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Tout en nous appartient-il a la société car tout nous vient d'elle ?

Extrait du document

« La société désigne un ensemble d'individus liés par des relations d'interdépendance.

On peut parler dans ce sens de sociétés animales (les abeilles), mais ce qui distingue les sociétés humaines est que les relations d'interdépendance y sont réglées par des institutions conventionnelles (le droit, la justice).

On peut considérer que tout nous vient de la société au sens où la société permet à l'homme de survivre, à travers les échanges commerciaux qui lui permettent de se procurer des biens qu'il ne pourrait se procurer par ses seules forces individuelles.

De plus la société est aussi ce qui nous permet de nous construire comme des sujets, à travers le langage qui nous ouvre à la dimension du sens.

Donc l'homme tire de la société à la fois ce qui lui permet de survivre et ce qui lui permet de vivre comme un homme, c'est-à-dire comme un être doué de pensée.

Mais dire que l'homme se construit à partir des possibilités que lui offre la société, est-ce dire que tout en lui appartient à la société ? Soutenir cette thèse reviendrait à dire que l'homme se réduit à n'être qu'un élément de la société, et qu'il ne tire sa valeur que de son appartenance à la société.

Or n'y a-t-il pas en l'homme une valeur absolue, qui ne dépend de rien d'extérieur à sa personne, pas même de la société ? I.

L'homme ne peut survivre qu'en société, il lui appartient donc comme un membre à l'organisme Si l'on s'interroge sur ce que l'homme doit à la société, force est de constater qu'il tire d'abord d'elle les biens qui lui permettent de survivre.

En effet l'homme est un animal démuni par rapport à la plupart des animaux.

Il n'est ni très rapide à la course, ni armé de griffes ou de crocs puissants, et dépourvu de fourrure pour le protéger du froid.

Cela entraîne que si un individu ne devait compter que sur lui-même pour assurer sa survie, cette dernière serait extrêmement menacée.

Platon remarque donc dans la République, II, que ce qui pousse les hommes à s'assembler en société, c'est leur impuissance à pourvoir à leur besoin.

Si la société peut y parvenir mieux que l'homme individuel, c'est qu'elle est fondée sur une répartition des tâches.

Chaque homme exécutant toujours la même tâche, il travaillera vite et bien.

Les hommes peuvent ensuite s'échanger le produit de leur travail, et parviennent ainsi à obtenir davantage à travers la société qu'ils n'auraient eu individuellement.

Puisque l'homme est lié par un lien vital à la société, on peut donc bien dire qu'il lui appartient exactement comme un organe appartient à un organisme.

En effet, un œil par exemple, a une fonction spécifique dans l'organisme, qui est d'assurer la vision (de même que le boulanger a pour fonction de faire du pain), il rend donc un service à cet organisme, que lui seul peut réaliser.

Mais 1) hors de cet organisme, l'œil ne pourrait survivre 2) l'œil ne vaut pas par lui-même, mais en tant qu'il sert la totalité de l'organisme (en lui permettant par exemple de découvrir de quoi se nourrir).

On peut donc considérer que l'homme appartient à la société exactement comme l'organe appartient à l'organisme. II.

La société permet également à l'homme de se construire comme sujet, en ce sens il lui doit sa liberté, mais cette liberté une fois constituée, elle échappe en partie à la société Contrairement à l'animal, l'homme est capable de guider sa conduite selon certains principes, notamment moraux.

Or on peut se demander d'où lui vient cette capacité.

Dans La généalogie de la morale, II, Nietzsche considère que la société opère sur l'homme un travail d'éducation, à travers la pratique des échanges.

En effet en rentrant dans le jeu des échanges sociaux, l'homme découvre qu'il doit tenir sa parole, car s'il ne la tient pas il est puni pour cela.

Nietzsche prend l'exemple de la dette.

Un homme qui contracte une dette mais qui refuse de la payer ensuite, sera soumis à des sanctions très dures dans les toutes premières sociétés, qui peuvent aller jusqu'à des châtiments corporels sévères.

Il s'agit donc dans un premier temps d'un véritable travail de dressage, identique à celui qu'on effectuerait sur une bête.

Mais vient un temps où l'homme a intégré le fait qu'il doit tenir sa parole, et où il est capable de le faire.

Or si cette capacité sert les autres, qui savent que l'homme est devenu fiable, elle élève aussi l'homme lui-même au rang de sujet de sa vie, car cet homme pourra se promettre des choses à lui-même, et les tenir.

Dans cette perspective l'homme tire sa liberté de la société, puisque être libre ce n'est pas faire n'importe quoi, mais faire ce que l'on a décidé de faire.

Mais ce n'est pas parce que l'homme tire sa liberté de la société que son être appartient totalement à la société, en effet une fois qu'il a accédé à sa liberté, il peut en jouir pour lui-même tant qu'il n'empiète pas sur celle des autres. III.

L'homme en tant que c'est une fin en soi, n'appartient pas à la société, car seule une chose que l'on peut utiliser comme un moyen peut être possédée Dans la conception de Nietzsche, si l'homme n'appartient pas totalement à la société, c'est précisément parce que la société rend l'homme libre, même si cela passe par une contrainte temporaire exercée sur sa personne. Cette liberté une fois acquise, lui donne donc la possibilité de poursuivre des fins personnelles, qui ne servent plus nécessairement la société.

Mais l'on peut demander si cette liberté ne donne pas à l'homme une valeur absolue, qui implique que l'homme ne peut appartenir à personne, pas même à la société.

En effet, la liberté de l'homme, lui donne une dimension d'être moral, qui le distingue de toutes les choses.

Dans cette perspective, Kant considère qu'il faut penser l'homme comme un être doué d'une double nature, nouménale et phénoménale.

Comme être. »

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