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Toute vérité est-elle vérifiable ?

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« Définition des termes du sujet: VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement. Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet lui-même mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. On pense communément que la vérité est de l'ordre du démonstratif.

Si un énoncé est vrai, alors il doit pouvoir être vérifié, exhiber les conditions formelles mais aussi externes de sa validité.

Ce raisonnement , ferme la porte aux dogmes et aux préjugés.

Mais il permet aussi, d'un point de vue moral et même politico-juridique, d'éprouver la valeur de la vérité concernée : est «vrai » ce qui est vérifiable.

Mais pourquoi l'invérifiable échapperait-il par nature à la vérité? L'homme n'a-t-il pas besoin, pour penser, de « premières vérités», comme telles indémontrables? Et pour agir, de vérités échappant à la raison et relevant, par exemple, de l'art ou de la religion? À partir de quand peut-on alors considérer comme une vérité ce qui ne peut être vérifié? 1.

L'exigence de vérification est constitutive de la vérité. • Un énoncé ne peut être considéré comme vrai qu'à partir du moment où il n'est pas contradictoire logiquement et où il est validé par les faits.

Le processus de vérification permet à celui qui l'entreprend de montrer à quelles conditions ce qu'il soutient est vrai.

C'est le rôle de la recherche et de l'entretien des témoins dans le contrôle d'un alibi en justice, ou de l'expérimentation dans la confirmation d'une hypothèse en science.

Sans cette vérification, le suspect est toujours potentiellement coupable et l'hypothèse, douteuse. • Un énoncé invérifiable est souvent rejeté dans le camp du mensonge ou de l'erreur.

Descartes montre ainsi que pour parvenir à la vérité théorique, il faut, au moins provisoirement, rejeter le douteux dans le domaine de la fausseté.

Et pour reprendre l'exemple judiciaire, un alibi non confirmé par des témoignages ou des faits peut mener à la décision de la culpabilité de l'individu concerné.

Faute de vérification, son innocence n'est pas prouvée. • Dans la Logique de la découverte scientifique, Karl Popper montre bien qu'une vérité scientifique ne peut jamais être considérée comme vérifiée.

Tout au plus est-elle « confirmée » par les faits.

Mais rien ne nous assure qu'un jour, une nouvelle expérience ne viendra pas la «falsifier».

il faut donc poursuivre sans relâche cette entreprise de vérification, non dans le but d'asseoir définitivement une théorie (cela est impossible), mais de mesurer jusqu'à quel point elle résiste à la falsification. L'histoire des sciences physiques est celle de leur révolution permanente.

Les théories n'ont qu'une valeur provisoire. Des faits « polémiques » surgissent qui les contredisent, qui obligent à des révisions.

Tout succès scientifique ouvre plus de questions qu'il n'en clôt.

Faut-il pour autant sombrer dans le scepticisme et affirmer qu'il n'y a rien qui vaille vraiment ? Comment distinguer, dès lors, la véritable science de la métaphysique ou des pseudo-sciences comme l'alchimie ou l'astrologie ? Et que penser des sciences humaines ? La psychanalyse, la théorie de l'histoire de Marx peuvent-elles prétendre légitimement à la scientificité ? Popper, dans « Logique de la découverte scientifique » propose un critère de démarcation, capable d'établir, de manière concluante, la nature ou le statut scientifique d'une théorie.

Il écrit : «C'est la falsifiabilité et non la vérifiabilité d'un système qu'il faut prendre comme critère de démarcation.

En d'autres termes, je n'exigerai pas d'un système scientifique qu'il puisse être choisi, une fois pour toutes, dans une acception positive mais j'exigerai que sa forme logique soit telle qu'il puisse être distingué, au moyen de tests empiriques, dans une acception négative : un système faisant partie de la science empirique doit pouvoir être réfuté par l'expérience.

» A l'époque de Popper, on affirmait généralement que ce qui distinguait la science des autres disciplines, c'était le caractère empirique de sa méthode.

Autrement dit, en multipliant les observations et les expériences, le savant en tirait, en vertu du fameux principe d'induction, des lois qu'il considérait comme nécessaires et universellement valides.

Partant de là, les néopositivistes soutenaient que tout ce qui n'est pas vérifiable est « métaphysique » et doit être éliminé de la science.

Or, comme le souligne Popper, l'induction, qui consiste à inférer une règle universelle à partir d'une multitude de cas particuliers et donc des théories à partir d'énoncés singuliers vérifiés par l'expérience, est une démarche logiquement inadmissible : « Peu importe le grand nombre de cygnes blancs que nous puissions avoir observé, il ne justifie pas la conclusion que tous les cygnes sont blancs.

» Aussi Popper affirme-t-il qu'aucune théorie n'est jamais vérifiable empiriquement et il distingue trois exigences auxquelles devra satisfaire ce qu'il appelle un « système empirique » ou scientifique : « Il devra, tout d'abord, être synthétique, de manière à pouvoir représenter un monde possible, non contradictoire.

En deuxième lieu, il devra satisfaire au critère de démarcation, c'est-à-dire qu'il ne devra pas être métaphysique mais devra représenter un monde de l'expérience possible.

En troisième lieu, il devra constituer un système qui se distingue de quelque autre manière des autres systèmes du même type dans la mesure où il est le seul à représenter notre monde de l'expérience.

». »

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