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Une fiction peut-elle être vraie?

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« VOCABULAIRE: * * * * * * VRAI: Se dit d'une affirmation conforme à la réalité ou qui n'implique pas contradiction et à laquelle l'esprit ne peut que souscrire : Il n'y a pas grand-chose de vrai dans son récit. Qui appartient à la réalité et n'est pas une création de l'esprit : Rechercher les vraies causes d'un phénomène. Qui est bien conforme à son apparence : Une vraie rousse. Se dit, dans le domaine artistique et littéraire, des êtres et des choses créés qui donnent l'impression de la vie, du naturel, de la sincérité : Un romancier qui peint des personnages vrais. Se dit d'un élément qui, parmi d'autres semblables, apparaît comme le seul important ou le seul déterminant : On ignore le vrai motif de sa démission. Qui convient le mieux à quelqu'un ou à quelque chose, est le plus approprié à une fin, à une destination : Croyez-moi, c'est le vrai moyen de leur venir en aide. - Fiction : mensonge ; fait imaginé, opposé à réalité ; création de l'imagination, en littérature. - Pouvoir : être capable ; être légitime ; être en état. - Vrai : ce qui est conforme à la réalité, ce qui est réellement. Sens du sujet Un fait imaginaire est-il susceptible d'être réel, d'avoir une authentique réalité ? Problème Quel est le poids réel de l'imaginaire et nous fait-il accéder au réel ? Choix du plan Le plan sera du type dialectique, par thèse, antithèse et synthèse. 1.

Une fiction peut être vraie.

Un fait imaginaire correspond à une expérience immédiate, à une vérité mobile de mon esprit. Une vérité plus mobile, fruit d'une expérience immédiate qui l'engendre.

Vers la tolérance. Si la certitude subjective, voire la passion et le désir, engendrent un vrai et une vérité qui, dès lors, ne transcendent plus la sphère de la Personne ni de l'individuel, la vérité est, dès lors, plus mobile, elle échappe à l'immuabilité. Cette donnée mobile et vivante est le fruit d'une expérience immédiate, et non point d'un itinéraire semblable à la dialectique, d'un cheminement réglé, intellectuel et progressif. On notera que, dans cette perspective, la vérité cesse de conduire au dogmatisme ou à un modèle de politique autoritaire, comme dans le cas précédent.

S'il y a des vérités plurielles, individuelles, alors la tolérance accompagne le jugement subjectif de l'esprit pensant, le désir (subjectif) se connaît dans sa relativité. 2.

Non, une fiction ne peut pas être vraie.

Car la vérité est absolue et universelle alors que l'imaginaire est purement individuel. a.

La vérité idéale et absolue, dépassant l'individu En effet, chez Platon, sa participation à l'Idée définit la vérité.

Le monde vrai, c'est celui de l'Idée, de la réalité idéale.

La vérité se confond avec l'Idée, paradigme intelligible des choses, type d'être idéal et non relatif, Modèle unique de chaque objet.

L'Idée est le principe purement intelligible de la pensée, l'espèce de roc idéal qui définit le vrai de manière non relative.

Dès lors, le Vrai transcende l'individuel et le personnel, le mouvement subjectif ; il s'identifie au Beau en soi, au Bon en soi, à l'Essence en tant que telle. Le problème de l'Idée se présente d'abord chez Platon sous une forme politique.

Si l'on se contente de l'opinion pour gouverner une Cité, on n'obtiendra jamais que des apparences de justice, d'honnêteté ou de vérité.

L'apparence n'est qu'un semblant, qui n'est ni fiable, ni solide, comme une parole que l'on lance sans plus y penser ensuite.

Pour tenir un discours qui transcende les apparences, qui dépasse le changement et le mouvement des opinions, il faut s'en séparer et faire l'effort d'aller jusqu'aux Idées.

Le plan des Idées est un plan supérieur où se réalise une connaissance absolue et où se tient la vérité.

On ne peut l'atteindre au moyen de nos sens : pour chaque opinion soutenue, il n'est pas difficile en effet de démontrer le contraire, en changeant par exemple de perspective, ce qui n'est finalement qu'un simple changement d'apparence.

