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Tout a-t-il un prix ?

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« Définition des termes du sujet Il s'agit ici de s'interroger s ur l'idée de prix.

C ette notion est avant tout de nature économique.

Le prix d'une chose est la valeur (en général monétaire) qu'on lui attribue en raison de plusieurs facteurs.

On calcule ains i le prix d'un objet en fonction de sont coût (matière première, énergie nécessaire à sa production, main d'oeuvre, transport...).Mais on doit auss i tenir compte de la différence entre la valeur d'usage et la valeur d'échange.

Mais tout peut-il correspondre à ce c ircuit économique de la valeur ? Pensez à des c hoses qui ne s'achètent pas, non parce qu'elles sont " hors de prix " ou " inestimables ", mais parce qu'elles échappent totalement à l'idée de prix, d'échange, d'économie.

L'homme par exemple ne peut avoir de prix parce qu'il est une personne et non une c hose.

C e qui n'a pas de prix est unique et irremplaçable.

C 'est la différence entre un objet et une personne, et cela vous oblige à interroger le sujet à partir de ce postulat moral : tout ne s 'achète pas... O n peut alors envisager une compréhension du prix comme métaphore de l'effort, et poser la question de l'existence d'une gratuité, que cette gratuité soit matérielle (économique) ou métaphorique.

« P ayer le prix de quelque chose », cela peut être en effet fournir la somme exigée par elle, mais aussi mettre en oeuvre des efforts personnels, qui n'ont rien d'économique, pour atteindre cette chos e, qui peut être immatérielle – on pourrait parler ainsi, par exemple, d'un prix du bonheur, ou d'un prix de la sagesse, pour dés igner le travail qui permettrait de mener à elles .

C ela permettrait de répondre à la question posée par l'emploi du mot « tout » dans le sujet : si « tout » désigne un ensemble dont rien n'est exclu, les choses qui y sont contenues peuvent être différemment concernées par cet ensemble, et alors , ou bien certaines choses seraient totalement gratuites et ne demanderaient ni contrepartie économique ni effort, ou bien les c hoses qui échappent au prix économique seraient concernées par une autre forme de prix, sans doute plus diffic ile à payer, cette forme de prix correspondant à un travail personnel.

Il faudra définir les critères de reconnaissance d e c e s différentes catégories d'objets, afin de pouvoir évaluer la pertinence générale du concept de prix. Eléments pour le développement La valeur du concept de prix pour l'évaluation de toute chose A dam Smith « La divis ion une fois établie dans toutes les branches du travail, il n'y a qu'une partie extrêmement petite de toutes ces choses qu'un homme puisse obtenir directement par son travail ; c'est du travail d'autrui qu'il lui faut attendre la plus grande partie de toutes ces jouissances ; ainsi il sera riche ou pauvre, selon la quantité de travail qu'il pourra commander ou qu'il sera en état d'acheter.

A insi la valeur d'une denrée quelconque pour celui qui la possède et n'entend pas en user ou la consommer lui-même, mais qui a l'intention de l'échanger pour autre chose, es t égale à la quantité de travail que cette denrée le met en état d'acheter ou de commander.

Le travail est donc la mes ure réelle de la valeur échangeable de toute marchandise.

Le prix réel de chaque chose, ce que chaque chos e coûte réellement à celui qui veut se la procurer, c'est le travail et la peine qu'il doit s'imposer pour l'obtenir.

C e que chaque chose vaut réellement pour celui qui l'a acquise et qui cherche à en disposer ou à l'échanger pour quelque autre objet, c'est la peine et l'embarras que la possession de cette chose peut lui épargner et qu'elle lui permet d'impos er à d'autres personnes.

C e qu'on achète avec de l'argent ou des marchandises est ac heté par du travail, aussi bien que ce que nous ac quérons à la sueur de notre front.

C et argent et ces marchandises nous épargnent, dans le fait, cette fatigue.

Elles contiennent la valeur d'une certaine quantité de travail, que nous échangeons pour ce qui es t supposé alors contenir la valeur d'une quantité égale de travail.

[...] M ais quoique le travail soit la mesure réelle de la valeur échangeable de toutes les marchandises, c e n ' e s t pourtant pas celle qui sert communément à apprécier c ette valeur.

