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Travailler rend-il libre ?

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« Problématique: Le travail nous impose de multiples contraintes.

Il limite notre "temps libre" et exige souvent de nous des efforts que nous ne consentirions pas à faire de notre plein gré.

Comment donc pourrait-il constituer un facteur de liberté ? 1) Le travail, c'est la liberté. A.

Le travail affranchit des contraintes naturelles.

Travailler permet en effet de satisfaire ses besoins vitaux.

Comme le souligne Protagoras, dans le discours éponyme de Platon, grâce à la puissance de son travail, amplifiée par les inventions techniques, l'homme parvient à maîtriser les conditions de son existence biologique. B.

Travailler, c'est aussi gagner une certaine indépendance sociale.

L'homme qui travaille assure lui-même sa subsistance et est moins dépendant à l'égard d'autrui et de sa compassion qui reste toujours hypothétique.

Cette conception du travail est défendue par Adam Smith dans "Richesse des nations". C.

Le travail se révèle également indispensable à la formation de notre conscience personnelle et de notre raison. Par la production d'objets, l'homme prend conscience de son pouvoir et de sa nature.

Il se révèle à lui-même comme un être rationnel, capable de former le concept d'une chose à fabriquer. Néanmoins, l'activité du travailleur n'est-elle pas pétrie de contraintes bien plus fortes que celles dont il croit s'affranchir par le travail ? 2) Le travail, une condamnation à perpétuité. A.

La nécessité de travailler a traditionnellement été perçue comme une servitude.

Dans la "Genèse", Adam et Ève sont condamnés au travail par une malédiction divine.

Travailler est, en effet, le symptôme de notre incapacité à endiguer définitivement les contraintes naturelles.

Le travail est sans fin parce que la liberté qu'il procure, à l'égard de la faim par exemple, est toujours provisoire et fragile. B.

Le travail mécanisé produit, en outre, de nouvelles contraintes biologiques.

Comme le souligne Hannah Arendt dans "Condition de l'homme moderne", le travail industriel exige du corps humain l'adoption d'un rythme nouveau et l'apprentissage de certains gestes artificiels.

C'est l'homme qui doit désormais s'adapter à son outil et non l'inverse. "Le propre du travail, c'est d'être forcé." Alain, Les Arts et les dieux, 1943.

Pour qu'il y ait travail, il faut qu'il y ait contrainte.

Si cette conception du travail est vraie lorsqu'il s'agit d'exécuter des travaux pénibles, dans les sociétés modernes il est souvent vécu comme l'activité essentielle des êtres humains.

Ceux-ci s'identifient alors à la fonction qu'ils occupent dans l'entreprise : à ce titre, le travail pose la question des finalités de l'existence. C.

Enfin, la parcellisation du travail introduite par le fordisme ôte au travailleur la possibilité de se reconnaître comme l'auteur d'une oeuvre.

C'est ce que Marx met en évidence, dans "Manuscrits de 1844", lorsqu'il dénonce la séparation radicale introduite par l'industrie entre le travail intellectuel de conception et le travail manuel de production. Au début du XX ième, Taylor invente « l'organisation scientifique du travail », qui vise à augmenter la productivité en rationalisant le travail.

Le travail est divisé de telle sorte que chacun n'effectue plus qu'une parcelle de l'objet.

Le travailleur répète toujours les mêmes gestes.

Aucune habilité de métier n'est plus nécessaire, les tâches simplifiées peuvent être exécutées sans formation.

Ce qui entraîne pour l'ouvrier une activité dénuée de sens et ennuyeuse, simple moyen de gagner sa vie.

L'idée d'aliénation semble particulièrement adéquate pour désigner ces phénomènes.

La « rationalisation » du travail, est critiquée comme déraisonnable d'un point de vue humain. D'autre part, au nom de l'égalité entre les hommes, il est possible de reprocher à la rationalisation du travail d'accentuer la division entre travail intellectuel et travail manuel et entre tâches de commandement et tâches d'exécution.

En effet, l'organisation de la fabrication du produit doit être pensée entièrement à l'avance et la production décomposée en un certain nombre de gestes : ce travail préalable de conception n'est pas le fait de ceux qui exécuteront le travail.

De plus, l'exécution d'une tâche dépendant de l'exécution d'une autre, les rythmes de production doivent être strictement respectés et donc contrôlés. Il faut distinguer ici « exploitation » et « aliénation ».

Ce ne sont pas des termes équivalents : le mot « exploitation » désigne la réalité économique d'un travail non payé, au moins en partie.

Le mot « aliénation » renvoie à une situation où le travailleur ne se « reconnaît » plus dans son travail.

Il ne s'agit plus seulement de la dimension économique.

La dénonciation se fait en fonction d'une certaine idée de ce que devrait représenter le travail pour l'homme : permettre la réalisation de l'individu en étant la manifestation, l'extériorisation de lui-même.

La critique de l'aliénation fait référence à une « essence » de l'humanité, dont le travail est censé accomplir la réalisation.

Cette critique suppose donc un point de vue « philosophique », en quoi elle se distingue de la problématique plus «. »

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