Au mieux, l'opinion peut être "droite", c'est-à-dire conforme à la vérité, mais, de manière générale, la connaissance sensible est un obstacle à la connaissance vraie.

Il faut sortir de l'opinion pour accéder à la connaissance philosophique, comme un plongeur s'arrache de l'eau pour regagner la terre ferme.

Il ne s'agit pas de supprimer le sensible, mais de le dépasser.

L'éducation de l'âme (la psychologie) est donc essentielle pour opérer sa conversion (metanoïa) vers le domaine des Idées.

L'objet de la philosophie, ce sont les Idées ou formes essentielles des choses et de tout ce qui existe dans le monde sensible.

L'idea est la forme visible par l'oeil de l'esprit.

Elle est ce qu'il y a de plus réel dans le réel, à la fois forme et structure de ce qui constitue les objets existants.

Toute Idée génère la réalité sensible par participation : une action est juste quand elle participe de l'Idée de Justice, un corps est beau quand il participe de l'Idée de Beauté, mais les objets fabriqués par les artisans participent eux-aussi de l'Idée de Lit, de Maison, de Tunique, etc.

Chaque être existant, qu'il soit naturel ou fabriqué, tire donc sa réalité vraie de la participation à l'Idée dont il procède.

L'Idée est à la fois transcendante et immanente, origine et finalité : elle est l'essence des choses. Des rapports de l'être et du connaître Dans le livre VII de la République, Platon expose les rapports entre l'être et la connaissance à l'aide de l'allégorie de la caverne, représentation "illustrée" d'un exposé mathématique présenté au livre VI.

Au monde sensible, composé de choses perçues et de leurs formes dégradées, ombres ou mirages, correspond la connaissance sensible, qui relève du domaine de l'opinion.

Celle-ci se répartit en deux domaines : la croyance ou la perception pour les choses sensibles, l'illusion ou la conjecture pour les formes inférieures.

Au monde intelligible, finalisé par l'Idée du Bien, qui éclaire toutes les autres Idées ou formes, correspond une connaissance intellectuelle par Idées.

Les objets mathématiques appartiennent au monde intelligible et sont l'objet d'une connaissance discursive.

La totalité du domaine intelligible est finalisée par l'Idée suprême de l'Un-Bien qui fonde la cohérence et l'harmonie du tout. Plus on s'éloigne de cette Idée, plus la connaissance s'obscurcit.

De cette corrélation stricte entre l'ordre de l'être et l'ordre du connaître s'ensuit toute une série de rapports : les Idées sont aux objets mathématiques ce que les choses sensibles sont à leurs apparences fugitives et imparfaites.

La connaissance par Idées est à la connaissance par concepts ce que la perception sensible est à l'illusion, ou ce que la croyance est à la supposition.

Enfin, plus nous approchons le domaine des Idées, plus nous approchons l'être et la vérité, connaissance, être et vérité se fondant en une seule et même réalité dans la lumière de l'Idée suprême du Bien.

Dans l'allégorie de la caverne, les ombres projetées sur la paroi sont les apparences dégradées des figurines : celles-ci sont les objets perçus, tandis que celles-là sont les illusions.

L'intérieur de la caverne symbolise le monde sensible avec ses deux degrés de connaissance : la perception et la conjecture.

Le monde intelligible, accessible à celui qui fait l'effort de se détourner du sensible, est symbolisé par l'extérieur de la caverne : les Idées sont les choses réelles, et le soleil est l'Idée unique du Bien, qui donne consistance et réalité à toutes les autres. Les problèmes posés par la théorie des Idées Dans le Parménide, Platon a dressé lui-même toutes les objections possibles à sa théorie des Idées.

Transcendantes à la réalité sensible, il ne faut pas supposer que les Idées sont "plus réelles" que la réalité : la "Chevalité" n'est pas plus réelle que le cheval.

C'est bien le cheval que je perçois réellement, et non pas l'Idée de la "Chevalité".

