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Suis-je conscient de ce que je suis ?

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« Introduction L'ego, le moi, le sujet, l'individu...

autant de termes et bien d'autres encore qui viennent caractériser la découverte de son identité singulière.

Toutefois cette liste pléthorique n'est-elle pas la manifestation d'une difficulté fondamentalement humaine ? La détermination précise et de manière univoque de la nature même de cet être que je suis.

L'acte de naissance de la philosophie, la pensée socratique, s'accompagne de cette prescription faite à chacun de nous : « Connais-toi toi-même » (« Gnôthi séauton »).

Cet impératif, formulé canoniquement par le père de la philosophie, donne à saisir la teneur de cette difficulté primordiale à laquelle tout individu est confronté : si je suis sûr, d'une évidence immédiate, que je suis réellement, cette conscience instinctive n'est pas pour autant synonyme d'une connaissance claire de qui je suis.

C'est alors à une véritable découverte de soi que Socrate engage chacun d'entre nous.

Cette découverte de son identité propre passera alors par une prise de conscience. La question sera alors de savoir si, et dans quelle mesure, une connaissance de son existence, de ses états, de ses actions et de son rapport au monde extérieur, est possible. Cette évidence du sentiment de soi-même est-elle fondatrice d'une connaissance véritable de soi ? Ce fondement n'est-il pas lui-même dépendant d'une autre expérience, plus fondamentale encore ? Jusqu'à quel degré cette conscience de soi peut-elle aller ? I.

L'évidence fondatrice du « Je pense » L'expérience originaire du sentiment que je suis bien moi et pas un autre est si évidente et immédiate qu'elle semble ne devoir faire l'objet de quelque interrogation que ce soit. C'est pourtant sur cette expérience que Descartes, cherchant à refonder toute la connaissance par ses seules forces, s'arrête.

La démarche cartésienne s'initie dans l'épreuve du doute.

Il est possible de douter de tout tant qu'aucune chose n'est connue comme vérité certaine.

Descartes cherche une vérité indubitable.

Sa méthode novatrice tient justement au fait d'ériger le doute en méthode d'investigation philosophique.

C'est alors, dans l'exercice de ce doute méthodique, à cette expérience originaire du sentiment de soi qu'il s'arrête (Cf.

Discours de la méthode, partie 4).

La faculté de douter de tout est la marque même d'une certitude qui fait s'arrêter le doute : parce que je doute, parce que je pense, alors je suis.

« Je pense donc je suis » (« Cogito ergo sum »), sera la formulation célèbre de cette évidence de son identité vraie.

Le « cogito » cartésien exprime la conscience de soi du sujet pensant.

C'est du plus profond du doute hyperbolique que l'affirmation de la coexistence de la pensée et de l'être s'impose comme une nécessité. Moi qui doute de tout, je ne puis douter de mon propre doute ; or douter signifie penser et la pensée n'est possible que par le fait d'être.

Cette évidence originaire sera le « point pivot » sur lequel la connaissance cartésienne va reposer toute entière.

Cette vérité primordiale sera donc le fondement de toute connaissance à venir. Mais comment passe-t-on, alors, de la vérité du « je suis, j'existe » à celle de la nature de ce je suis ? II.

L'altérité constitutive du « moi » Descartes ne se contente pas d'exprimer la vérité de l'existence de chacun de nous.

La capacité de douter, proprement et spécifiquement humaine, montre ce que l'humain est essentiellement.

Nous sommes des « res cogitans », des « choses pensantes », nous dit Descartes.

Mais cette nature essentielle de tout sujet humain porte en elle, conceptuellement, une difficulté.

Il sera en effet reproché à Descartes et Husserl (qui reprend la thèse cartésienne du cogito) de concevoir en même temps que l'identité du sujet, sa nature essentiellement seule.

En effet, si nous sommes tous des sujets pensants et connaissants, la relation à l'autre s'effondre.

Le monde extérieur comme les autres seront, en quelque sorte, les simples objets de mon expérience personnelle de l'existence.

La thèse cartésienne confine au « solipsisme », c'est-à-dire à la pensée que le sujet pensant existerait seul, réduisant autrui au simple rôle de moyen ou d'objet du connaître. Reconnaissons que cette idée est abusive car même Robinson Crusoé à besoin de Vendredi pour ne pas sombrer dans la folie.

Si je sais qui je suis c'est bien aussi grâce au regard et à la parole de l'autre qui me reconnaît et que je reconnais en retour comme mon « autre ».

Si Husserl reconnaît que « toute conscience est conscience de quelque chose » (Cf.

Idées directrices pour une phénoménologie...) et pose en cela la distinction cruciale du sujet conscient avec les objets mêmes de cette conscience (le cogito et ses cogitata), encore faut-il saisir comment est fondée cette conscience de soi. Hegel franchira ce pas en donnant à autrui, donnée irrécusable comme présence et existence manifeste (sociale et. »

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