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S'il y a des inégalités naturelles, la société doit-elle les admettre ou les compenser ?

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« ANALYSE DU SUJET Remarquer que la question de l'existence d'inégalités naturelles est posée comme une hypothèse que l'on n'a pas à discuter ici, par conséquent une mise en cause (parfaitement légitime dans le cadre d'un autre sujet) de cette existence est ici hors sujet. Bien saisir qu'il ne s'agit pas ici de simples « différences » mais « d'inégalités ».

Noter que le problème n 'est pas posé en termes de possibilité de devoir (il s'agit donc de savoir si l'existence « d'inégalité » même conçues comme « naturelles » impose à la société l'exigence morale de les compenser).

Se demander si toute inégalité peut être appréhendée nécessairement comme une injustice. La justice apparaît comme une valeur universelle et prestigieuse mais confuse.

Proudhon écrit ainsi que "la justice gouverne le monde[...].

La justice est ce qu'il y a de plus primitif dans l'âme humaine, de plus fondamental dans la société." Mais la notion est en elle-même polysémique, écartelée entre moralité et légalité.

Platon met en scène les deux aspects de la justice dans son oeuvre La république dans laquelle il affirme que la justice est à la fois une vertu et une organisation de la vie sociale.

Quel point commun entre ces deux significations nous permet de comprendre en quoi consiste la justice? Pour Aristote, la vertu qu'est la justice ne concerne pas seulement notre rapport à nous-mêmes mais surtout qu'elle est surtout destinée à régler nos rapports avec autrui.

Or la justice en tant qu'institution se pose le même but : régler les rapports des hommes entre eux, entre l'individu et autrui.

Dès lors, pour Aristote, la justice se fonde sur un principe d'égalité.

Tous les hommes doivent être traités de la même manière et sont égaux en droit.

Dès lors la justice semble s'opposer aux inégalités naturelles, qui est le règne de la loi du plus fort.

Mais dans un second temps, Aristote définit le principe de la justice distributrice selon laquelle il revient à chacun en proportion de ses mérites.

Or ce principe ne revient-il pas à rétablir la loi du plus fort? Est-ce à la justice de corriger les inégalités naturelles? Ne faut-il pas plutôt mettre en place un ordre social juste? 1.

Tous les hommes sont égaux La justice est dans un premier temps fondée sur l'égalité.

Elle reconnaît dans chaque homme un citoyen qui jouit de droits fondamentaux.

Les hommes sont considérés comme égaux en droit. Proudhon affirme ainsi que la justice, c'est l'égalité.

Il faut reconnaître dans chaque homme l'existence de la raison qui lui donne la dignité.

La justice dès lors est pour lui "le respect spontanément éprouvé" pour la dignité en quelque personne.

" De l'identité de la raison chez tous les hommes, et du sentiment de respect qui les porte à maintenir à tout prix leur dignité mutuelle, résulte l'égalité devant la justice."( De la justice dans la révolution) De même, pour Bergson, "la justice a toujours évoqué des idées d'égalité" et c'est pour cela qu'elle est représentée par une balance. Il s'agit donc de considérer que tous les individus ont les mêmes droits et sont égaux devant la loi.

Ce principe de justice se soustrait ainsi à la loi du plus fort qui est l'expression même des inégalités naturelles.

Voici la définition que donne Calliclès dans le Gorgias de Platon, de la loi naturelle : " c'est que celui qui vaut plus ait le dessus sur celui vaut le moins et celui qui a une capacité supérieure, sur celui qui est davantage dépourvu de capacité." La justice s'oppose alors à ce que par exemple, une personne est plus de droits qu'un autre individu, juste parce qu'elle possède plus de force physique( ou autre chose).

Elle postule que tous les individus se valent. 2.

La justice distributrice reconduit la loi du plus fort Si la justice postule sur l'égalité des citoyens en droit, en dignité, en revanche elle ne statue pas sur l'obtention de biens grâce à des dispositions naturelles favorables.

En effet, la justice fonctionne aussi sur le principe de donner à quelqu'un en proportion de ce qu'il mérité.

Or, si une personne a par exemple, une force physique naturelle, il pourra couper plus d'arbres et sera plus payé que son voisin que la nature n'a pas avantagé physiquement. Rawls défend ce principe de justice au nom de la liberté et notamment de la liberté économique.

La justice doit donner un chacun un même droit et une même liberté comme base.

Mais il faut aussi permettre à chacun d'occuper la place qu'il mérite.

Il lui semble juste et profitable que les hommes les plus capables exercent les fonctions les plus élevées et aient un salaire plus important qu'un autre qui ne peut qu'exercer un poste inférieur. Or ce principe de justice, même s'il se base sur une égalité des chances, se réfère explicitement à des inégalités naturelles. 3.

La justice doit prendre en compte les inégalités sociales Il faut même se demander si dans notre monde ce ne sont pas les inégalités sociales qui fondent ce qu'on appelle les inégalités naturelles.

En effet, les mauvaises conditions d'existence, le manque d'argent, les longues journées de travail,...etc étouffent les personnalités et empêchent les dons de s'épanouir.

Les dons naturels privés du milieu qui leur permet de se fortifier, de s'exercer ne sont plus rien.

Dès lors ce sont les conditions sociales qui empêchent les inégalités naturelles de s'exprimer.

Si tous les hommes vivaient dans des conditions sociales favorables, il y aurait sûrement entre eux beaucoup moins de ces inégalités que nous disons trop facilement naturelles. Il faut concéder que certaines inégalités subsistent quand même.

Mais doivent-elles entraîner inévitablement des différences considérables dans la condition matérielle? On peut en effet admettre une société où "l'éventail" des revenus serait moins large qu'aujourd'hui.

Ainsi le principe de justice distributrice serait respectée : le balayeur serait toujours moins payé qu'un ministre mais son salaire devrait lui permettre de mener une vie décente.

Le principe de justice distributrice " à chacun selon ses oeuvres" doit en effet se composer avec un principe plus humain : "à chacun selon ses besoins". Mais il faut voir aussi que la justice doit s'incarner dans un état social juste et que c'est à l'état et à l'organisation sociale de permettre que la dignité de chacun puisse s'incarner dans des conditions d'existence décente. Ainsi, le principe d'égalité de droit et de dignité entre les personnes que prône la justice et qui la fonde réduit en ce sens les inégalités naturelles, en ce qu'elle met de côté le droit du plus fort.

Les individus sont traités de la même manière, quelque soit leurs avantages naturels.

Pourtant selon la justice, dans son principe de distribution proportionnelle, chacun doit recevoir en fonction de ses mérites, ce qui revient à dire que celui que la nature a pourvu de dons et d'aptitudes élevées recevra plus que celui qui est dépourvu de toutes ces qualités.

Or il faut bien voir que dans notre société, les inégalités sociales remplacent les inégalités naturelles et empêchent souvent ces dernières de se développer.

La justice doit donc rendre plus humain le principe de justice distributive pour que chaque homme ait droit a une existence digne.. »

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