Il est souvent difficile de fixer la proportion entre deux différentes quantités de travail.

C ette proportion ne se détermine pas seulement par le temps qu'on a mis à deux différentes sortes d'ouvrages.

Il faut aussi tenir compte des différents degrés de fatigue qu'on a endurés et de l'habileté qu'il a fallu déployer.

[...] D'ailleurs chaque marchandise est plus fréquemment échangée, et par conséquent, comparée, avec d'autres marchandises qu'avec du travail.

Il est donc plus naturel d'estimer sa valeur échangeable par la quantité de quelque autre denrée que par celle du travail qu'elle peut acheter.

» Le concept de prix se révèle très effic ace pour évaluer la valeur des choses, parce qu'il peut faire intervenir à la fois une valeur matérielle et une valeur acquise par un travail, un effort.

Il semble alors que l'on puisse appliquer ce concept à un très grand nombre de choses, si ce n'est à toutes, car toute chose semble pouvoir être évaluée par le recours à la notion de prix : il n'y aurait pas d'obstacle à un usage illimité de la notion de prix. Les limites de la pertinence de la notion de prix A ristote « L'argent n'est qu'une fiction et toute sa valeur celle que la loi lui donne.

L'opinion de ceux qui en font usage n'a qu'à changer, il ne sera plus d'aucune utilité et ne procurera pas la moindre des choses néces saires à la vie.

O n en aurait une énorme quantité qu'on ne trouverait point, par son moyen, les aliments les plus indispensables.

O r il est absurde d'appeler richesse un métal dont l'abondance n'empêc he pas de mourir de faim ; témoin ce M idas à qui le ciel, pour le punir de son insatiable avarice, avait accordé le don de convertir en or tout ce qu'il touc herait.

Les gens sensés plac ent donc ailleurs les richesses et préfèrent (en quoi ils ont raison) un autre genre d'acquisition.

Les vraies richesses sont c elles de la nature ; elles seules font l'objet de la science économique.

» C ela dit, le recours systématique à la notion de prix semble être le signe d'une vision du monde le réduisant à une valeur économique : cette vision n'est peut-être pas pertinente, et on pourrait alors soutenir que, si toute chose a la capacité de fait d'avoir un prix, toute chose n'en a pas forcément la capac ité de droit : il ne faudrait pas profiter de la facilité d'application de la notion de prix pour en faire un usage universel. Existe-t-il des choses sans prix ? Kant « T out homme a le droit de prétendre au respect de ses s emblables et réciproquement il est obligé au respect envers chacun d'entre eux.

L'humanité ellemême est une dignité ; en effet l'homme ne peut jamais être utilisé simplement comme moyen par aucun homme (ni par un autre, ni même par lui-même), mais toujours en même temps aussi comme une fin, et c 'est en ceci précisément que consiste sa dignité (la personnalité), grâce à laquelle il s'élève audessus des autres êtres du monde, qui ne sont point des hommes et peuvent lui servir d'instruments, c'est-à-dire au-dessus de toutes les choses.

T out de même qu'il ne peut s'aliéner lui-même pour aucun prix (ce qui c ontredirait le devoir de l'es time de soi), de même il ne peut agir contrairement à la nécessaire estime de soi que d'autres se portent à eux-mêmes en tant qu'hommes, c 'est-à-dire qu'il es t obligé de reconnaître pratiquement la dignité de l'humanité en tout autre homme, et par conséquent sur lui repose un devoir qui se rapporte au respect qui doit être témoigné à tout autre homme.

» P lus encore, il semble qu'il faille refuser que la notion de prix soit appliquée, même par simple commodité ou par métaphore, à c ertaines c h o s e s : la définition kantienne du respect requiert ce refus, et exige une sorte de gratuité totale dans les relations humaines, dans la mesure où tout homme doit être traité comme une fin en soi. Conclusion Si la notion de prix semble être particulièrement efficace et susceptible d'être appliquée à n'importe quel objet, cette efficacité ne doit pas inciter à l'utiliser pour tout objet : il semble en effet qu'il faille refuser de rec ourir à la notion de prix pour nous rapporter aux autres hommes, par exemple.

Si tout peut avoir un prix, tout n'a pas le droit d'avoir un prix, parce que certaines choses doivent échapper à cette notion économique.. »

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