Sommes nous fonder a imposer aux autres ce que nous jugeons être leur bien ?
Extrait du document
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Introduction:
Les médecins sont parfois confrontés au problème de devoir aller contre la volonté de leurs patients pour les traiter selon
les méthodes qui leur semblent les plus efficaces ou selon les normes déontologiques auxquelles ils obéissent.
Dans
certains cas, le fait de décider pour le patient devient éminemment problématique comme lorsqu'ils sont confrontés à la
question de « l'arrêt de vie » d'une personne dans le coma.
Il est nécessaire que certaines personnes prennent des décisions pour les autres, c'est un principe élémentaire de la vie
sociale: diviser les taches, chacun étant responsable des autres par rapport à sa tache.
Si par exemple le cuisinier fait mal
son travail, les autres mangeront mal, tomberont malades et cela aura des répercussions sur la société entière.
La
responsabilité qui incombe à chacun est d'agir pour le bon fonctionnement de la société, d'apporter aux autres ce qui lui
semble être leur bien.
Mais la responsabilité n'est pas donnée, elle s'acquiert.
On ne considère pas un enfant ou un malade mental égal quant à
la responsabilité, on lui impose donc ce qui nous semble être son bien.
Mais comment déterminer qui est responsable et qui ne l'est pas?
Imposer un conduite à quelqu'un, cela peut lui offrir le bien ou la liberté comme les lui prendre.
Problématique :
Disposer de la liberté des autres suppose qu'on sache ce qui est le mieux pour leur liberté, mais qui peut se targuer d'un
tel savoir?
I: La responsabilité s'acquiert grâce aux autres
1.
Il n'y a pas de responsabilité pour un être seul.
Être responsable signifie être autonome suivre sa propre loi
(« auto »: soi même, « nomos »:loi); mais cela ne signifie pas être un individu solitaire, du moins pas dans un premier
temps, car c'est d'abord décider de comment vivre avec les autres.
2.
On devient responsable grâce aux autres.
C'est par l'éducation que l'enfant progresse de l'être totalement
dépendant qu'est le nourrisson à l'être indépendant qu'est le majeur.
Éduquer c'est faire accéder l'enfant à une
culture grâce à laquelle il pourra s'exprimer, réfléchir sur soi même et sortir de sa dépendance première à la nature.
3.
Le pouvoir qu'une personne prend sur une autre est donc justifié, « fondé » par le fait que l'un fait un don à l'autre,
qu'il lui apporte quelque chose qui lui manque.
On doit ainsi distinguer le pouvoir de la simple domination qui est un
rapport de force pour utiliser l'autre.
Le pouvoir au contraire consiste à faire usage de l'autorité pour le bien de
l'autre.
II: La liberté ne connaît pas de normes.
1.
La liberté est une notion métaphysique qui signifie avoir en soi la cause de ses actes.
Elle se distingue donc des
normes qu'on veut faire intégrer dans l'éducation.
C'est cette liberté que l'on doit reconnaître avant de juger par
rapport à des normes.
Comment jugera t on d'un étranger dont la conduite ne correspond pas à nos normes, par ce
que lui même obéit à d'autres normes?
2.
Que fait on lorsque l'on juge? Juger c'est interpréter un fait par rapport à une norme.
Les normes sont toujours
circonstanciées, ce qui fait que nos jugements sont déterminés par notre milieu socio-culturel.
Le risque qu'il y a à
juger les autres c'est de les ramener sous nos repères sans comprendre leur altérité.
3.
Il n'y a pas d'interprétation absolue du bien, il est toujours relatif aux représentations culturelles et même aux
individus.
Kant dit qu'il est impossible de donner un concept universel du bonheur par ce que celui est lié aux
singularités subjectives de chacun.
Il semble donc difficile de juger de ce qui est bien pour les autres.
III: Le bien et la loi.
1.
Le bien commun se distingue du bonheur individuel, il se conçoit à l'échelle de la société entière et non des individus.
Pour le bien commun, il faut instaurer des lois par lesquelles on essaie d 'équilibrer les intérêts de chacun et l'intérêt
de tous.
C'est alors le droit qui définit les règles auxquelles tout le monde doit se plier.
2.
C'est la politique qui fonde le droit.
L'Etat a selon l'expression de Max Weber « le monopole de la violence légitime », il
a le monopole du pouvoir, c'est donc au niveau politique que se débat et se décide ce qui est bon pour les autres.
3.
Pour que l'Etat soit légitime pour tout le monde, il faut que tout le monde puisse le fonder, la démocratie semble donc
être le seul fondement légitime de l'Etat.
Conclusion:
Nous ne sommes pas fondés à juger seul de ce qui est bon pour les autres.
Par contre, nous pouvons travailler ensemble
au bien commun en cherchant la meilleure forme de démocratie..
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