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Une société juste peut-elle s'accommoder d'inégalités ?

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« Problématique envoyée par l'élève: Au premier abord, toute inégalité semble être injuste.

En effet, nous avons même tendance à considérer ces deux termes comme des synonymes : dire d'un partage qu'il est inégal par exemple, consiste à remarquer la dimension injuste de ce dernier.

La justice semble alors se définir avant tout par l'égalité et l'équilibre.

Il suffit pour cela de se reporter à l'un de ses symboles à savoir la balance.

Cette dernière est en équilibre lorsque les poids posés sur chacun des plateaux sont égaux.

Comment, dans ces conditions pourrait-il y avoir de justes inégalités car une société soucieuse de réduire l'écart dans les droits et les positions se doit de refuser toute injustice ? On peut remarquer que les notions de justice et d'égalité, même si nous avons tendance à les confondre, ne sont pas totalement identiques.

La notion d'égalité peut aussi bien renvoyer aux faits, qu'au droit. Vous pouvez, pour cette distinction, vous reporter à la rubrique " Lexique " du site.

En effet, on parle aussi bien de " l'égalité des droits " c'est à dire de l'égalité devant la loi, que de " l'égalité des conditions " ou égalité sociale.

Ainsi, l'inégalité sociale n'est pas injuste en elle-même.

Tel est le sens de la réflexion d'Aristote sur la notion d'équité.

Le principe de la justice ne saurait être celui de l'égalité arithmétique (qui consiste à donner la même chose à chacun). L'équité est cette recherche de l'équilibre qui consiste à partager équitablement.

Il faut ainsi distinguer l'égalité (" la loi doit être la même pour tous ") et l'équité (" On doit offrir à chacun ce qui lui est dû ").

C'est cette idée que reprend John Rawls dans sa " Théorie de la justice "e en remarquant que seules les inégalités qui ne profitent pas à tous doivent être tenues pour injustes.

Dès lors une société juste doit même intégrer avec nécessité la prise en compte de certaines inégalités qui tiennent à la reconnaissance du mérite de chacun.

Mais alors, dans ces conditions, comment réguler cette équité ? Si l'on reconnaît qu'il peut y avoir de justes inégalités, qui va agir de manière à ce que ces inégalités ne deviennent pas injustes ? Car le problème est alors de savoir s'il est juste de pouvoir mériter plus, ce qui revient à se demander si on mérite toujours ses mérites... Une société juste ne peut pas être une société contre nature Platon, dans La République, pense que le pouvoir doit appartenir aux meilleurs, à ceux qui disposent des plus grandes vertus intellectuelles et morales, c'est-à-dire aux philosophes.

Platon savait très bien que les hommes ne disposent pas tous des mêmes qualités physiques, morales et intellectuelles.

La plus injuste des sociétés serait celle qui exigerait que tout citoyen soit philosophe.

La callipolis (société idéale) implique des inégalités.

Aussi, Platon affirme: « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes [...] il n'y aura de cesse aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain.

» Ainsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l'homme », la tradition tient Socrate pour le fondateur véritable de la philosophie politique.

Cicéron aurait dit de lui qu'il « fut le premier à faire descendre la philosophie du ciel pour l'établir dans les cités, pour l'introduire également dans les foyers, et pour l'obliger à faire des recherches sur la vie et les manières des hommes aussi bien que sur le bien et le mal ».

en ce sens, il n'est pas d'histoire de la pensée politique qui ne doive commencer avec ce livre majeur que constitue la « République ». Rédigé par Platon, ce livre expose la conception de la justice de Socrate.

Tout y est présenté sous la forme habituelle mais hautement complexe du dialogue.

Répondant aux questions de ses interlocuteurs, Socrate développe une image de la cité idéale.

Socrate n'est-il que le porte-parole de Platon, un simple personnage dont le philosophe se sert pour exprimer ses propres idées tout en restant masqué ? A l'inverse, Platon n'est-il rien d'autre que le fidèle secrétaire du maître dont il se contente de noter scrupuleusement la pensée ? Et dans ce jeu mobile et contradictoire où s'enchaînent et s'entraînent questions et réponses sans que l'ironie soit jamais totalement absente, est-il seulement légitime de dégager une doctrine ? Derrière la fausse simplicité d'une conversation entre philosophes, l'art du dialogue soulève d'insurmontables difficultés qu'il nous faudra ici ignorer pour tenter de cerner l'image du politique qui se dégage de la « République ». Dans cet ouvrage, Socrate présente donc l'idée qu'il se fait de la cité idéale.

Il décrit une société fortement hiérarchisée au sein de laquelle les « gardiens » forment une classe dans laquelle règne une communauté parfaite. Au livre V, Glaucon, qui est l‘un de ses principaux interlocuteurs, demande à Socrate si une cité aussi parfaite que celle qu'il a décrite peut exister dans la réalité.

Avec beaucoup de prudence, car il sait ce que sa réponse peut avoir de ridicule et de scandaleux, Socrate répond qu'une seule réforme est nécessaire à qui veut changer radicalement la société: il suffit que se conjuguent le pouvoir politique et la philosophie.

Socrate déclare : « Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes ; tant que la puissance politique et la philosophie ne se rencontreront pas dans le même sujet ; tant que les nombreuses natures qui poursuivent actuellement l'un ou l'autre de ces buts de façon exclusive ne seront pas mises dans l'impossibilité d'agir ainsi, il n'y aura de cesse, mon cher Glaucon, aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain, et jamais la cité que nous avons décrite tantôt ne sera. »

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