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Sur quoi est fondée la dignité humaine?

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« Les hommes peuvent accepter de perdre beaucoup de choses, sauf une : leur dignité. Qu'est-ce que la dignité ? Pour parler de ceux qui occupent de hautes fonctions dans un régime politique, on parle souvent de « dignitaires du régime » et l'on entend ainsi par « dignité » un rang dans la hiérarchie sociale que tout le monde reconnaît.

Être digne se confond donc avec le fait de représenter quelque chose à l'égard des autres. Par extension, cela renvoie au fait de représenter quelque chose à ses propres yeux.

Les hommes ont une fierté.

Ils ont besoin de se dire qu'ils sont quelqu'un et non pas rien et non pas quelque chose.

S'ils n'avaient pas cette fierté, ils perdraient tout.

Aussi honorent-ils la fierté mal placée, comme l'amour-propre mal placé, qui peut tourner au ridicule et au tragique.

Que ne fait-on pas parfois pour défendre sa fierté ? Et surtout, que n'a-t-on pas fait ? On s'est tué pour défendre son honneur blessé.

On a tué pour venger un honneur agressé.

Aussi comprend-on que le terme d'honneur éveille de l'inquiétude chez certains.

Cela dit, il y a dans l'honneur quelque chose qui touche à l'essence de l'être humain. Les hommes sont des êtres de conscience et s'accomplissent en tant que tels dans la communauté humaine des consciences.

Blessons la conscience d'un homme, faisons qu'il ne représente plus rien à ses propres yeux comme aux yeux d'autrui, nous détruisons l'humanité.

Tant il est vrai qu'en ne représentant plus rien on cesse d'être, la représentation et l'être étant inséparables.

L'humanité a besoin de symboliser quelque chose. Ou bien elle perd le sens de sa valeur.

C'est la conscience qui fait vivre les hommes en les projetant sur le plan de l'esprit.

Vouloir représenter quelque chose en ayant le respect de sa propre dignité, lutter pour que l'humanité en général puisse représenter quelque chose n'est donc pas vain.

C'est au contraire un engagement essentiel.

L'homme est l'homme parce qu'il passe l'homme, ainsi que l'a dit Pascal.

Et il passe l'homme parce qu'il est capable de passer sur un autre plan d'existence qui est celui de la liberté et de l'esprit.

En s'efforçant donc de se mettre au niveau de ce plan d'existence, l'humanité rencontre son humanité.

Et, rencontrant son humanité, elle rencontre ce paradoxe : il y a dans l'homme quelque chose qui est sans prix, parce que cela est non seulement au-delà de tout prix, mais aussi parce que cela donne du prix à tout ce qui a du prix.

Ce quelque chose n'est autre que ce plan de l'esprit.

Ce plan de l'esprit est le plus précieux, parce que voir les choses avec esprit ennoblit toute chose en l'élevant au lieu de l'abaisser.

La vie humaine peut devenir grande dès lors qu'on la voit avec les yeux de la pensée et de l'esprit. Toute la vie morale n'a d'autre sens que de nous faire vivre cette vérité, en nous faisant prendre conscience de nous-mêmes par le fait de nous dire à travers le temps : « Regarde l'humanité que tu as en toi et vis-la.

C'est beau et c'est bon.

» L'homme possède en lui quelque chose de royal.

Cela vient de la noblesse de ses origines, de la vie qu'il porte en lui. On est digne quand on sait conserver ce trait royal.

On le conserve en s'efforçant d'élever le niveau en toute chose.

Cela n'est guère aisé.

Quand on est attaqué, bassement, comment ne pas avoir envie de répondre ? En ne répondant pas bassement à la bassesse, on garde sa dignité. Il arrive également que l'on soit découragé et que l'on ait envie de renoncer à soi-même.

On garde sa dignité quand on résiste et que l'on refuse de tomber au-dessous de soi-même. La dignité est le signe de la noblesse humaine.

Elle est sa mémoire, son imagination, son invention.

On peut tout posséder, si l'on n'est pas digne on est pauvre.

Quand on a tout perdu, si l'on est encore digne on n'a rien perdu.

La dignité est donc la dernière chose qui nous reste quand on n'a plus rien.

Elle est la seule chose qu'on ne puisse retirer à l'homme sans lui retirer plus que sa vie.

Et ce parce qu'elle est la première de toutes les choses.

La vie et l'homme ont jailli parce qu'ils ont du sens.

Avant la vie, il y avait le sens de la vie.

Un sens énorme, royal.

Quand bien même la vie n'est pas, mais que son sens est là, elle est.

Quand bien même elle est, sans que son sens soit là, elle n'est pas. Il y a quelque chose qui relie la vie humaine à l'infini.

La dignité nous le montre.

Elle est le lien palpable de l'être humain avec l'infini.

En étant telle, elle est la mémoire que rien n'est jamais perdu.

C'est la raison pour laquelle on ne peut pas la perdre.

Si nous ne nous souvenons plus de la vie infinie, celle-ci se souvient toujours de nous. 1) La dignité de l'homme se fonde sur la pensée "L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant.

Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, puisqu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en sait rien. Toute notre dignité consiste donc en la pensée.

C'est de là qu'il faut nous relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurions remplir.

Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale. Ce n'est point de l'espace que je dois chercher ma dignité, mais c'est du règlement de ma pensée.

Je n'aurai pas davantage en possédant des terres : par l'espace, l'univers me comprend et m'engloutit comme un point; par la pensée, je le comprends." PASCAL Dans ce texte, Pascal veut montrer à la fois la faiblesse et la puissance de l'homme.

Il nous compare en effet avec l'univers, c'est-à-dire avec la nature, entendue comme l'ensemble des phénomènes matériels indépendants de la volonté humaine.

Et de cette comparaison émergent une singularité et une force propres à l'homme, la pensée et la. »

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