Aide en Philo

Un philosophe est-il un homme de son temps ?

Extrait du document

« Introduction. En quel sens un philosophe appartient-il à son temps? Cette question se pose si l'on compare une figure philosophique comme celle de Sartre, engagé dans les luttes et les combats de l'après-guerre, à celle de Spinoza, qui vécut en reclus, polissant des verres de lunettes afin de subvenir à ses besoins et consacrant son existence à l'élaboration de son oeuvre.

La question de l'appartenance du philosophe à son temps n'est pas seulement celle de l'historicité de sa pensée : il s'agit en effet principalement de savoir si le philosophe peut et doit d'abord être compris comme un homme de son époque, ou si cette époque n'est pour lui qu'un sujet parmi d'autres qui alimenterait sa réflexion.

La philosophie étant ainsi essentiellement réflexive, le philosophe dépasse par sa pensée son époque et ne peut être dans celle-ci comme un poisson dans l'eau.

C'est en faisant de son temps un problème philosophique qu'il peut ainsi surmonter son époque et ne plus dépendre simplement d'elle.

Si le philosophe est toujours de son temps en quelque façon, il s'élève au-dessus de celui-ci comme la connaissance de l'universel s'élève au-dessus du singulier: de la sorte, le philosophe ne peut être de son temps qu'en s'opposant à lui. 1.

Le philosophe est inscrit dans son époque. A.

Le philosophe et les sciences Lorsque la philosophie est définie comme «reine des sciences», on entend signifier par là qu'elle se les subordonne. La philosophie est la science des sciences, elle en constitue l'unité et en rend raison.

C'est de la sorte que le philosophe est celui qui prend connaissance des sciences de son temps et en fait la matière de sa réflexion.

Ainsi, les grands philosophes classiques que sont Descartes, Leibniz ou Pascal ont été des savants tout autant que des philosophes.

Les Principes de la philosophie de Descartes sont à la fois une oeuvre philosophique et scientifique: faire de la philosophie pour Descartes, c'est réfléchir aux sciences de son temps et contribuer à leur développement.

Le philosophe se tient ainsi informé des progrès de la science, entretient une correspondance avec Huygens et entend fonder sa physique sur les principes de la métaphysique : Descartes est tributaire des sciences de son temps à tel point qu'il affirmait que sa philosophie perdrait toute valeur si jamais l'existence du vide en venait à être prouvée.

De même que la philosophie de Descartes se fonde sur la physique galiléenne ou copernicienne de son temps, la philosophie de la connaissance de Kant prend en compte les acquis de la physique de Newton (et Kant luimême a écrit des ouvrages de physique) : une oeuvre comme les Premiers fondements de la métaphysique de la nature établit le lien entre la métaphysique et la physique: Kant reprend à son compte et explique le concept newtonien de force d'attraction ou le principe d'égalité de l'action et de la réaction. B.

Le philosophe et la politique. Le philosophe n'est pas seulement un homme de son temps parce qu'il nourrit sa philosophie des découvertes scientifiques récentes, il participe aussi pratiquement à la vie de son époque.

Les grands penseurs ont en ce sens aussi été engagés dans la vie politique de leur pays.

Rappelons ainsi les aventures (ou les mésaventures) de Platon avec Denys, le tyran de Syracuse.

Platon a voulu réaliser son idéal politique: La République et Les Lois témoignent des préoccupations pratiques de Platon dans la vie de la Cité.

Platon, s'inspirant des principaux systèmes politiques de la Grèce ancienne et comparant les constitutions des villes helléniques, a pu ainsi élaborer le modèle de toute cité.

La charge de l'État y est confiée au philosophe.

Le philosophe platonicien n'échappe pas aux obligations politiques : le concept de philosophe-roi est en effet celui d'un homme qui, en vertu même de sa connaissance du bien et de sa fréquentation du monde des idées, est appelé à diriger l'État.

Loin de confier le pouvoir politique aux politiciens de métier qui n'ont pas pour fin le bien de l'État mais sont guidés par leurs passions, Platon a voulu faire du philosophe le roi véritable : lui seul, par sa formation, est apte à diriger la vie de la Cité en ne perdant pas de vue le bien commun. C.

Le philosophe est en accord avec son temps. Le philosophe est alors le seul homme qui sache s'accorder avec son temps, prendre la mesure de celui-ci.

C'est ce qui ressort de ce passage des Entretiens d'Épictète : « Ici, nous nous représentons l'oeuvre du philosophe de la manière suivante : il faut accorder notre volonté avec les événements de telle manière que nul événement n'arrive contre notre gré et qu'il n'y ait nul événement qui n'arrive lorsque nous le voulons.

L'avantage, pour ceux qui sont ainsi pourvus, c'est de ne pas échouer dans leurs désirs, de ne pas tomber sur ce qu'ils détestent, de vivre intérieurement une vie sans peine, sans crainte et sans trouble, de conserver les rapports sociaux, qu'ils soient naturels ou acquis, ceux de fils, de père, de frère, de citoyen, de mari ou de femme, de voisin, de compagnon, de gouvernant ou de gouverné.

» Le philosophe est ainsi homme de son temps en ce qu'il remplit la fonction qui lui échoit, en ce que sa volonté même est en accord avec son temps.

Il ne se retire pas du monde, mais mène une existence sociale avec ses semblables.

Le philosophe, loin de mépriser la société dans laquelle il vit, s'y intègre et ne fuit pas les responsabilités de son existence temporelle, condition de sa vie spirituelle : sans être assujetti à son. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles