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Tout échange est-il inégal ?

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« Introduction On appelle échange l'action de donner une chose et d'en recevoir une autre en contrepartie mais aussi le résultat de cette action.

La vente est par exemple un échange, puisqu'on donne une certaine quantité de monnaie en échange d'un objet.

Or, on comprend bien que chacun des participants tient à ce que cet échange soit égal, c'est le cas même dans les « échanges de bons procédés » entre voisins ou amis : celui qui rend service alors qu'il ne reçoit rien en échange finit par avoir une impression d'injustice.

Or, on peut se demander s'il est vraiment possible qu'un échange soit juste.

Quand il y a échange, c'est que les deux biens qui circulent ne sont tout simplement pas les mêmes, sinon, à quoi bon les échanger ? Or, s'ils ne sont pas les mêmes, peuvent ils pour autant être strictement égaux ? Leur valeur est-elle extrinsèque, de sorte qu'il puisse y avoir un équivalent entre deux objets différents, ou au contraire une valeur est-elle toujours unique à un objet, de sorte que jamais deux objets ne pourrons être réellement équivalents, à moins d'être les mêmes ? I.

le contrat comme garantie de l'échange égal A.

La distinction entre échange égal et échange inégal est justement ce qui va déterminer la sphère des échanges légitimes, c'est-à-dire qui sont conformes au droit et à la raison, et qui peuvent alors donner lieu à un contrat.

Ainsi Montesquieu dans l'Esprit des lois (XV, 2) dit qu'un homme ne peut se vendre pour sa subsistance.

On ne peut donc devenir esclave de plein gré, car justement, dans le cas de l'esclave, il ne peut y avoir échange.

En effet, si l'esclave se vend, cela signifie que tout ce qu'il possède, jusqu'à lui-même, revient en la possession du maître ; le maître ne peut donc rien lui donner en échange de cette « vente », puisque s'il lui donnait quoi que ce soit, ce bien serait en fin de compte au maître que cela reviendrait, puisqu'il possède tout ce que l'esclave a. B.

De même Rousseau dans le livre I du Contrat social estime qu'un contrat passé lorsque l'une des parties est en position de faiblesse et se voit contrainte d'accepter l'échange n'est pas valide, puisqu'il n'y a pas eu de consentement.

Celui qui par chantage me fait céder ma maison à un prix ridicule ne peut prétendre l'avoir fait justement : une fois que son chantage ne me menace plus, je suis en droit de contester la validité du contrat.

Ici, ce sont les conditions même de l'échange qui font qu'il y a inégalité (même s'il en découle le plus souvent un échange inégal également du point de vue des biens échangés).

L'échange ainsi exclu de la sphère des contrats est un échange qui ne peut être reconnu. C.

ces deux exemples nous montent qu'il y a des échanges inégaux, mais également qu'il peut y avoir des échanges égaux.

Les échanges inégaux seraient donc l'exception qui confirme la règle.

Un échange égal est alors 1° un échange que les deux parties sont susceptibles de refuser, 2° un échange dans lequel chacun est libre de fixer la contrepartie qu'il estime juste 3° un échange où cette contrepartie existe réellement, ou elle n'est pas simplement illusoire. Transition : mais les échanges considérés comme légitimes et légaux sont-ils pour autant nécessairement égaux ? En dehors de ces cas limites, celui de l'esclave et celui de la contrainte, n'y a-t-il pas des échanges qui ne peuvent être échanges que parce qu'ils sont inégaux, c'est-à-dire parce que l'un des deux gagne plus que l'autre ? II.

l'échange ne peut être égal, car les choses sont toujours différentes A.

Ce n'est pas parce qu'il y réellement échange que celui-ci est égal.

L'expression même de « commerce équitable », toute récente, nous montre que l'équité est ici une valeur exceptionnelle que l'on peut attribuer à certains échanges, et non à tous, ni même à la plupart.

Le commerce équitable consiste en ce que le consommateur paye plus cher des produits importés des pays du Sud, mais avec la certitude que le producteur a reçu une rétribution juste (et proportionnée au prix de vente).

Le concept même dénonce donc le commerce en général comme étant non équitable.

De plus, on voit ici que le consommateur paye plus cher le produit : c'est donc, paradoxalement, l'équité (en tant que valeur morale, et non plus économique ou qualitative) qu'il paye. B.

La spécialisation des tâches, propre au système de production capitaliste implique ce que Marx appelle dans les Manuscrits de 1844 l'aliénation du travailleur.

L'aliénation consiste en ce que le travailleur est privé des fruits de son travail.

En effet, le travail salarié peut être considéré comme un échange entre patron et ouvrier : le salarié fournit un certain travail, en échange d'une certaine rémunération.

Or, tant que ce travail consiste en l'application d'une certaine capacité, d'une certaine connaissance, l'employeur paye l'ouvrier selon une certaine qualification. C.

Mais avec l'invention de l'OS, l'ouvrier spécialisé, qui paradoxalement est l'ouvrier dont la tâche est tellement spécialisée qu'il n'a en réalité besoin d'aucune compétence (il s'agit d'accomplir la même tâche, par exemple assembler deux pièces, tâche spécialisée, mais qui ne demande pour autant aucune qualification), ce que. »

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