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Suffit-il de changer pour avoir une histoire ?

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« Le terme d'histoire est ambigu.

Il peut en effet signifier le devenir historique en tant que tel et l'étude que l'on peut avoir de celui-ci.

Le sens premier en effet donné à ce terme par Hérodote, l'un des premiers historiens, est celui d'enquête.

Mais il s'agit plutôt ici de savoir à quel objet s'applique le terme d'histoire, en tant que processus de devenir.

Dans un premier temps, le terme semble pouvoir n'être réservé qu'à ce qui change.

Un monde dans lequel rien ne change n'a pas d'histoire, puisqu'il est défini une fois pour toute par la description de l'état permanent dans lequel il se trouve.

Pourtant s'il est vrai qu'il faut évoluer pour avoir une histoire, peut-on dire pour autant qu'une plante qui passe du bourgeon à la fleur a une histoire? L'histoire n'entend-elle pas une conscience à l'oeuvre, une conscience qui agit en vue d'un projet bien défini? 1.

L'histoire ne peut intervenir que pour un objet qui évolue Il semble en effet évident qu'un monde qui ne change pas, un objet immuable ne peut avoir une histoire.

Par exemple, les idées intelligibles de Platon ne peuvent changer; elles sont toujours identiques à elles-mêmes.

Dès lors, elles n'ont pas d'histoire, elles sont dans un état permanent. L'histoire suppose en effet, toujours une succession d'états, différents les uns des autres.

Elle désigne l'ensemble des états par lesquels passe une réalité.

Dès qu'un objet passe d'un état A à un état B, on peut retracer son parcours et analyser son changement.

Changer est donc la condition première et essentielle qui fonde l'historicité d'une chose ou d'un être. 2.

L'histoire n'est telle que par une conscience projective Pourtant le terme d'histoire est proprement humain.

On ne dit par exemple qu'une plante a une histoire.

Il existe en effet une différence importante entre l'histoire humaine et l'évolution de la nature.

Pour Jacques Ruffié, dans De la biologie à la culture, le devenir affecte aussi la nature, mais celui-ci est le fruit du hasard, des mutations, alors que " l'adaptation culturelle, au contraire, fruit d'une volonté consciente et délibérée,[...] n'a rien d'aléatoire".

Les hommes délibèrent, agissent en fonction de buts, réalisent des projets et transforment leur milieu.

Mais en transformant la réalité, ils se transforment eux-mêmes. Cette historicité de l'homme a pour condition la perfectibilité de l'homme, nous dit Rousseau.

C'est parce que l'homme peut sans cesse apprendre et développer ses connaissances et ses facultés que l'histoire est possible. Dans le cas inverse, les civilisations ne pourraient pas se développer et le monde humain resterait toujours au même niveau. La faculté de se perfectionner, à l'aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l'espèce que dans l'individu, au lieu qu'un animal est au bout de quelques mois ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce au bout de mille ans ce qu'elle était la première année de ces mille ans.

Pourquoi l'homme seul est-il sujet de devenir imbécile ? N'est-ce point qu'il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n'a rien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l'homme, reperdant par la vieillesse ou d'autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même ? L'homme naturel est capable de progresser, de se perfectionner.

C'est même ce qui va lui permettre de développer des techniques, et d'inventer la société, quittant ainsi l'état de nature.

De ce fait, Rousseau va souligner, à la suite du texte cité, que c'est précisément cette perfectibilité qui pourrait être la cause de tous les malheurs de l'homme. Problématique. Qu'est-ce qui distingue l'homme de l'animal ? Tandis que l'animal est figé dans une conduite totalement instinctuelle, l'homme, lui, est capable de se perfectionner, en utilisant son environnement à son profit.

Ce qui le prouve, c'est que l'homme peut régresser, alors que 'animal ne le peut pas. Enjeux. On trouve ici la distinction essentielle entre l'homme et l'animal, qui du même coup permet de comprendre l'opposition entre nature et culture.

Parce qu'il est capable de progresser, de s'améliorer lui-même, et pas seulement de comprendre des choses nouvelles, l'homme est de loin supérieur à l'animal.

Mais encore lui faut-il savoir utiliser ce don : la guerre comme la médecine sont des fruits de cette perfectibilité.. »

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