Aide en Philo

Toute vérité doit-elle être prouvée ?

Extrait du document

« AIDE DE L'ELEVE: Il s'agit ici de s'interroger sur l'essence de la vérité afin de savoir si toutes les vérités doivent être prouvées.

Demandez-vous ce qu'est une preuve et ce qu'est la vérité.

Un travail d'analyse et de définition est toujours nécessaire.

Il faut également faire varier les dimensions dans lesquelles le sujet fait sens.

On peut parler de vérité dans différents domaines et, conséquemment, le rapport à la preuve ne sera peut-être pas identique à chaque fois.

On peut par exemple songer aux vérités en mathématiques, en logique, aux vérités de nature morale, aux vérités telles qu'elles nous apparaissent par les sens etc.

La preuve est souvent importante, précisément pour que l'on soit certain que l'on est bien en présence de la vérité.

Mais tout peut-il être prouvé ? Par ailleurs, à tout vouloir prouver, ne condamne-t-on pas la connaissance à s'enfermer dans une sorte de cercle vicieux dont elle ne peux plus sortir ? Si ce qui fonde un raisonnement doit être prouvé, ce qui sert ensuite à établir cette preuve doit peut-être également être à son tour l'objet d'une preuve et ainsi de suite à l'infini.

On a parfois besoin de considérer certaines choses comme vraies a priori.

Songez aux axiomes en mathématique par exemple... [I.

La preuve comme critère de vérité] « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée; car chacun pense en être si bien pourvu que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n'ont point coutume d'en désirer plus qu'ils en ont.

En quoi il n'est pas vraisemblable que tous se trompent: mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger et distinguer le vrai d'avec le faux, qui est proprement ce qu'on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses.

Car ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien.

Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices aussi bien que des plus grandes vertus; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup davantage, s'ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent et qui s'en éloignent.

» DESCARTES. C'est par cet énoncé fracassant que Descartes ouvre le « Discours de la méthode, pour bien conduire sa raison et chercher la vérité dans les sciences ». Ce texte est le premier livre de philosophie en langue vulgaire, cad en français.

Ecrire en français un ouvrage de philosophie et de science, que « même les femmes pourraient comprendre », manifeste une volonté de démocratisation du savoir ; c'est vouloir que le plus grand nombre de lecteurs possible soit touché par la véritable révolution qu'il prépare. Nous oublions souvent que le « Discours » n'est qu'une petite préface à trois gros essais scientifiques qui intéressaient les contemporains beaucoup plus que le « Discours ». Cet ouvrage paraît en 1637, à peine quatre ans après le procès de Galilée. Galilée fut traduit devant un tribunal de l'Inquisition pour avoir confirmé l'hypothèse de Copernic selon laquelle « ce n'est pas le Soleil qui tourne autour de la Terre, mais la Terre qui tourne autour du Soleil, et sur elle-même ». Or, cette révolution scientifique, qui signe une révolution dans la façon de voir le monde et d'y définir la place de l'homme.

Descartes en est partie prenante.

Il pratique la physique comme Galilée et aboutit à des thèses aussi « dangereuses ».

Les résultats scientifiques et philosophiques auxquels il est parvenu, Descartes veut les livrer au public, en français. Le « bon sens » est synonyme de « raison », cela veut dire que «la raison est naturellement égale en tout homme », que chacun possède « la puissance de bien juger et de distinguer le vrai d'avec le faux ».

Car cela signifie, après tout, que si ma mémoire ou mon imagination sont moins étendues que celles de Descartes ou d'Einstein, ils n'ont pas plus de raison que moi ! Cependant, un lecteur scrupuleux du « Discours » est assez vite désarçonné par la justification que Descartes donne de sa thèse : la preuve que la raison est égale en tout homme, c'est que si l'on désire être plus riche, ou avoir plus de mémoire, personne ne désire avoir plus de raison.

C'est notre orgueil qui fournit la preuve. En fait, ce qui intéresse Descartes, n'est pas cette égalité de la raison.

Ce thème est déjà à l'époque un lieu commun.

Ce n'est pas avec cette thèse que commence le cartésianisme, mais avec le problème suivant : « La diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres » ; ou encore, si la raison est égale en chacun, comment se fait-il que « autant de têtes autant d'avis », que certains se trompent et d'autres pas ? La vraie question est là, la véritable thèse de Descartes suit : « Ce n'est pas assez d'avoir l'esprit bon, mais le principal est de l'appliquer bien.

» L'essentiel réside donc dans la méthode.

« Méthode » est un mot qui vient du grec et qui signifie à l'origine « chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sa pensée, pour ne pas s'égarer.

Si tous les hommes ont une raison égale, savent également marcher, il semble clair à Descartes que certains s'égarent, se perdent, dissipent leurs forces.

Il y a une sorte d'obsession cartésienne à ne pas se perdre.

Pour un savant ou un philosophe qui, comme lui, sort des sentiers battus et balisés de la tradition, rien ne saurait être plus important que de ne pas s'égarer dans les terres inconnues à découvrir.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles