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La science suffit-elle à cultiver l'esprit ?

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« Discussion : Le sous-entendu d'un tel sujet est que l'esprit aspire à être nourri par quelque chose, qu'il existe un désir de la connaissance chez les hommes qui les pousse à vouloir s'instruire. Suggestion de plan : Première partie : Quelle science ? L'énoncé repose sur une ambiguïté : la signification à accorder au mot science.

On peut en effet entendre par ce mot une idée générale, celle de tout savoir de quelque espèce qu'il soit, ou entendre science au sens restreint de connaissance objective reposant sur la loi et validée par l'expérience : " On voit clairement pourquoi l'arithmétique et la géométrie sont beaucoup plus certaines que les autres sciences : c'est que seules elles traitent d'un objet assez pur et simple pour n'admettre absolument rien que l'expérience ait rendu incertain, et qu'elles consistent tout entières en une suite de conséquences déduites par raisonnement.

" Descartes, Règles pour la direction de l'esprit. Dire de quelqu'un qu'il se cultive suppose qu'il n'acquiert pas seulement un savoir dans les domaines réservés et objectifs que sont la physique ou les mathématiques, mais qu'il s'ouvre à toutes les interrogations humaines subsumées par le discours philosophique : « Toute la philosophie est comme un arbre, dont les racines sont la métaphysique ; le tronc est la physique, et les branches qui sortent de ce tronc sont toutes les autres sciences, qui se réduisent à trois principales, à savoir la médecine, la mécanique et la morale ; j'entends la plus haute et la plus parfaite morale, qui présupposant une entière connaissance des autres sciences est le dernier degré de la sagesse.

», René Descartes Principes de la philosophie. La quête de savoir passe donc par tous les domaines de la connaissance, dans la certitude que les uns tempèrent et complètent les autres, et que toute aspiration véritable à la culture exprime cette diversité : « La philosophie sans la science perd bientôt de vue nos rapports réels avec la création pour s'égarer dans des espaces imaginaires ; la science sans la philosophie mériterait encore d'être cultivée pour les applications aux besoins de la vie ; mais hors de là on ne voit pas qu'elle offre à la raison un aliment digne d'elle, ni qu'elle puisse être prise pour le dernier but des travaux de l'esprit.

» Cournot, Sur les fondements de nos connaissances, 1851. Deuxième partie : L'aridité de la science Il apparaît que les traces laissées par les premiers hommes sont techniques mais tout aussi bien graphiques.

A côté du silex les anthropologues découvrent les peintures rupestres.

Il n'y a donc pas qu'un mécanisme mis en oeuvre dès lors qu'il y a la vie, tout n'est pas simplement concentré dans la nécessité de comprendre les dispositifs du monde, dans la nécessité de les interpréter, mais quelque chose d'une autre nature se manifeste qui satisfait des besoins d'ordre imaginaire.

«L'homme est destiné par sa raison à former une société avec les autres et dans cette société à se cultiver, à se civiliser et à se moraliser par l'art et par les sciences» Kant. Cette capacité à inventer et à rêver est le fait d'une conscience libre : "Pour qu'une conscience puisse imaginer il faut qu'elle échappe au monde par sa nature même, il faut qu'elle puisse tirer d'elle même une position de recul par rapport au monde.

En un mot il faut qu'elle soit libre." Sartre, L'Imaginaire. Troisième partie : Qu'est-ce que « cultiver » l'esprit ? Si l'on s'accorde à dire que les sciences sont loin de combler tous les besoins de l'esprit humain et que le travail artistique est tout aussi essentiel à l'esprit que l'est celui de la connaissance, on s'engage sur une voie qui n'est pas encore close, et certains seront tentés d'ajouter que la spiritualité elle-même constitue une attente essentielle.

La science ne suffit pas à cultiver l'esprit du moins si l'on s'écarte de cette foi positiviste du XIXème siècle, cette conviction qu'elle était seule facteur de progrès : l'emploi du mot science au singulier en est une résurgence, il faudrait évidemment mettre le mot au pluriel puisque c'est la diversité qui est majeure et non l'illusoire unité.

La seule borne à mettre au sujet dans ce cas passe par l'interprétation du mot « cultiver ». Cultiver est un verbe employé dans le domaine agricole, on cultive la terre, c'est-à-dire on l'ensemence pour que lève la récolte.

Dans le domaine spirituel on peut donc estimer que ce qui fait germer l'idée juste et forte n'est pas seulement la connaissance du fait objectif mais le recours à un autre langage, celui de la métaphore. Conclusion : La science comble les vides liés à la compréhension des mécanismes du vivant, mais elle ne répare pas l'angoisse de l'être perdu dans un univers qu'il ne peut rendre acceptable qu'à la condition de l'interpréter et pas seulement de l'expliquer.. »

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