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Une éducation sans contrainte est-elle possible ?

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La pédagogie, moderne en particulier, associe la liberté de l'individu à l'absence de contraintes. Le parent ou le maître doivent laisser s'exprimer les tendances spontanées de l'enfant à éduquer, afin qu'il trouve par lui-même son chemin et sa place parmi les autres. Mais de même qu'on ne peut penser sans méthode, on ne peut pas être éduqué ni s'éduquer soi-même sans contrainte, qu'on la comprenne comme exercice nécessaire, ou comme obligation impérative. Jusqu'ou et pour quelles raisons le recours à la contrainte reste-t-il alors légitime? Ou passe la frontière qui sépare la pensée et la conduite sous la tutelle d'autrui, d'un comportement et d'un raisonnement autonomes et responsables?

« Demande d'échange de corrigé de BAUD Anaïs ([email protected]). Sujet déposé : Une éducation sans contrainte est-elle possible ? Intro: La pédagogie, moderne en particulier, associe la liberté de l'individu à l'absence de contraintes.

Le parent ou le maître doivent laisser s'exprimer les tendances spontanées de l'enfant à éduquer, afin qu'il trouve par lui-même son chemin et sa place parmi les autres. Mais de même qu'on ne peut penser sans méthode, on ne peut pas être éduqué ni s'éduquer soi-même sans contrainte, qu'on la comprenne comme exercice nécessaire, ou comme obligation impérative.

Jusqu'ou et pour quelles raisons le recours à la contrainte reste-t-il alors légitime? Ou passe la frontière qui sépare la pensée et la conduite sous la tutelle d'autrui, d'un comportement et d'un raisonnement autonomes et responsables? I - Il n'y a pas d'éducation digne de ce nom sans contrainte: a.

Toute formation du corps et de l'esprit requiert une discipline élémentaire.

Que ce soit pour former son corps par le sport, ou son esprit par la recherche du vrai et du bien, l'homme a besoin de se fixer des règles ou des normes à respecter: éviter la précipitation et les préjugés, fuir l'égoïsme et l'arrogance.

En ce sens, aucune éducation n'est exempte de contraintes.

Celles-ci désignent donc la condition et le moyen d'une véritable éducation. b.

La difficulté de la recherche du vrai et du bien.

Toute la tradition philosophique montre en effet combien il est douloureux, au moins au départ, de se mettre en quête du vrai et du bien.

Le mythe de la caverne raconté par Platon explique ainsi qu'après une pénible remontée vers la lumière du soleil, le philosophe va devoir retourner chercher les autres hommes enchaînés à leurs opinions et à leurs préjugés, dans le fond sombre de la caverne.

Or la plupart de ces hommes se montreront incapables de renoncer à leurs chaînes. Sans l'acte symbolique d'arrachement à ces liens, leur éducation à la vérité est vouée à l'échec. c.

La contrainte comme condition de la liberté.

Enfin, la contrainte désigne la borne imposée à tout individu supposé libre et responsable.

Respecter les limitations de vitesse et payer ses impôts sont des moyens d'éduquer le civisme, au moins extérieur, de chaque citoyen.

Kant explique à ce titre que la simple apparence de vertu, suffit à éduquer graduellement les hommes à la moralité. Car à force de voir les autres se comporter de façon morale, on fera de même et on entraînera à son tour autrui, et ainsi de suite. C'est en quoi l'apparence de vertu peut finir par mener à la vertu véritable, qui n'agit plus seulement conformément à la loi, mais par acceptation réfléchie et respect pour elle.

C'est le passage de la simple contrainte à l'obligation, donc de l'éducation reçue à la véritable autonomie. II - L'éducation doit éveiller et susciter l'autonomie.

Elle entraîne donc des obligations mais non des contraintes à proprement parler. a.

D'abord inculquée de l'extérieur, l'éducation doit devenir une discipline de soi par soi.

Chez Descartes, le doute radical permet de souligner l'opposition entre une éducation seulement reçue de l'extérieur par ses parents, nourrices et précepteurs, et une éducation assumée et revendiquée de l'intérieur par le sujet raisonnable.

Car ce qui change, ce n'est pas tant le contenu des connaissances que le rapport à elles: elles précèdent le jugement dans le premier cas, elles sont examinées et critiquées par une raison éduquée dans le second.

La condition nécessaire, de toute éducation personnelle est donc cette volontaire remise en question de tout ce qui est simplement reçu. b.

L'éducation ne se définit pas par un contenu mais par une attitude, et comme une exigence.

Le sujet rationnel ayent le "courage" de "penser par lui-même" s'éduque donc comme un homme en s'imposant à lui-même les principes et les valeurs nécessaires qui définissent son humanité: l'honnêteté intellectuelle, le respect de la morale et d'autrui, etc.

De ce point de vue, une éducation qui se ramènerait à l'imposition autoritaire de pures contraintes serait vouée à l'échec: on n'éduque pas par des brimades et des sanctions perpétuelles puisque cela finit par étouffer l'enfant ou susciter sa révolte.

D'ou la nécessité d'une vraie pédagogie. c.

L'éducation comme création autonome de ses propres valeurs.

Contre la revendication de valeurs absolues identiques pour tous, donc abstraites, certains penseurs défendent l'idée d'une création personnelle d'aptitudes et de normes.

L'éducation philosophique ne vise pas à imposer à chacun les mêmes valeurs, mais à créer les siennes propres dans le mesure du moins ou elles ne portent pas atteinte à la liberté et à la dignité d'autrui.

Mais on ne rejette que ce que l'on remplace.

Cette recherche autonome de valeurs personnelles est donc la clef de la liberté. Conclusion: Une éducation sans contrainte est donc non seulement impossible mais illégitime et dangereuse.

Elle est impossible, parce que aucune discipline ne peut faire l'économie de règles propres à assurer le développement équilibré de la personnalité, le respect d'autrui et l'accès à l'autonomie.

Elle est illégitime, parce qu'il est de la nature de l'homme de se fixer des bornes dont il comprend la nécessité, pour le bien commun et pour le sien propre.

Enfin elle est dangereuse par ce qu'elle peut donner à l'enfant l'idée que tout lui est dû et qu'il peut tout exiger des autres voire chercher à les tyranniser.

La difficulté est de trouver le bon équilibre entre l'éducation qui contraint, domine et réprime et celle qui laisse libre cours à la spontanéité anarchique des instincts sans préparer l'enfant à la vie adulte et à l'autonomie. Sujet désiré en échange : Faut-il aimer la vérité?. »

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