Une religion peut-elle vouloir la tolérance ?
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Le mot religion vient du latin « religare » : ce détour par l'étymologie nous permet de voir que le propre de la religion
est d'être une institution sociale dont l'une des fonctions est de « relier » les hommes (c'est le sens du verbe
religare).
Elle ne les relie pas comme le ferait une quelconque association d'individus mais dans le sentiment de
l'existence d'une réalité surnaturelle, dépassant les hommes.
Cette réalité est celle de la divinité, entendue (pour le
dire avec une abstraction suffisante pour englober toutes les manifestations précises de cette idée) comme une
force surnaturelle, infiniment sage et puissante, présidant aux destinées de l'homme et de l'univers.
La tolérance est le sentiment par lequel nous acceptons l'altérité.
Cette altérité peut être ethnique (la tolérance
devient alors l'inverse du racisme) de la différence culturelle (elle est alors le contraire de la xénophobie) mais aussi
celle des croyances religieuses.
La tolérance est dans ce cas l'acceptation d'une croyance distincte chez autrui, la
liberté laissée à l'autre de croire et pratiquer son culte en toute liberté.
Nous nous demanderons si la religion peut vouloir la tolérance, qui suppose l'acceptation de l'altérité des croyances,
alors que le propre de la religion est d'unir les individus dans une communauté de conviction.
I.
Les religions révélées ne peuvent vouloir la tolérance au sens fort du terme
a.
Religion et tolérance : une contradiction dans les termes ?
Nous commencerons par nous demander s'il n'existe pas une contradiction entre l'idée de religion et celle de
tolérance.
En effet, si la religion est la communion d'individus dans l'unité d'une même croyance en la divinité,
organisée par les mêmes dogmes, pratiquée par des rites identiques, il semble que la tolérance soit incompatible
avec cette union.
En effet, la religion unissant, reliant les individus, ne peut vouloir la tolérance dans la mesure où
cette acceptation des pratiques et des croyances distinctes des siennes remet en cause l'unité qu'elle prétend
instituer chez les fidèles.
A première vue, l'unité de la religion interdit le sentiment de tolérance, qui porte atteinte à
cette unité.
b.
L'Histoire tourmentée du fait religieux constitue-t-elle une preuve en défaveur de l'idée de tolérance ?
En ce sens, l'histoire de nombreuses religions se confond avec l'idée du prosélytisme plutôt qu'avec celle de la
tolérance.
Nous pouvons voir en effet que les religions révélées (celles qui ont été annoncées aux hommes par un
prophète et un texte sacré) se sont efforcées de rallier à leurs convictions le plus grand nombre possible de
« fidèles », de les réunir dans le sein d'une même croyance : croisades, évangélisations des jésuites jusqu'au Japon
en sont l'exemple parmi beaucoup d'autres.
Il ne s'agit pas de faire le procès de la religion, en l'accusant
d'intolérance intrinsèque, mais de remarquer que la religion a plutôt parti liée avec l'association d'individus dans une
croyance unique, plutôt que dans l'acceptation de croyances distinctes.
c.
Une religion révélée peut vouloir la tolérance, mais dans un sens faible de ce terme
Cependant, au XXe siècle s'est développé un mouvement de réconciliation des religions révélées entre elles :
pensons notamment aux rencontres organisées par Jean Paul II entre catholiques, protestants, juifs et musulmans.
Ce type de mouvements œcuméniques prouve que la religion n'implique pas nécessairement l'intolérance, le rejet de
la croyance distincte, mais qu'elle est compatible avec une acception affaiblie de la tolérance.
En effet, la tolérance
dont il est ici question se résume dans l'idée que la religion distincte a des points communs avec celle que l'on
professe (le monothéisme en est un) qu'elle provient de la même source (l'ange Gabriel est commun à toutes les
religions que nous venons de citer).
Mais elle ne postule pas l'entière vérité, c'est-à-dire l'entière acceptation, de la
croyance distincte de la sienne.
La religion n'est donc pas incompatible avec l'idée de tolérance, mais la tolérance
dont elle fait preuve est nécessairement partielle.
II.
La religion morale peut vouloir la tolérance dans toute l'étendue de ce terme
a.
Qu'est-ce qu'une religion morale ?.
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