Qu'échange-t-on par un baiser ?
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Qu'échange-t-on par un baiser ?
Analyse du sujet et dégagement de la problématique
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Ce sujet est très surprenant à plus d'un titre, et permet de nombreux traitements différents.
Il est tout d'abord inhabituel
en ce que le problème qu'il pose ne peut pas prétendre d'emblée à l'universalité : le baiser est une pratique culturelle, il
revêt un sens différent en divers points du globe.
La question ne concerne dons pas directement l'homme comme tel.
Comment tirer parti d'une telle situation dans un devoir de philosophie? Il faut pointer les problèmes universels qui soustendent la question.
La premier présupposé du sujet est la réciprocité du baiser : celui-ci est en effet questionné en tant qu'il est un échange.
Celle-ci peut se comprendre doublement : réciprocité, tout d'abord, de l'acte, c'est-à-dire désir mutel d'embrasser; mais
aussi réciprocité au niveau du sens du baiser.
Or, il y a bien des baisers exprimant des situations non réciproques en ce
second sens, par exemple celui unissant une femme qui aime vraiment son amant, à un homme qui compte seulement lui
faire accroire qu'il l'aime de même.
Ceci nous montre que le baiser peut être abordé selon deux angles distints : un angle
objectif, tout d'abord, où le baiser est considéré comme une unité rassemblant deux hommes (telle que la suggère le sujet,
cette unité serait alors un système d'échange); un angle subjectif, ensuite, où le baiser est regardé comme l'activité par
laquelle un homme entre en relation avec un autre.
L'abord objectif du baiser nous est bien manifesté dans l'exemple que
nous prenions quelques lignes plus haut : l'absence de réciprocité y provient d'un mensonge, c'est-à-dire qu'elle est un
manquement par rapport à un sens idéal du baiser.
L'analyse du baiser devra donc prendre en compte la dimension
suivante : il y a des états de véracité et de mensonge du baiser, et ces états sont liés à la réciprocité réelle de sens qu'il
exprime.
Approchons plus avant la notion de baiser en elle-même.
Elle désigne une activité de la chair, mais pouvant revêtir – et
revêtant le plus souvent – un sens qui la dépasse comme simple activité de chair.
Traditionnellement, dans la culture
occidentale, le baiser marque un amour réciproque.
Ce sont cependant des amours de natures très diverses que le baiser
pourra signifier : aussi bien l'amour charnel que la passion amoureuse.
Remarquons que ces significations ne s'excluent
pas les unes les autres entre deux mêmes amants : un baiser pourra survenir lors d'un fort désir sexuel mutel et, une autre
fois, à l'occasion d'un simple moment de tendresse.
Le baiser nous ouvre donc à un problème : une même activité de
chair peut recevoir de nombreux sens distincts.
Il nous faut donc comprendre ce qui peut donner sens au baiser comme
simple activité de chair, et ce, à quelles conditions.
La question de la réciprocité, abordée plus haut, nous permet de creuser ce problème de la constitution d'un sens au
baiser.
Il apparaît en effet que cette constitution est double : un sens surgit d'abord pour soi – c'est-à-dire que celui qui
embrasse donne à son geste un sens – tandis qu'un autre surgit pour autrui – c'est-à-dire que celui qui est embrassé voit
dans le geste d'autrui un sens qu'il reçoit de lui.
Ces constitutions ne sont pas entièrement spontanées : elles s'appuient sur
des habitudes et des représentations culturelles, c'est même en un sens à partir d'elles qu'il peut y avoir quelque chose
comme un baiser.
Elles ne sont pas cependant totalement prédéterminées : le baiser répond souvent à un désir immédiat
d'embrasser, exprimant par là dans sa spécificité la vérité du désir de l'amant.
Le baiser peut-il, dès lors, donner lieu à un échange véritable? Ou ce qu'il y a d'échange dans le baiser n'en est-il pas que
le niveau minimal, celui où rien du désir propre des amants ne transparaît, où seul un ensemble de significations toujours
valables pour une culture donnée est une fois de plus réactivé? Avons-nous ainsi, dans le baiser, affaire à deux dons et
deux réceptions simultanés, mais que l'union des chairs ne parviendrait pas à unifier en un échange réel? Dire, cependant,
que le baiser n'ouvre pas un espace d'échange de significations, c'est lui nier un contenu discursif, mais non la possibilité
absolue d'être échange.
Comment peut-on, alors, élargir la conception du baiser comme échange ?
Il nous faut alors, pour répondre à ces questions, revenir sur la nature charnelle du baiser.
Ce que ces questions nous
invitent à méditer, c'est le rôle de la chair dans la constitution d'une signification.
Cette dernière n'est, en effet, pas
attachée au baiser comme le sens d'un mot à son signifiant.
Si le baiser peut exprimer l'amour, et ce même s'il s'agit d'une
pratique culturelle, ce n'est pas seulement au sens où il en serait la preuve tangible, mais parce que l'amour s'y réalise.
En
d'autres termes, si le baiser est moyen et fin, ce n'est pas au sens où il serait, d'une part, moyen de dire l'amour et, d'autre
part, un but recherché, le plaisir des sens, mais dans la mesure où il peut être aussi l'amour en acte.
Ainsi, c'est cette
inséparabilité de l'acte charnel et de l'acte spirituel qui est interrogée par le sujet.
Le plan pourra reprendre les éléments de la réflexion ci-dessus.
Si la littératre philosophique sur le sujet est plutôt mince, les
exemples mythiques, littéraires, artistiques ne manquent pas.
On pourra aussi nourrir sa réflexion d'autres formes du baiser que
celle que nous avons choisi ici de privilégier.
Un bon exemple consisterait à analyser le baiser de Judas, où le problème de la
constitution du sens du baiser peut être analysée à rebours..
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