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Un monde sans justice est-il humain ?

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« Termes du sujet: MONDE: ensemble des réalités matérielles qui constitue l'univers, mais aussi le monde humain, les relations entre les hommes. SANS: A l'exclusion de, exprime l'absence. JUSTICE: a) Juste reconnaissance du mérite et des droits de chacun. b) Caractère de ce qui est conforme au droit positif (légal) ou au droit naturel (légitime). Un monde dénué de toutes prescriptions juridiques en reste-t-il pour autant un monde humain ? Que serait un monde où toutes normes de juste et d'injuste aurait disparu ? C'est là ce que les philosophes appellent l'état de nature (Hobbes, Rousseau).

C'est-à-dire, précisément, l'état des hommes en dehors de toutes lois et de toute culture.

Il n'y a pas de justice dans la nature parce que la nature n'est soumise qu'à la loi de la force, ce que montre, par exemple, Calliclès dans le "Gorgias".

Mais, le propre de l'homme n'est-il pas précisément de s'opposer à l'ordre ingrat, inégalitaire et violent de la nature ? Or, la nature, dans son immédiateté originelle s'oppose précisément à l'humain.

L'homme introduit la marque de son action, de sa pensée dans le monde et met en partie fin à la nature par la culture.

A cet égard, un monde (une société, un État, une civilisation) dans lequel la justice est absente n'est effectivement pas humain au sens politique et moral du terme... [Introduction] La justice est l'application de la loi.

Mais de quelle loi ? la loi de la nature, la loi humaine ? Peut-on penser que le cosmos porte en soi, indépendamment de l'homme, une justice, ou la justice n'appartient-elle qu'à l'homme, n'a-t-elle de sens qu'érigée par la raison humaine ? [I - Le monde naturel n'est pas dépourvu de justice] Dans le monde naturel où règne la loi biologique, la seule règle est de survivre.

Le droit naturel s'identifie ainsi à la puissance d'agir et on peut supposer que le monde possède une justice, celle du « droit du plus fort » comme l'a posée Hobbes.

Les jugements de valeur sont inutiles : le droit de chacun est mesuré par sa puissance : tout ce qui est possible est permis.

Dans ces conditions, « l'homme est un loup pour l'homme » et chacun vit dans la peur et l'angoisse de la mort. La nature obéit donc à une « justice » naturelle, même si cette justice ne correspond pas à la justice instituée par l'homme.

De même, un monde sans justice est humain : dans la vision de Hobbes, ce sont bien des hommes qui sont des loups les uns pour les autres.

Le monde a une justice mais elle n'est pas humaine. [II - La raison prolonge le droit naturel] L'homme est un être naturel, assujetti, comme nous venons de le voir, au droit naturel.

Mais il est aussi un être doué de raison et, grâce à cette raison, il peut instituer la justice, cette volonté d'attribuer à chacun son dû selon le droit civil, comme l'indique Spinoza, et de la même manière pour tous.

Au droit naturel Spinoza oppose le droit selon la raison, seul capable d'assurer la justice pour tous. Rousseau reprendra cette idée.

Récusant comme absurde « le droit du plus fort » (Du contrat social, I, 3), il montre que la force brute ne peut fonder le droit civil et que la justice est une construction de la raison et de la conscience de l'homme.

Un monde sans justice n'est pas humain : c'est par la justice que le monde s'humanise. Le problème à résoudre est le suivant : "le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir".

Existe-t-il réellement un droit du plus fort, et la force est-elle un principe suffisant pour fonder le droit ? S'il est vrai que dans la nature règne la force, il n'est pas vrai que le plus fort reste longtemps le maître : les forces y sont perpétuellement en conflit, et l'issue est incertaine.

De plus, la puissance physique engendre une contrainte physique et non point morale.

Il n'est jamais interdit de désobéir à la force sitôt qu'on le peut.

Le droit du plus fort n'engendre pas le devoir d'obéissance.

"Sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effet change avec la cause; toute force qui surmonte la première succède à son droit." Il suffit d'échapper à la force pour en avoir le droit, puisque, selon ce principe, le plus fort a toujours raison.

Un droit qui disparaît sitôt que s'éclipse la force n'est pas un droit, c'est un fait.

Il s'ensuit qu'aucune justice, aucune loi, aucune légitimité ne peuvent être fondées sur la force. [III - La justice et son contraire, l'injustice, sont le propre de l'homme] L'univers se moque d'être juste ou injuste : obéissant aux lois physiques, il est indifférent aux souffrances humaines.

C'est donc bien l'homme qui essaie de rendre la société plus humaine, face aux forces aveugles de la nature.

D instaure la loi, émanation de la volonté générale pour Rousseau.

La justice reste alors un idéal à atteindre, car il suffit de regarder autour de soi pour constater l'injustice : inégalités sociales, souffrance, etc. Se pose alors la question de savoir si, en n'obéissant qu'à la loi qu'il s'est prescrite, l'homme reste humain.

Rousseau lui-même a recouru à l'idée d'une justice extra-humaine pour fonder la justice humaine : une justice universelle « émanée de la raison sociale » ne saurait suffire par elle-même, « toute justice vient de Dieu, lui seul en est la source », écrit-il dans le dernier livre du Contrat social. [Conclusion] Un monde sans justice n'est pas un monde humain.

Pourtant, il semble bien difficile d'instaurer un monde juste : la justice reste une exigence de l'homme qui doit encore perfectionner son humanité s'il veut vivre dans un monde sans injustice.. »

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