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Toute vérité est-elle vérifiable ?

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« Définition des termes du sujet: VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours , et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Q ualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres c onventions. La vérité expérimentale c ' e s t la non-contradic tion de m e s jugements, l'accord et l'identific ation de m e s énoncés à propos d'un donné matériel.

O n distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.

A insi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la faus seté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. Introduction — Définition précise des termes « vérité » et « vérification ». — Insister sur l'inséparabilité de la vérité et du jugement; il n'y a de vérité que dès que l'on porte un jugement. – P osition du problème: Q u'est-ce qui nous permet de dire qu'une proposition est vraie? En l'absence de vérification, peut-on encore parler de vérité? Y a-til des vérités qui ne sont pas vérifiables? – A nnonc e du plan. 1.

Quels sont les moyens qui nous permettent de vérifier la véracité d'une proposition? Démonstration et expérience Hume dans Enquête sur l'entendement humain fait une dis tinction entre les relations d'idées et les relations de faits: dire que le carré de l'hypoténuse est égal à la somme du carré des deux autres côtés, c 'est établir une relation d'idées car cette proposition resterait vraie quand bien même aucun triangle n'existerait.

La véracité de cette proposition réside essentiellement dans son caractère non contradictoire; elle repose sur la cohérence interne du raisonnement.

Nous avons ici affaire à une vérité de raison, et le moyen de vérification est dans ce cas la démonstration. M ais si je soutiens : « Le soleil se lèvera demain », je me rends compte que ma proposition est d'une autre nature que la précédente.

Qu'est-ce qui me fait dire cela sinon parce que j'ai fait quotidiennement l'expérience du lever du soleil et que, cette obs ervation passée, j'en tire une relation de fait et une conclusion pour ce qui s e passera demain ? Nous avons ici affaire à une vérité de fait et le moyen de vérification est, dans ce second cas, le recours à l'expérience. Nous pos sédons donc deux moyens pour vérifier la vérité des propositions que nous avançons: la démonstration et le recours à l'expérience.

Si nous procédons méthodiquement, ains i que le suggère Descartes dans le D i s c o u r s de la méthode, en allant d'une proposition fermement établie à une autre proposition rigoureusement démontrée, nous pouvons espérer progresser dans la connaissance.

Si par ailleurs nous procédons à des observations très attentives en nous méfiant toujours du caractère souvent trompeur des sens et de l'expérience première, nous pouvons espérer ne point nous tromper.

C 'est ainsi que procèdent les scientifiques dans leurs raisonnements et observations. II.

Mais expérience et démonstration sont-elles toujours possibles? Faut-il s'abstenir de tout jugement dès lors que nous ne pouvons vérifier la validité de nos propositions? Examen de quelques exemples – L e problème de la morale: dans bien d e s c a s , je ne peux en matière morale me fonder sur l'expérience car chaque situation est inédite; je n'ai pas fait l'expérience de toutes les situations et je dois très souvent pour prendre une décision ne me fier qu'à moi-même.

Je peux, certes, comme le suggère la morale kantienne, m'appuyer sur ma raison et me demander si la maxime de mon action pourrait être admise par ma volonté comme une loi universelle et, en effet, ce recours à la raison me permet très souvent de trouver la juste voie (je ne dois pas mentir car je ne puis vouloir que le mensonge devienne la loi).

M ais il est certains cas où le raisonnement se révèle sans effet.

C 'est l'exemple pris par Sartre dans L'Existentialisme est un humanisme: pendant l'O ccupation allemande, un jeune homme hésite à s'engager dans la Résistance parce qu'il craint de laisser sa mère sans secours; le devoir de défense de la patrie et celui de la protection de sa famille paraissent deux causes aussi justes l'une que l'autre et la raison ne me permet pas de trancher. Dois-je dans ce cas conseiller au jeune homme de s'abstenir de tout jugement? A ssurément non; la situation présente exige toujours une décision rapide. Jamais nous n'avons été aussi libres que sous l'occupation allemande. (Situations, III) Sartre ne prétend nullement que l'occupation allemande aurait été propice à la liberté politique.

C 'est de la liberté au s e n s métaphysique du terme qu'il s'agit ici.

Être libre c'est être capable de dire non, de refuser une situation.

L'occupation allemande est un d e c e s moments de notre histoire où notre attitude avait une pleine signification.

A ccepter c'était être complice, refuser, devenir résistant c'était risquer la torture et la mort.

C 'est donc une de c e s situations limites où l e s choix ne peuvent qu'être authentiques.

La liberté ne se mesure pas dans les situations sans risque m a i s dans celles où notre responsabilité et s e s conséquences sont pleinement engagées. – L'exemple de l'amour: celle ou celui que j'aime me soutient qu'elle ou il m'aimera toujours; de quelle preuve puis-je disposer pour vérifier la vérité de son propos? Les recours au raisonnement ou à l'expérience se montrent sans effet puisque son affirmation porte sur l'avenir.

L'obs ervation attentive des expériences amoureuses connues me montre quelques cas d'amours éternelles et d'innombrables liaisons éphémères.

Dois-je pour cela douter de sa déclaration? – L'expérience de la foi : qu'elle soit religieuse ou bien laïque, la foi ne se démontre pas; elle s'éprouve bien plus qu'elle ne se prouve.

C omme l'ont montré P ascal ou Kierkegaard, on croit toujours en l'abs ence de preuve.

Faut-il considérer comme fausse toute forme de croyance? – Le jugement relatif à l'art: on ne démontre pas qu'une oeuvre d'art est belle, on ne le prouve pas davantage par une expérimentation.

Est-ce à dire que les jugements portés sur l'art sont sans valeur? Si, en l'absence de vérification, nous nous abs tenons de tout jugement, ne prenons-nous pas le risque de sombrer dans un scepticisme aussi radical qu'infécond?. »

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