Toute conscience est-elle implicitement morale ?
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RAPPEL DE COURS: LA CONSCIENCE MORALE
La conscience n'est pas seulement l'état intellectuel grâce auquel je
suis présent à moi-même.
Elle désigne aussi un état moral (ce qui se
remarque au fait que le nom « conscience » a donné deux adjectifs :
« conscient » et «consciencieux»).
C'est ainsi que Rousseau dit de la
conscience qu'elle est un « instinct divin », c'est-à-dire un moyen
immédiat et infaillible de reconnaître le bien du mal.
La conscience
est ici une « voix intérieure » qui est « un principe inné de justice et
de vertu » : les principes qui réglementent la moralité, écrit
Rousseau, « je les trouve au fond de mon cœur, écrits en caractères
ineffaçables ».
Il y a d'ailleurs un lien entre ces deux significations de
la notion de conscience : c'est parce que nous sommes
intellectuellement conscients de ce que nous faisons que nous
pouvons en être tenus pour moralement responsables.
La conscience
implique la responsabilité, c'est-à-dire la capacité de pouvoir
répondre de nos actes et de nos pensées.
POUR DÉMARRER
Est-il possible et légitime de dire que toute connaissance qu'a l'homme de lui-même porte en même temps sur le bien
et le mal, le juste et l'injuste, etc.
? Énonçons-nous toujours des jugements de valeur ?
CONSEILS PRATIQUES
Montrez bien que nous sommes des sujets moraux, pourvus d'une conscience indissolublement psychologique et
morale.
Le domaine moral sous-tend tout notre champ psychique.
Conscience, instinct divin, juge infaillible du bien
et du mal ! s'écriait Rousseau dans une invocation célèbre.
BIBLIOGRAPHIE
ROUSSEAU, Émile, Livre IV, éditions de poche.
La conscience est-elle transparente à elle-même? Connaît-elle les intentions qui animent, qui décident d'un acte ?
N'y a-t-il pas des intentions dont nous n'avons pas conscience, des intentions "douteuses" ? Comment expliquer à la
fois le "implicitement" et le "toute conscience" ? Quand je regarde un mur jaune en face de moi, que j'ai conscience
du mur, ou conscience de le regarder, cette conscience est-elle "implicitement" morale ? Aurait-elle un contenu
implicite qui serait moral par opposition à son contenu explicite ("ce mur est jaune", "je regarde ce mur qui est
jaune") ? On ne peut pas dire que la conscience serait implicitement morale au sens où l'exprimé implicite serait :
"regarder ce mur de cette manière, c'est vraiment mal".
Pour donner sens au sujet, il faut sans doute comprendre la
conscience comme ce qui implique l'obligation de se penser et de s'interroger, de penser le monde et de l'interroger.
La conscience réflexive "je sais que je regarde ce mur qui est jaune" introduit une mise à distance du monde et de
mon acte ; cette mise à distance, c'est l'espace pour une interrogation ou pour une liberté.
Toute conscience serait
implicitement morale au sens où elle appellerait nécessairement à des conséquences morales, au sens à la fois très
élémentaire et fondamental de l'ouverture d'un espace de possibilités pour la morale.
La conscience dépasse les
choses et les actes vers leur sens (je regarde ce mur jaune parce que je me dis que je vais le repeindre en blanc, je
dépasse l'acte de lever mon bras vers la colère qu'il exprime etc.), et ce sens, cet exprimé, serait "toujours moral".
C'est une lecture très existentialiste, mais elle n'est pas très éloignée par exemple de l'idée de Pascal dans son texte
sur L'homme roseau pensant : la conscience fait-elle la grandeur ou la misère de l'homme (Pensées, fragments 347-.
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