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Une science de l'incertain est-elle encore une science ?

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« Introduction Nos générations actuelles sont celles issues de ce récent assentiment général (aux yeux de l'histoire) donné à la « Science », qu'André Breton caractérisa ainsi au vingtième siècle : « Si la religion fut longtemps l'opium du peuple, la Science est en bonne place pour prendre le relais.

» Malgré cette reconnaissance quasi universelle de sa légitime prétention à conduire objectivement au vrai par méthode, celle-ci ne cesse de se diviser pour mieux se disperser dans les méandres abyssaux du réel et de la matière.

Divisée certes, mais pas régnante, donc ! Une représentation unifiée et rationnelle du réel n'est toujours pas son fait actuel.

Cette soi-disant « Science » se décline ainsi exponentiellement en sciences particulières s'appliquant en des domaines distincts (celle des mathématiques, par exemple, s'applique dans un domaine « hypothético - déductif » et est dite « exacte »).

Si la physique théorique appartient, quant à elle, au même domaine que celui des mathématiques, elle change cependant de domaine d'étude (ou d'objet) lorsqu'elle devient « expérimentale » (elle cherche à appliquer et tester ses résultats méthodiques sur le réel).

Les sciences du vivant et les sciences humaines, dernières venues dans l'histoire des sciences, sont la figure paroxystique de cet intérêt croissant de la science pour l'humain, sujet éminemment complexe. Mais notre actualité nous incline à penser les sciences comme fuites dans un réel toujours lui-même fuyant.

Berkeley (philosophe du XVIIIième siècle) déjà, illustra cette idée par l'exemple du résultat obtenu lors de l'utilisation d'un microscope : plus la vision s'enfonce dans la matière, plus cette dernière semble se transformer et se dissoudre.

Ce constat peut-être dressé, par analogie, pour chacune de nos innombrables sciences qui ne semblent pas en mesure de percer intégralement, et encore moins de manière univoque, le sens fondamental et mystérieux de ce que l'on nomme le réel. Toute science particulière est-elle, dès lors, vouée à l'incertitude ? N'est-ce pas un paradoxe de nommer « science » une connaissance, au fond, incertaine ? N'est-ce pas le sens même de la philosophie, que d'extirper, comme « Science des sciences », les principes de vérité d'un réel incertain ? L'auto-critique naissante de « la Science » par ses acteurs (de plus en plus de scientifiques alimentent nos questionnements philosophiques sur leurs activités) doit engager à remettre en question l'idée traditionnelle que l'on se fait de la nature de l'entreprise générale scientifique, de son projet et de ses objets. I.

La métaphysique : La Science de l'incertitude Nombreuses sont les philosophies qui ont reconnu ou reconnaissent la difficulté majeure et universelle qui constitue la tâche même de la science : Comprendre le réel, en constituer un savoir.

Notre réflexion s'attache à comprendre ce qui semble, par nature, la dépasser.

Le réel, notion insaisissable de par sa richesse et son caractère absolument équivoque, est cela même qui lui échappe et qu'elle poursuit inlassablement. Ce n'est pas un hasard si Descartes fit du doute l'outil méthodique absolu permettant d'accéder à un possible savoir.

C'est l'épreuve inlassablement répétée de ce doute qui permet, paradoxalement, à Descartes de s'arrêter sur une vérité indubitable : « Je suis, j'existe » (Cf.

Méditations métaphysiques, 2e Méditation.).

Mon existence est confirmée véritable par le simple fait que je peux en douter.

Douter est une action qui nécessite et suppose en même temps l'existence de celui qui l'accomplit.

Nous voici ici devant la première et angulaire pierre de l'édifice que Descartes désigne comme « Science » (Cf.

La lettre-préface aux Principes de la philosophie).

Construite telle un arbre, avec ses racines (métaphysique, Dieu !), son tronc (la physique) et ses différentes ramifications (les trois autres sciences principales : médecine, mécanique, morale).

Mais, et c'est un reproche que lui adresseront plus tard certains philosophes (Kant, Sartre, Heidegger...), la Science ainsi conçue par Descartes reste tributaire de sa source incertaine : la métaphysique.

Celle-ci se veut la science qui définit les principes et les fondements supra-sensibles qui régissent notre monde sensible.

Descartes avoue lui-même que la certitude que j'ai de mon existence réelle découle de la certitude que mon créateur n'est pas un Malin-Génie qui souhaiterait me tromper, mais bien d'un Dieu bienveillant (dont je suis censé avoir une idée innée !). La Science des sciences, qui serait donc métaphysique, s'avère belle et bien incertaine selon Kant.

En effet, celui-ci critique les prétentions de la métaphysique comme celles de la logique : la première parce qu'elle ne cesse de se contredire et qu'elle ne peut aucunement, depuis ses origines en Grèce antique jusqu'alors, fournir les preuves indubitables (manifestent) de l'existence de Dieu, de l'âme...

La seconde parce qu'elle ne permet pas de progression ou d'application concrète dans l'expérience (Cf.

Critique de la raison pure, Dialectique transcendantale, livre II, chap.

2).

Du même coup. »

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