Bien que transcendantes, ces Idées ne sont pas non plus posées tout à fait en dehors de la réalité, car on ne saurait comment elles donnent l'être essentiel à toutes les choses réelles.

Il faudrait supposer à l'infini une série d'idées intermédiaires qui rendraient compte d'une participation fort lointaine et obscure.

Néanmoins, si ces Idées font l'être et l'essence de la réalité, elles ne sont pas en elle.

Ce n'est pas en ouvrant le ventre du cheval que l'on pourra y trouver l'Idée de la "Chevalité".

Par ailleurs, dans la perspective de cette théorie, il semble difficile d'admettre, pour chaque être existant, une Idée propre et essentielle : peut-on raisonnablement parler d'une Idée du Poil, ou d'une Idée de l'Ongle ? L'ordre des Idées et l'ordre des choses sont donc deux ordres bien distincts : l'ordre de l'intelligible, de l'immuable, de la vérité et de la perfection ; et l'ordre du sensible, du variable, de l'apparence et de l'imperfection.

L'Idée est ce qui permet d'unir et de rassembler la diversité sensible des apparences, pour identifier l'essence des choses.

Chaque chose est "reconnue" intellectuellement grâce à une Idée, dont nous aurions une connaissance antérieure à l'expérience.

Avant d'être incarnée dans un corps, l'âme vivait dans le domaine des Idées dont elle garde encore quelque réminiscence.

Savoir, ce n'est pas apprendre, mais se ressouvenir de cet ordre parfait du domaine intelligible à partir duquel seul nous "reconnaissons" la vérité.

Les Idées ne sont donc pas des objets réels et matériels, mais des lois, des exigences, des valeurs qui permettent de débrouiller la confusion de l'expérience sensible.

On peut donc dire qu'elles sont cause de tout ce qui est par leur présence spirituelle, à laquelle nous accédons par un effort de retour en nous-mêmes, et en ce sens, source de toute connaissance vraie de ce monde sensible qui nous apparaît changeant et fugace lorsque nous le percevons par nos sens.

Leur présence spirituelle est celle qui introduit de la stabilité et de la consistance dans un monde qui ne cesse d'apparaître autre qu'il n'est, si nous ne nous en tenons qu'à ses apparences.

L'Idée, chose spirituelle, est donc ce par quoi chaque chose matérielle tient son être propre, durable, c'est-à-dire sa véritable essence. b.

Cette vérité est immuable et éternelle Il va sans dire que ces Essences dépassant l'individuel sont immuables, soustraites au temps, incorruptibles, étrangères à la génération et à la corruption, au devenir, à la mobilité.

L'Idée, transcendant le subjectif et l'individuel, est le modèle impérissable de chaque objet, modèle existant en dehors du temps. 3.

Une création de l'imagination, en littérature ou en art, possède une universalité et une existence, et peut donc être dite vraie.

Au contraire, l'imaginaire entièrement subjectif n'est pas vrai. La vérité dépasse l'individuel : elle est construite de manière universelle.

Ici, il est possible d'envisager le problème à la lumière des analyses kantiennes.

Que puis-je connaître ? Telle est la question de Kant.

Les faits sont impuissants en eux-mêmes à constituer quoi que ce soit dans le champ du savoir.

Nous ne pouvons appréhender le monde qu'à travers des éléments a priori, nécessaires et universels, se retrouvant chez tout individu quel qu'il soit.

Ainsi, l'espace et le temps, mais aussi les catégories comme la causalité, sont des sortes de prismes universels à travers lesquels se réfracte l'expérience.

Le vrai est construit par l'esprit de manière universelle et à priori. Si l'on veut restaurer la certitude de la science, il faut que sa méthode parvienne à concilier la nécessité rationnelle et le caractère toujours en partie contingent de l'expérience.

Ce sera l'une des préoccupation centrale de Kant.

Il s'efforcera de montrer comment les connaissances dignes de ce nom sot toujours le produit d'une rencontre entre les données de l'expérience sensible et le travail conceptuel de l'entendement.

Ce dernier reçoit de l'extérieur, par le moyen de la sensibilité, une matière des connaissances sur laquelle il opère une mise en ordre conceptuelle dont la nécessité est interne à l'esprit.

