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Un mal peut-il être la condition d'un bien ?

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« INTRODUCTION Le mal et le bien étant l'opposé l'un de l'autre, il semble contradictoire de vouloir faire du premier la cause du second.

Cependant quand nous parlons au sujet d'une guerre d'un mal nécessaire nous entendons par là que la paix elle-même peut avoir pour moyen la guerre, son contraire.

L'apparente exclusion entre ces deux termes est remise en cause.

Mais le problème reste posé de savoir si le fait de concéder au mal la possibilité d'être la source du bien n'ouvre pas la porte à des excès.

En effet si le mal peut bien être la source d'un bien, il y a un risque de légitimation abusive des moyens par la fin.

Une fin bonne justifie-t-elle des moyens condamnables ? Cependant si on exclut la possible relation de causalité entre un mal et un bien alors des problèmes inextricables se posent nés de leur coexistence ici-bas.

Pour répondre à cette question nous procéderons en trois étapes.

La première tend à développer l'idée d'un mal nécessaire.

La deuxième souligne les limites de la relation causale entre un mal et un bien.

Enfin la dernière met au cœur de la réflexion notre jugement sur la possibilité et la légitimation de cette relation. PLAN DETAILLE Première partie : L'idée d'un mal nécessaire ou salvateur. 1.1 La violence légitime. Dans Le politique Max Weber utilise l'expression de « violence légitime » à l'endroit de la politique, son but étant de mettre en évidence des exemples de violence non condamnables.

En ce sens si la guerre s'avère être la seule solution pour résoudre un conflit entre des belligérants alors elle peut être consentie. 1.2 La question du droit de mentir. Puis-je mentir pour sauver la vie de mon ami ? Une telle question est délicate à traiter dans la mesure où une légitimation abusive des actes répréhensibles dans d'autres circonstances est toujours à craindre.

Un tel problème, posé par Kant dans son opuscule Sur un prétendu droit de mentir par humanité, reçoit sous la plume du philosophe allemand une réponse négative.

Selon lui le devoir de vérité ne tolère aucune exception.

Benjamin Constant, quant à lui souligne les limites de cette position : « Le principe moral que dire la vérité est un devoir, s'il était pris de manière absolue et isolée, rendrait toute société impossible.

Nous en avons la preuve dans les conséquences directes qu'a tirées de ce premier principe un philosophe allemand qui va jusqu'à prétendre qu'envers des assassins qui vous demanderaient si votre ami qu'ils poursuivent n'est pas réfugié dans votre maison, le mensonge serait un crime.

» Transition : À la fin de cette première partie nous pouvons affirmer qu'il y a bien des exemples qui nous montrent qu'un mal peut bien être la source d'un bien.

Mais cette affirmation ouvre la brèche à un excès de légitimation des actes condamnables. Deuxième partie : Les limites de la relation causale entre le mal et le bien. 2.1 La perversion de la fin par l'injustice. Gorgias nous offre une caractérisation intéressante de la tyrannie.

Le tyran ayant pour finalité l'exercice de son pouvoir, la poursuite de son intérêt personnel, va juger bons tous les moyens qui vont lui permettre d'arriver à ses fins.

Le meurtre de ses ennemis n'est pas condamnable selon lui, il lui paraît juste. La difficulté qui émerge à la lecture du passage du dialogue platonicien sur la tyrannie (468 et suivants) est la suivante, la définition du bien et du mal peut différer selon les personnes.

Pour que la relation causale vaille faut-il encore que les définitions du bien et du mal en question ne posent pas problème. 2.2 La déconnexion fin/moyens : tous les moyens sont-ils bons si la fin est bonne ? Max Weber distingue deux types d'éthique : l'éthique de la conviction et l'éthique de la responsabilité.

La première met au premier plan les valeurs et notamment les fins défendues dans la religion par exemple.

Le risque de cette éthique est de mélanger les valeurs et les faits, le fait de défendre une valeur peut-il légitimer l'accomplissement d'actes répréhensibles ? Transition : La mise en évidence de la limite résidant dans la légitimation abusive de la relation entre un mal et un bien nous fait nous interroger sur la nature même de ces deux notions.

Est-ce qu'un bien n'est pas corrompu à partir du moment où il résulte d'un mal ? Troisième partie : Possibilité et légitimation d'un mal comme condition d'un bien. 3.1 Le tableau leibnizien. L'harmonie picturale est due non seulement aux lumières mais aussi aux ombres.

C'est grâce au contraste que l'harmonie se dégage. Leibniz dans La profession de foi du philosophe utilise cette image afin d'expliquer la présence du mal en ce monde.

« La dissonance chaotique rentre comme par enchantement dans l'ordre de l'harmonie la plus exquise, que la peinture des objets est rendue distincte par les ombres, que l'harmonie due aux dissonances s'équilibre en transformant les dissonances en consonances.

» 3.2 La question du jugement. Hart dans Le concept de droit se confronte au problème des lois injustes et met au premier plan l'examen moral comme moyen de trancher la question.

« La chose qui est de loin la plus nécessaire pour rendre les gens clairvoyants lorsqu'ils sont en présence de l'abus de pouvoir d'une autorité, c'est qu'ils gardent la conscience de ce que l'assurance de la validité juridique n'est pas décisive quant au problème de l'obéissance, et que, quelle que soit la dimension de l'aura de majesté ou d'autorité que puisse avoir le système officiel, ses exigences doivent finalement être soumises à un examen moral minutieux.

». CONCLUSION Pour conclure nous affirmons qu'un mal peut bien être à la source d'un bien mais dans ce cas il ne s'agit pas de n'importe quel mal.

Le contexte de l'action doit nous permettre de discerner l'intention véritable de l'agent et donc de décider si oui ou non il avait bien en vue un bien non subjectif mais objectif.

D'autre part la seule légitimation des moyens par la fin ne suffit pas, la prise en compte des conséquences potentiellement fâcheuses de nos actes doit nous faire réfléchir à la réalisation de cet acte mauvais même si celui-ci poursuit une fin bonne.. »

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