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Une interprétation peut elle être fausse ?

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« Le terme de "interprétation" vient du latin interpretari qui signifie "expliquer", "traduire".

L'interprétation doit donc rendre clair un énonce ou un phénomène, trouver un sens qui est caché.

Le champ de l'interprétation était d'abord circonscrit à l'art d'interpréter les textes sacrés et prend le nom d'herméneutique.

L'ambiguïté de la parole religieuse, l'obscurité des mythes appellent en effet la tâche herméneutique.

L'interprétation consiste donc à transmette, par la médiation d'un travail d'élucidation et de compréhension, la vérité dont les textes sont porteurs.

Pourtant Pariente admet que l'homme est perpétuellement en train d'interpréter les faits, le langage,...

Chacun a donc une interprétation du monde qui l'entoure et c'est par celle qu'il évolue dans le monde.

Dans ce sens, une interprétation ne peut être fausse puisqu'elle est personnelle.

Mais dans le sens courant, interpréter, c'est aussi déformer ou travestir un fait, c'est donner un sens à un évènement ou à un texte, qu'ils n'ont pas.

Dire qu'une interprétation ne peut être fausse, n'est ce pas laisser dire n'importe quoi? N'y-a-t-il pas des critères pour juger de la fiabilité d'une interprétation? L'interprétation est personnelle, chacun y met sa propre vérité Comme nous l'avons dit, dans l'interprétation, il s'agit de s'élever du sens immédiatement donné à un ou plusieurs cachés, et donc d'aller de ce qui est connu à ce qui ne l'est pas.

De là vient la difficulté de juger de la véracité d'une interprétation. Quand nous voyons une oeuvre d'art, nous pouvons tous la comprendre différemment, croire que l'auteur y a mis telle ou telle idée.

Pourtant il nous est impossible de savoir réellement ce qu'il en est.

Pouvons nous dire pourtant quelle interprétation est bonne ou fausse.

Nous n'avons en réalité aucun moyen de le savoir. De plus, comme l'indique Jean-Claude Pariente, dans Le langage, l'homme est confronté tout le temps à des situations où il doit interpréter les faits, les paroles.

"Chacun calcule et infère en prenant en compte ce qu'il croit savoir de l'autre en même temps que les données de la situation." Nous voyons le monde et dans en même temps, nous l'interprétons.

Il n'y a pas en effet de données brutes.

Chacun dès lors en fonction de son savoir et de son vécu, donne un sens différent à son environnement, à ce qui lui arrive. L'interprétation que nous portons est donc révélateur de notre propre personnalité, de notre caractère.

Dans ce sens, une interprétation ne peut être fausse, elle nous indique la vraie individualité de celui qui la réalise. L'interprétation doit respecter les données Pourtant, affirmer qu'il n'existe aucun critère pour vérifier une interprétation et que dès lors, toute interprétation est vraie, c'est permettre de dire tout et n'importe quoi.

L'interprétation ne donne pas accès au sens immédiat, il y a donc une distance entre le donné et ce qui est interprété, espace qui fait que l'interprétation ne peut être vrai. Pour reprendre l'exemple de Sperber dans La pertinence, quand on me dit que Robert a acheté le figaro.

Il y a deux interprétations possibles à cette phrase : soit Robert a acheté un exemplaire du quotidien, soit il a acheté l'entreprise.

Je peux choisir la première interprétation et celle-ci peut être fausse, c'est-à-dire que Robert a vraiment acheté l'entreprise de presse. Une interprétation peut donc être fausse, quand elle entre en contradiction directe avec les faits.

Je peux interpréter le comportement de mon voisin comme une marque de haine, alors qu'en réalité, c'est plutôt une marque d'amour qu'il n'ose pas avouer.

S'il me le dit, je reconnaîtrais que je me suis trompé. C'est pour cela que Dante affirme que pour qu'une interprétation soit pertinente, elle doit partir du sens littéral, de l'évènement même.

" Pour le montrer, il faut que le sens littéral vienne toujours d'abord, car les autres [sens] sont inclus dans son propos [...] parce qu'en tout chose qui a un dedans et un dehors, il est impossible de parvenir au dedans sans passer d'abord par le dehors."( Le banquet).

Il faut en effet ne pas trop s'éloigner de la chose que l'on a à interpréter. Tout interpréter, c'est peut être cela l'erreur L'interprétation porte donc sur de nombreux domaines : la science, l'art, la parole,...

Dans certains, il est plus facile de déceler la fausseté d'une interprétation, dans d'autres( dans l'art), par exemple, il est plus difficile.

L'homme ne cesse donc d'interpréter.

Comme le dit Aristote, "dire quelque chose de quelque chose, c'est déjà dire autre chose, interpréter." De plus, Gadamer et Heidegger ont montré que l'interprétation était un moment fondamental dans l'acte de comprendre et que l'être humain était un être herméneutique. L'interprétation est donc proprement humaine et il faudrait se demander si elle n'est pas abusive.

Nous interprétons pleins de phénomènes, alors que la nature, l'environnement n'ont pas de sens caché à découvrir.

Lacan s'était en effet élevé contre la prétention de l'homme à tout comprendre, à tout interpréter.

Il affirme dans le livre II du séminaire, que vouloir comprendre et interpréter à tout prix, c'est souvent passer à côté de l'essentiel.

"C'est-à-dire qu'au nom de l'intelligence, il y a simplement élision de ce qui doit nous arrêter, et qui n'est pas compréhensible." L'homme doit donc cesser de vouloir interpréter et donner du sens à tout et prêter attention à ce qui est incompréhensible.

Il s'agit en effet de regarder ce que nous ne regardons jamais parce que nous interprétons trop vite, que nous classons comme du déjà-connu... Ainsi, chacun a son interprétation concernant le monde et il n'existe aucun critère pour juger de la véracité de celle-ci.

En effet, l'interprétation de quelque chose porte sur un sens caché, que l'on ne connaît pas et que donc on ne peut pas juger.

Pourtant, une interprétation peut être fausse, sinon toute interprétation se vaudrait et il serait vain d'essayer de comprendre le monde ou les choses.

L'interprétation ne doit donc pas entrer en contradiction avec les faits et s'appuyer autant que possible sur eux, sur le connu et le vérifiable.

Pourtant, il faut comprendre que seuls les hommes interprétent et donnent un sens à tout ce qui nous entoure.

C'est l'excès. »

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