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UN HOMME RAISONNABLE EST-IL UN HOMME INSENSIBLE ?

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« INTRODUCTION L'homme est un animal doué de raison. « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée », première phrase du Discours de la méthode de Descartes. La spécificité de l'homme semble être la raison.

Tout homme doit penser par lui-même, développer sa raison pensaient les philosophes des Lumières.

La raison exige ordre, mesure. Ainsi, un homme qui suivrait ces préceptes, qui ferait l'effort d'utiliser le mieux possible, le plus souvent possible sa raison, serait un homme sans sentiment ? Deviendrait-on cruel en devenant raisonnable ?Y a-t-il une antinomie irréductible entre ces deux adjectifs : ne peut-on être raisonnable et plein de compassion ? La raison exclut-elle donc le coeur ? I.

L'homme se définit par la raison • « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » : cette lumière naturelle est identiquement répartie entre tous les hommes.

Mais la posséder est une chose, « l'appliquer bien » en est une autre.

Et pour « l'appliquer bien » il faut suivre une méthode qui nous permettra d'avoir une pensée autonome, délivrée des préjugés, qui saura distinguer le vrai, le bien. • Rousseau n'accorde le terme d'humanité qu'à l'homme sorti de l'état de nature dans lequel il est « stupide et borné ».

Le développement, l'utilisation de la raison va le rendre apte au langage, au progrès, et à la morale. • « Vivere est cogitare », vivre c'est penser disait Cicéron.

Quoi qu'on fasse l'homme diffère de l'animal parce qu'il a conscience qu'il vit, qu'il choisit sa façon de vivre.

Plus il raisonne, plus il essaie de trouver la vérité, plus il maîtrise ses passions.

Est-ce pour cela qu'il perd toute sensibilité ? • On ne peut nier l'essence même de l'homme sans nier l'homme lui-même.

La civilisation a progressé grâce à la raison : découvertes scientifiques, techniques.

On a pendant des siècles loué ce privilège humain, allant jusqu'à lui offrir un culte en 1793.

Le développement technique et scientifique n'a malheureusement pas apporté que du bien-être.

La barbarie n'a pas disparu (camps de la mort, tortures, utilisation d'armes chimiques, etc.).

On interroge alors la raison : ne s'égare-t-elle pas ? N'étouffe-t-elle pas le coeur ? II.

La raison est étrangère à la morale • La raison a une fonction normative.

Elle se présente, comme nous l'avons vu, comme ce qui permet de distinguer le vrai de l'erreur (Descartes) et par suite le bien du mal.

Mais n'est-ce pas une conception erronée de la raison ? La fonction logique de la raison, à savoir combiner logiquement des concepts, peut-elle se prononcer sur le bien et le mal, sur en fait le sentiment ? • La raison, ordre et mesure, exige son ordre et sa mesure qu'elle va imposer.

Et la raison ne peut rendre raison d'elle-même.

Elle n'a de valeur que par la confiance qu'on lui accorde.

Si, comme Hegel, on pense que tout est rationnel, on aboutit même à une raison totalitaire, qui justifiera tout.

Sans aller jusque là, on fait l'expérience de la raison exclusive : elle rejette tout ce qui n'est pas conforme à sa norme (passions, maladie, fou, etc.). • La raison semble rejeter le sentiment, et l'homme raisonnable serait insensible : maître de lui, refusant ce qui le dérange au nom de la raison.

La raison paraît incapable d'indiquer le bien et le mal.

C'est ce que soulignait déjà Pascal : « Le coeur a ses raisons que la raison ignore.

» III.

La raison critique d'elle-même • Nous venons de critiquer la raison.

Mais c'est bien elle qui nous permet de la juger et de la critiquer. • Kant a montré le pouvoir critique de la raison et la relativité de son champ d'action.

Il réconcilie raison et morale, raisonnable et sensible.

La véritable fonction de la raison est une fonction morale.

La loi morale universelle ne peut pas dépendre d'un sentiment variable et subjectif.

Toute connaissance est rationnelle mais l'être même échappe à la raison. • En définitive, le rationalisme apparaît comme un acte de foi – « Aucune raison ne peut donner l'existence, aucune existence ne peut donner ses raisons », (Alain) – mais un acte de foi qui témoigne de la dignité de l'homme comme être doué de raison.

L'homme doit développer ses connaissances sans pour cela perdre sa sensibilité.

Le sentiment esthétique réconcilie les deux, puisque « le beau est ce qui plaît universellement sans concept » selon Kant (cf. Dissertation sur l'art et le beau).

Aucun raisonnement ne peut prouver qu'une chose est belle.

On sent le beau avec le coeur.

Pourtant il s'impose à tous. CONCLUSION Il ne suffit pas d'aimer pour atteindre la vérité, mais la vérité ne conduit pas non plus toujours à l'amour.

Aussi fautil, comme dans le sentiment esthétique, concevoir notre vie comme une oeuvre d'art.

Raison et sentiment vivent en harmonie.. »

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