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Une connaissance peut-elle ne pas être relative ?

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« INTRODUCTION. Kant remerciait Hume de l'avoir réveillé de son sommeil dogmatique et Thomas Reid déclarait en parlant des philosophes sceptiques : « Ils emploient le raisonnement à ruiner la raison ; ils jugent qu'ils n'ont point de jugement en partage ; ils voient clair qu'ils sont aveugles ».

Nous sommes habitués à ce genre de raisonnement et, depuis que le Mythe de Sisyphe d'Albert Camus nous a prouvé en termes cohérents que tout dans l'univers était incohérent, le relativisme de la connaissance humaine nous apparaît de plus en plus évident.

« Lorsque Hegel s'en allait faire son cours, une pantoufle d'un pied et un soulier de l'autre...

», selon Alain, la considération que nous avons pour le philosophe parait chanceler.

Il faut que cette relativité apparaisse de prime abord, avec la façon même de penser : faute de quoi ce n'est qu'artifice de style et affectation pure. I.

DE LA RELATIVITÉ DES CONNAISSANCES HUMAINES. 1.

« Quiconque a pris la peine de discuter les arguties du scepticisme total a, en réalité, discuté sans adversaire », dit Hume dans le Traité de la Nature Humaine.

Cette relativité des connaissances faisait dire à Pascal que la vérité changeait en traversant les Pyrénées. Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà. (Pensées) Pascal s'en prend ici au caractère relatif, conventionnel de la justice humaine.

Les lois varient d'un État à l'autre.

La justice des hommes n'est pas universelle au contraire de la justice divine. Nous la retrouverions de la même façon dans la doctrine des sceptiques comme chez les probabilistes, voire chez les criticistes.

Mais qu'est-ce que la relativité de la connaissance ? Lalande déclare tout net que c'est le caractère qu'a la connaissance humaine d'être relative, ce qui peut s'entendre en plusieurs sens différents, que les divers philosophes ont admis ou rejetés.

Suivant l'analyse qu'en a donné Hamilton (Lectures, 1, 148), la connaissance humaine est relative : 1.

en ce que l'existence n'est pas connaissable en ellemême, absolument, mais seulement dans ses modes ou phénomènes ; autrement dit, on ne peut connaître des choses, mais seulement des relations ; 2.

en ce que ces modes ne peuvent être connus par un sujet que s'il possède une faculté capable de les saisir ; la relativité, en ce cas, doit être surtout entendue comme une limitation; 3.

en ce que ces modes n'arrivent à la connaissance de l'esprit que modifiés par ces facultés elles-mêmes, et combinés avec son activité propre.

Hamilton pense que la théorie de la relativité est vraie dans chacun de ces sens. 2.

Pour John Stuart Mill, « Nous ne connaissons une chose qu'en tant que distincte d'une autre chose » ; ce qu'il considère comme une loi logique importante et généralement admise.

Nous ne connaissons la nature que par nos états de conscience ; ce qui peut conduire à deux thèses subordonnées à celle-ci : a) Il n'y a que des états de conscience ; b) il y a des choses en soi, mais inconnaissables, soit au sens de Kant et des rationalistes, soit au sens des empiristes ». Cette relativité de la connaissance n'est guère liée à la notion même de relativité physique que la théorie d'Einstein a mise en lumière dès 1905, en la « généralisant « en 1913, théorie dont la forme n'est pas encore arrêtée définitivement aujourd'hui malgré les travaux de Langevin et de Cartan, d'Eddington et de Weil.

En un sens, le mot relativité est même opposé à celui de la théorie physique d'Einstein. 3.

La relativité de la connaissance s'entend donc d'un scepticisme à la manière de Montaigne, à la façon du « Que sais-je ? », car lorsque Socrate affirme : « Je ne sais qu'une chose, c'est que je ne sais rien », ce n'est point là du relativisme, mais, en un sens, c'est presque du dogmatisme.

Socrate est sûr de ne rien savoir.

S'il sait qu'il ne sait rien, il sait quelque chose.

De même, Descartes, au seuil de la deuxième Méditation métaphysique, s'interroge sur son doute hyperbolique et aboutit à cette certitude : « Qu'est-ce donc qui pourra être estimé véritable ? peut-être rien autre chose, sinon qu'il n'y a rien au monde de certain ».

Mais même dans cette hypothèse d'une philosophie sceptique, il croit encore à une certitude, celle suivant laquelle, il n'y a rien de certain ? Écoutons-le nous dire, dans cette perspective : « Je m'efforcerai néanmoins, et suivrai derechef la même voie où j'étais entré hier, en m'éloignant de tout ce en quoi je pourrai imaginer le moindre doute, tout de même que si je connaissais que cela fût absolument faux ; et je continuerai toujours dans ce chemin jusqu'à ce que j'aie rencontré quelque chose de certain, ou du moins, si je ne puis autre chose, jusqu'à ce que j'ai appris certainement qu'il n'y a rien au monde de certain.

Archimède, pour tirer le globe terrestre de sa place et le transporter en un autre lieu, ne demandait rien qu'un point qui fût ferme et immobile : ainsi j'aurai droit de concevoir de hautes espérances si je suis heureux pour trouver seulement une chose qui soit certaine et indubitable ». II.

DE LA CERTITUDE D'UNE VÉRITÉ ABSOLUE. 1.

« Notre monde, notait Renouvier il y a quelque cent ans, meurt d'un manque de foi dans une vérité. »

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