Par exemple : les relations de causalité s'instaurant nécessairement entre les phénomènes de la nature ne renvoient pas forcément à un ordre des choses, mais à un ordre nécessaire de leur mode de manifestation à notre esprit.

La connaissance objective ‘est donc jamais connaissance des choses en soi mais connaissance de l'ordre nécessaire (rationnel) des phénomènes.

Très schématiquement, on peut donc dire que Kant échappe ainsi à l'idéalisme du rationalisme pur.

La connaissance ne peut exister que dans le domaine de l'expérience possible ; au-delà, la raison « ratiocine », cad qu'elle raisonne à vide, elle outrepasse ses droits, comme le montre la « Dialectique transcendantale » de la « Critique de la raison pure » ; ainsi lorsqu'elle prétend démontrer l'existence d'un créateur qui ne peut être que postulée, car l'expérience n'en est pas possible.

Les idées de la raison ont une fonction unificatrice et systématique ; la raison a également une fonction pratique ; mais c'est quand elle prétend connaître des objets transcendants (au-delà de l'expérience possible) qu'elle mérite de subir une critique. Mais Kant échappe aussi au scepticisme que semble entraîner l'empirisme : si la source matérielle de nos connaissances réside dans l'expérience, leur forme rationnelle les réinscrit dans l'ordre de la nécessité et de la certitude ; le savant ne produit pas des théories au gré de sa fantaisie.

Ces théories scientifiques rétablissent un ordre universel de la connaissance, car elles appliquent à la matière de l'expérience la forme rationnelle de l'entendement ; il y a donc bien des lois de la nature.

Ni idéalisme, ni empirisme, le Kantisme laisse cependant subsister un problème redoutable : peut-on se résoudre à ce que la connaissance ne porte que sur des phénomènes, sans que les choses en soi soient jamais accessibles ? Les limites de la raison. Dans le domaine de l'étude scientifique des phénomènes, rien ne saurait remplacer la raison et on peut même aller jusqu'à affirmer que « l'inexplicable » n'est qu'un provisoirement inexpliqué.

Mais comme Kant l'a montré, la raison est impuissante à rendre compte de l'Etre lui-même.

Nous ne pouvons connaître la réalité qu'à travers les formes « a priori » de la sensibilité (espace & temps), sortes des structures mentales qui sont la condition de notre perception des choses, et les formes « a priori » de l'entendement (« catégories »).

C'est pourquoi, seuls les phénomènes (l'apparaître) nous sont accessibles.

Au-delà du savoir, il y a donc un monde des noumènes (choses en soi) qui nous échappe.

Lorsque la raison tente de dépasser l'apparence pour essayer d'atteindre l'absolu, elle tombe dans d'inévitables contradictions, antinomies et paralogismes.

Une métaphysique est impossible comme science.

En particulier, la raison ne saurait prouver la liberté de notre volonté, l'immortalité de l'âme, l'existence de Dieu. Avec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes, la raison apparaissait comme l'instrument infaillible d'une critique des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination. Or, avec Kant, l'illusion est portée au coeur même de la raison.

Le rationalisme fait place au criticisme, cad à une critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives.

C'est le sens de l'illusion transcendantale : la raison prétend connaître au-delà des limites de l'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dans un phénomène sensible (le Moi, le monde, Dieu). L'illusion n'est plus seulement un déchet à éliminer (Platon, Descartes), mais elle est consubstantielle à l'instrument lui-même, la raison, qui se trouve empêtrée dans ses propres contradictions (antinomies : opposition d'une thèse et de son antithèse).

La « Dialectique transcendantale » est donc cette partie de la « Critique de la raison pure » où Kant examine comment la raison se contredit elle-même lorsqu'elle veut connaître au-delà de l'expérience. Et il est bien question ici d'illusion, et non d'erreur, car l'illusion transcendantale est inévitable, incorrigible, à l'inverse de l'erreur.

L'illusion transcendantale est un besoin structurel de la raison pure, et aucun effort d'attention ne peut y remédier.. »

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