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Une science de l'esprit est elle possible?

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« Analyse du sujet Le sujet interroge la possibilité d'une science de l'esprit.

Il faut donc interroger la compatibilité de la notion de science et celle de l'esprit. On remarque que l'expression "science de l'esprit" peut renvoyer à la psychologie. Possible : peut renvoyer à une possibilité de droit ou de fait. Une science : toute science porte en elle l'universalité de lois, donc de la généralité et de la nécessité.

La science est un savoir certain, elle porte sur l'existence (savoir que) et sur l'essence (savoir le comment et le pourquoi). L'esprit : l'esprit doit être distigué de la matière.

C elle-ci renvoie à l'étendue, celui-là à la pensée. Problème C onnaître, c'est ramener l'inconnu au connu.

Or, il paraît bien que nous sommes les plus présents à nous-mêmes, en sorte que notre esprit nous est le mieux connu.

En effet, la conscience de soi, signe de la spiritualité, est ce qui nous est donné en premier.

De ce point de vue, une science de l'esprit paraît non seulement possible, mais est même une condition de la pensée en général, et donc de toute autre science.

Toute science présuppose en effet la conscience de savoir.

Mais d'un autre côté, l'exigence de scientificité conduit à exiger une certaine généralité de l'objet que l'on considère, et donc la formulation de lois.

Or, une des déterminations de l'esprit est la liberté.

De ce point de vue, il paraît impossible de produire une science rigoureuse de l'esprit.

Peut être alors faut-il distinguer deux sens de la notion de science : savoir que et savoir comment. 1.

Une science de l'esprit est non seulement possible, mais nécessairement première car l'esprit est mieux connu que le corps ● On peut pour commencer par utiliser le célère texte de Descartes sur le cogito dans le Discours de la méthode IV° partie : Descartes explique que je peux douter de tout, sauf du fait que j'existe.

Et, dit-il dans le paragraphe suivant, je découvre que j'existe pour autant que je pense, donc, je découvre que ma nature est de penser, que je suis une âme.

C ette vérité première est le fondement de toutes les autres vérités qu'il déduira ensuite.

De ce point de vue, la science de l'esprit, entendue comme savoir de soi, comme pensée, est non seulement possible, mais est même le premier des savoirs.

Je sais par exemple que cette âme qui constitue l'esprit est immatérielle (puisque je peux la concevoir sans le corps, et que ce que je conçois clairement et distinctement est vrai) et non étendue.

Puis, on pourra apprendre que cette âme a été produite par un esprit infini (Dieu), car se trouve en elle l'idée d'infini, et elle n'a pu produire cette idée car elle est finie.

Elle est finie car elle peut douter.

Or, le doute est une imperfection et l'infini ne peut connaître d'imperfection.

C e point de départ métaphysique, comme le souligne Descartes dans la Lettre préface à l'édition des Principes de la philosophie, est comme les racines d'un arbre dont le tronc est la physique est les fruits notamment la morale et la médecine. ● En outre, l'expression science de l'esprit peut s'entendre soit comme affirmant une science qui a pour objet l'esprit (qui porte sur l'esprit) mais aussi comme une science que l'esprit a, ou possède.

Selon la seconde interprétation du sujet il est évident qu'il n'y a qu'un esprit qui puisse avoir une science, car la science est un certain état de l'âme, comme le souligne Aristote par exemple dans le Traité de l'Ame.

Selon la première interprétation, la question est alors celle de l'introspection : l'âme peut-elle se prendre pour objet ? Ici, c'est donc la thèse de Descartes qu'il faut repenser.

En effet, on peut supposer que l'esprit se connaît lui-même dès lors qu'il est conscience de soi.

Mais connaît-il pour autant sa nature ? Il connaît certes qu'il est.

Mais a-t-il la science de ce qu'il est ? 2.

Une science de l'esprit est impossible ● C 'est ainsi ce que remarque Malebranche dans La Recherche de la vérité : nous n'avons pas l'idée de la pensée mais seulement de l'étendue.

Il faut en effet distinguer le sentiment (confus) et l'idée (distincte).

Nous avons le sentiment de notre esprit, et en ce sens nous avons le savoir ou la science de notre existence.

Mais cela ne permet pas de dire en quoi consiste la nature de notre esprit.

A u contraire, pour l'étendue (l'espace), nous pouvons avoir une science mathématique qui utilise des idées claires de nombre, de quantité.

Mais nous n'avons pas d'idées claires comme celles-là pour l'esprit.

Par exemple, nous ne pouvons pas réduire une sensation à une quantité.

L'exemple de Malebranche est le suivant : si je caresse doucement (donc à une certaine vitesse, une certaine quantité) une partie de mon corps, je peux sentir quelque chose d'agréable.

Mais si je vais plus vite, l'augmentation de la quantité change la nature de la sensation, laquelle peut alors se transformer en douleur.

Les changements quantitatifs produisent des changements de nature.

L'approche quantitative des phénomènes psychiques n'est donc pas envisageable.

En outre, ce que Descartes croyait connaître de l'âme n'est en réalité que la négation de ce que nous connaissons du corps.

Nous n'avons pas de connaissance positive de l'âme mais seulement connaissons qu'elle est autre que ce qu'est le corps (c'est pour cela que nous la disons par exemple immatérielle). ● A cet argument on peut ajouter l'idée que la caractéristique de l'esprit étant la liberté, cela n'a pas de sens de vouloir en faire une science.

C 'est ce que remarque Kant dans la Critique de la Rason Pure : toute science suppose de placer son objet sous des lois générales et nécessaires.

Mais alors cela suppose que l'objet est déterminé par le savoir que l'on a.

Or, l'esprit étant liberté, il ne peut être réductible à de telles lois.

C e dont on a la science ne peut donc jamais être l'esprit. ● A vec ces deux arguments, on montre qu'une science de la nature de l'esprit n'est pas possible, soit parce que de fait on ne possède pas d'idée de la nature de l'esprit, soit parce qu'en droit une science de l'esprit nie sa particularité qu'est la liberté.

Néanmoins, on accorde qu'une science de l'esprit au sens d'un savoir de l'existence de l'esprit, est un savoir premier qui rend possible les autres sciences.

Se pose alors la question du statut de la psychologie. 3.

Le statut de la psychologie ● Dès lors il faut rendre compte de l'approche de la psychologie.

On peut soutenir qu'elle est une science descriptive (elle donne des faits), mais qu'elle ne peut être prédictive (on ne peut établir à l'avance quel sera le comportement de telle ou telle personne dans telle ou telle situation).

C e caractère non prédictif de la psychologie pose alors le problème de son statut : une science qui n'est pas capable de prévoir peut elle garder le statut d'une science ? Peut-on parler de science dès lors qu'on a perdu la nécessité des lois et la généralité de l'objet, en ce sens que tous les esprits sont particuliers ? Mais il en va de même pour l'histoire, l'économie, et ce qu'on regroupe sous le nom de « science humaines ».

L'ensemble de ces disciplines forment en effet plutôt un projet qu'une réalité. Conclusion On peut conclure de la manière suivante : certes, l'esprit est certain de lui-même, de son existence.

En ce sens la science de l'esprit, au sens du savoir de soi, est un fait primitif et fondamental, antérieur aux autres savoirs.

Mais ce savoir n'est pas un savoir de la nature de l'esprit.

La connaissance de la nature de l'esprit paraît au contraire impossible dès lors qu'on remarque que la caractéristique de l'esprit est la liberté, que nous éprouvons mais que nous ne pouvons placer sous des lois déterminées.

En ce sens, une science de l'esprit est impossible.. »

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