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L' homme est il un animal raisonnable?

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« INTRODUCTION Définition des termes et problématisation : Le problème posé par ce sujet a pour objet la définition commune de l'homme qui l'identifie à un « animal raisonnable ».

Si la nature biologique de l'homme ne peut être remise en doute, autrement dit l'homme fait bien partie de l'espèce animale et ce n'est pas ce qui est interrogé dans le sujet, pour autant sa qualité d'être raisonnable, elle, n'est pas hors de doute.

En effet même si l'homme peut être défini comme étant doué de raison, il n'en reste pas moins qu'il n'en fait pas toujours usage.

C'est pourquoi il peut être l'auteur d'un jugement ou d'une action irrationnels.

L'adjectif raisonnable comme l'adjectif rationnel se rapportent à la raison, mais le premier concerne le domaine pratique alors que le second concerne plutôt le domaine théorique, même si une action déraisonnable pourra être dite irrationnelle.

La difficulté consiste donc à concilier la nature humaine, qui est raisonnable, et ses expressions, ou actions, qui ne le sont pas nécessairement.

Dans un premier temps il s'agira d'affirmer dans quelle mesure l'homme peut être défini comme étant un animal raisonnable.

Ensuite il faudra nuancer cette caractéristique essentielle de l'homme en montrant qu'il est capable d'irrationalité.

Enfin la possible conciliation entre la nature de l'homme et ses déviations devra être soulignée au profit de la raison comme faculté déterminante de l'être humain. Première partie : L'homme est doué de raison. 1.1 La raison en grec se dit logos.

Or ce terme est également associé au langage.

Dans cet extrait la possession du langage, qui fait la spécificité de l'espèce humaine, est intimement liée à la connaissance du bien et du mal, qui est requise pour agir raisonnablement. « Il est facile de voir pourquoi l'homme est un être de cité plus que l'abeille ou que tout autre espèce grégaire.

Car la nature ne fait rien en vain or, seul entre tous les vivants, l'homme possède le langage.

La voix, sans doute, peut signifier le plaisir et la douleur, et c'est pourquoi elle appartient aussi aux autres animaux (tel est le degré atteint par leur nature : avoir la capacité de ressentir la douleur et le plaisir, et de se le signaler les uns aux autres) ; mais le langage est destiné, lui, à la manifestation de l'utile et du nuisible, et par suite aussi du juste et de l'injuste.

Car le propre de l'homme par rapport aux animaux, c'est de posséder le sens du bien et du mal, du juste et de l'injuste et ainsi de suite.

Et c'est la communauté de ces valeurs qui fait la famille et la cité.

» ARISTOTE, Les politiques, I 1. 1.2 L'homme comme Dieu est doué de raison. « Où la raison n'a point de place, le bien n'existe pas.

Il y a quatre sortes de natures : celle de l'arbre, celle de l'animal, celle de l'homme, celle du dieu ; ces deux derniers en tant que raisonnables, ont même nature.

» SENEQUE, Lettre à Lucilius 124 14. Transition : Que l'homme puisse être défini comme animal raisonnable ne pose pas de problème mais une difficulté persiste dans la mesure où même si l'homme possède une raison il n'en fait, pour autant, pas tout le temps usage et peut donc agir de manière déraisonnable. Deuxième partie : L'homme peut agir irrationnellement. 2.1 Il y a de l'irrationnel dans l'âme humaine. « On voit ainsi que la partie irrationnelle de l'âme humaine est elle-même double : il y a d'une part, la partie végétative, qui n'a rien de commun avec la principe raisonnable, et, d'autre part, la partie appétitive ou, d'une façon générale, désirante.

» ARISTOTE, Ethique à Nicomaque I 13. 2.2 La tripartition de l'âme humaine.

Si le mauvais cheval domine le bon cheval alors l'âme sera déréglée et agira de manière déraisonnable. « Au début de cette allégorie, j'ai distingué dans l'âme trois parties, et assimilé les deux premières à des chevaux et la troisième à un cocher.

Continuons à faire usage de la même figure.

De ces deux chevaux, disions-nous, l'un est bon, l'autre ne l'est pas.

» PLATON, Phèdre 253c Transition : si la définition de l'homme comme animal raisonnable doit être nuancée parce que toute action irrationnelle ne peut être exclue, pour autant il s'avère que ce qui fait l'essence de l'homme est sa raison et qu'il ne peut délibérément la perdre. Troisième partie : L'homme ne peut perdre sa raison. 3.1 Primauté de l'humanité sur l'animalité en l'homme « L'humanité qui réside en sa personne est l'objet d'un respect qu'il peut exiger de tout autre homme ; mais il ne doit pas non plus s'en priver.

L'homme peut donc et doit s'estimer suivant une mesure qui est petite ou grande selon qu'il se considère en tant qu'être sensible (d'après sa nature animale) ou en tant qu'être intelligible (d'après sa constitution morale) [...] son peu de valeur en tant qu'homme animal ne peut nuire à sa dignité comme homme raisonnable.

» KANT, Doctrine de la vertu, §11 3.2 Le caractère déraisonnable de l'homme n'est qu'une déviation, une transgression de son essence. « Mais cet être, si inférieur qu'il soit, fût-ce de l'argile, est indubitablement bon, en tant que nature, en tant qu'essence, et, dans son genre, dans son ordre, il a sa mesure et sa convenance.

Comme donc un objet bon peut-il produire une volonté mauvaise ? Comment, dis-je, un bien est-il cause d'un mal ? C'est quand elle descend d'un objet supérieur à un objet inférieur que la volonté devient mauvaise : non que l'objet vers lequel elle se tourne soit un mal, mais le mal est ce détournement même.

» SAINT AUGUSTIN, Cité de Dieu, XII. CONCLUSION L'homme est un animal raisonnable en tant qu'être doué de raison.

Mais l'homme est libre de suivre sa raison ou non, d'agir raisonnablement ou non.

En ce sens toute irrationalité ne peut être exclue et c'est pourquoi il faut spécifier que ce n'est pas parce que l'homme est dit être un animal raisonnable que toutes ses actions sont raisonnables, la transgression est toujours possible.

Cependant en concédant le caractère potentiellement déraisonnable de l'homme ne remettons-nous pas en question cette définition ? Non même s'il appartient à l'homme de faire usage de sa raison, il ne peut la perdre, en tant qu'elle lui est propre, c'est-à-dire qu'elle une caractéristique essentielle de ce qu'il est.. »

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