Tout maître est-il un ennemi ?
Extrait du document
«
Introduction :
Être libre, c'est être maître de son destin, dès lors, tout maître qui s'interpose entre l'individu et la conquête de son
destin est un ennemi.
Pourtant, le maître c'est aussi le professeur qui nous a appris à compter, lire, écrire...c'est-àdire celui qui nous a donné la possibilité de devenir maître de notre destin et d'accroitre notre liberté.
Dans ce cas,
le maître est un ami qui aide l'individu à se « développer ».
L'éducation est ce qui permet à l'homme de s'affranchir de la nature en se hissant dans le règne spirituel de la
culture.
Dans ce sens, le maître donne à l'élève sa liberté, il lui ouvre un horizon de possibilités à travers lequel
celui-ci pourra choisir sa vie.
Mais on voit en même temps que le fait que la liberté soit « donnée » par le maître fait
de l'élève un esclave qui dépend de la volonté du maître.
Dans ce sens s'il y a une libération par l'éducateur, elle est
en même temps un asservissement à celui-ci.
Le maître semble être un ennemi pour l'individu, c'est à dire pour
l'homme libre et indépendant.
Problématique :
Le maître peut être bon, mais en tant qu'il s'instaure toujours une relation de dépendance vis-à-vis de lui, n'est il
pas un ennemi pour l'individu ?
I : Le maître comme ami : l'éducateur
1)
Distinguer la relation maître/esclave de la relation maître/élève.
Le maître utilise l'esclave à ses propres
fins, le maître en tant qu'éducateur agit pour l'Élève.
L'Élève, c'est celui qui s'« élève » au dessus de sa
condition naturelle ou sauvage pour s'en libérer grâce à l'enseignement du maître.
Le maître est donc
l'ennemi de l'esclave et l'ami de l'élève.
2)
L'homme a toujours besoin d'un maître.
Kant dit que l'homme en tant qu'animal égoïste a toujours besoin
d'un maître qui l'élève au devoir universel.
Le maître est donc celui qui nous tire de notre condition égoïste
d'ennemi de tous.
Emmanuel Kant (1724-1804), philosophe allemand, a donné son nom au
courant de la philosophie critique, en mettant en évidence qu'il y a nécessité
à établir, avant toute vision du monde systématique, « les conditions, les
présuppositions, la portée et les limites de la connaissance ».
Une grande
partie de son oeuvre est consacrée à la morale, notamment les Fondements
de la métaphysique des moeurs (1785) et la Critique de la raison pratique
(1788).
Mais, à côté d'oeuvres monumentales, Kant publie dans la presse
littéraire de nombreux articles qui popularisent son point de vue.
C'est le cas
de l'Idée d'une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, paru en
1784, dans une revue berlinoise, et qui mêle une interrogation sur ce que
pourrait être la finalité d'une histoire universelle de l'humanité avec des
considérations sur la morale.
On y trouve cette formule, à première vue
étonnante par sa fermeté :
« L'homme est un animal qui, du moment où il vit parmi d'autres individus de
son espèce, a besoin d'un maître.
»
C'est que, pour Kant, l'homme est double : il appartient à l'ordre du sensible,
c'est-à-dire, dans le vocabulaire de Kant, à l'ordre du « phénoménal » (« en
tant qu'être sensible, l'homme est phénomène »), mais il appartient aussi à
l'ordre du rationnel, c'est-à-dire, dans le vocabulaire de Kant, à l'ordre du «
nouménal » (« en tant qu'être spirituel, raisonnable, posant des fins et se
donnant à soi-même des lois, doué d'une volonté libre, il est noumène,
appartenant au monde intelligible »).
L'homme est un animal, et à ce titre, dit
Kant, un être de médiocre importance, « n'ayant en commun avec les autres animaux, en tant que produits de la
terre, qu'une valeur ordinaire ».
Cependant, c'est un animal différent de tous les autres animaux en ce que la nature
a placé en lui des dispositions qui visent à l'usage de la raison.
Autrement dit, l'homme est un animal raisonnable.
Mais en même temps que la nature le dotait de raison, elle le privait de l'instinct qu'elle a pourtant donné à l'animal,
sans lui fournir non plus la connaissance innée dont aurait pu disposer une créature absolument et parfaitement
raisonnable : « L'homme se distingue de tous les autres animaux par la conscience qu'il a de lui-même, qui fait de lui
un animal raisonnable » (Annonce de la prochaine conclusion d'un traité de paix perpétuelle en philosophie, 1796).
Homme double donc, puisque « la nature a ancré en nous deux dispositions orientées vers deux fins différentes, à
savoir l'humanité en tant qu'espèce animale et cette même humanité en tant qu'espèce morale ».
En tant qu'il est une personne, c'est-à-dire le sujet d'une raison moralement pratique, l'homme est au-dessus de
tout prix:
« Il faut l'estimer, non pas simplement comme un moyen pour les fins d'autrui — pas même pour les siennes propres
— mais au contraire comme une fin en soi-même, c'est-à-dire qu'il possède une dignité (valeur intérieure absolue)
par laquelle il force au respect de lui-même toutes les autres créatures raisonnables » (Métaphysique des moeurs).
Mais lorsqu'on regarde concrètement les actions humaines, on ne voit, sauf très rares exceptions, que des hommes
qui cherchent à accomplir « leurs fins particulières en conformité avec leurs désirs personnels, et souvent au.
»
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