y a de l'indiscutable, n'est-ce pas verser dans le dogmatisme ? C'est ce qu'il va falloir examiner. 1.

On peut toujours discuter une vérité A.

Qu'est-ce qu'une vérité ? Les choses en elles-mêmes ne sont ni vraies ni fausses : elles sont ou ne sont pas.

La vérité réside dans la manière dont on les pense. Ce que j'affirme est vrai si ma proposition est en accord avec l'objet de ma proposition.

Dire qu'il fait telle température, à tel endroit et à tel moment est vrai si à cet endroit, à ce moment, le degré de température est bien celui affirmé.

Sinon il y a erreur, non conformité entre ce qui est dit et la réalité. B.

Nos vérités sont toujours incertaines Mais comment prouver qu'une connaissance est vraie ? Il n'est bien sûr pas possible de vérifier si notre pensée est en accord avec la réalité en elle-même, telle qu'elle existe indépendamment de nos sens.

Toutes nos informations sur le réel passent par le filtre déformant de nos sens.

Comment espérer que notre savoir, fondé sur cette sensibilité, puisse être conforme au réel absolu ? Il faudrait, pour le savoir, sortir de notre humaine condition et atteindre un point de vue quasi divin.

Dieu seul peut, en effet, s'il existe, prendre la mesure de l'écart qui règne entre la réalité et l'idée que nous nous en faisons.

Dieu est ainsi le seul garant d'une vérité entendue au sens métaphysique d'une connaissance certaine de la réalité absolue. Même si nous nous contentons pourtant, comme le fait la science moderne, de vouloir connaître le monde des apparences sensibles, c'est-à-dire le réel tel qu'il nous apparaît, nos vérités ne s'en trouvent pas mieux assurées.

Car une vérité scientifique s'appuie toujours sur des données d'observation pouvant changer.

Le dynamisme théorique des sciences exclut que l'on puisse tenir une de leurs vérités pour définitive.

Le vrai n'est donc jamais à l'abri d'une mise en question.

Cette incertitude rend les vérités humaines toujours discutables. 2.

Une vérité peut être indiscutée A.

Nécessité de la vérité L'incertitude du savoir humain doit-elle nous conduire au doute sceptique ? Il convient, pour y échapper, de nuancer l'idée d'une incertitude des connaissances humaines.

Il suffit en effet d'avoir quelques notions de mathématiques pour comprendre que certaines vérités sont démontrables et de ce fait certaines.

Certes, cette certitude démonstrative est relative : une conclusion n'est valide qu'à la condition de partir de propositions premières ou principes qui, eux, ne sont pas démontrés.

On peut donc toujours remettre en question la démonstration la plus parfaite en en contestant les fondements.

Il n'empêche que dans le cadre de ses principes, un enchaînement déductif rigoureux est incontestable.

À partir des axiomes géométriques d'Euclide, le théorème de Pythagore (la carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des côtés opposés) est indiscutable.

II existe donc bien une nécessité démonstrative qui rend les propositions démontrées bien supérieures à n'importe quelle opinion.

De leurs côtés, les vérités empiriques sont rendues nécessaires non pas par un contexte déductif mais par un ensemble de données d'observations.

Une vérité d'expérience est un énoncé rendu nécessaire par un certain nombre de faits, compte tenu de certains usages linguistiques.

Pour vérifier la température qui règne dans une pièce, il faut en effet un thermomètre mais aussi s'entendre sur le sens du mot « température ». B.

Une vérité ne peut se remettre en question que par elle-même Il est donc toujours possible de contester n'importe quelle vérité établie : il suffit de sortir du contexte à l'intérieur duquel cette vérité est valable.

Mais quel est l'intérêt de cette attitude critique ? Ce n'est pas cette discussion, au fond assez vaine, qui conduira à une sérieuse remise en cause de la vérité discutée.

C'est en effet seulement l'approfondissement, le développement d'une vérité qui peut en révéler les faiblesses.

La représentation géocentrique du monde, exposée par l'astronomie égyptienne de Ptolémée, a pu être contestée à de multiples occasions par des philosophies qui, comme celle d'Épicure, concevaient l'univers comme illimité et composé d'une infinité de mondes.

Pourtant ce sont les difficultés de calcul engendrées par la théorie ptoléméenne elle-même qui ont rendu un jour crédible l'hypothèse concurrente de Copernic.

L'histoire des mathématiques nous apprend aussi que c'est souvent en voulant vérifier une théorie qu'on en découvre les limites.

Aussi pouvons-nous en conclure à la stérilité de la discussion des vérités établies.

Il est évidemment tout aussi vain d'y croire de manière dogmatique.

La vérité ne progresse qu'en s'approfondissant, en se critiquant ellemême.. »

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